ROME, Vendredi 13 mars 2009 (ZENIT.org) – Benoît XVI, comme ses prédécesseurs durant leurs voyages, rencontrera des représentants de la religion enracinée dans le pays qu’il visite. Au Cameroun, après le christianisme, dont le pourcentage s’élève à 42 %, et les nombreuses religions traditionnelles qui représentent 30% des fidèles, la troisième religion est l’islam, qui oscille entre 20 et 22% . Le pape rencontrera les représentants de la communauté musulmane le 19 mars à la nonciature apostolique de Yaoundé.
Un peu plus d’un cinquième de la population camerounaise est musulmane. La présence des disciples du prophète dans le pays est ancienne et bien ancrée. En général, contrairement à d’autres pays africains, il s’agit d’un islam tolérant, modéré et loin de tentations extrémistes.
L’une des caractéristiques principales de l’organisation interne des fidèles musulmans tient à la présence de 14 grands imams pour les guider, dont le grand imam de Yaoundé, Ibrahim Moussa qui, en août 2008, a pris la direction de la grande mosquée centrale de la capitale, la mosquée coranique camerounaise.
L’islam est arrivé sur le territoire pour la première fois en 1715, à travers les premiers musulmans arrivés du Tchad voisin, mais s’est répandu dans les premières années du XIXe siècle, avec l’arrivée notamment des pasteurs nomades, les peuls, et de la confrérie soufie (Qadiriyya et Tijâniyya).
Au Cameroun, les premiers musulmans cherchaient la proximité de la mer pour améliorer leurs activités commerciales. Une première vague entra dans le pays par le nord, ceci expliquant que c’est dans ces régions que la présence musulmane est aujourd’hui la plus forte par rapport à la moyenne nationale. L’islam s’est ensuite également implanté dans la zone centrale du pays.
Lors de sa visite au Cameroun en 1985, Jean Paul II avait accordé une attention spéciale au dialogue avec les responsables musulmans locaux. Le 12 août, en les rencontrant, il avait souligné le caractère pacifique et durable de la cohabitation entre catholiques et musulmans.
Au Cameroun prévaut « une société pluraliste où vivent côte à côte chrétiens, musulmans et fidèles des religions africaines traditionnelles », avait dit le pape en soulignant que l’ « un des grands défis de l’humanité aujourd’hui dans le monde » est justement « d’apprendre à vivre ensemble de manière pacifique et constructive ».
Pour le pape polonais, il était nécessaire de « reconnaître que nous vivons dans une époque de polarisation ».
Certains groupes ethniques, certaines communautés religieuses et certaines idéologies économiques et politiques, avait mis en garde Jean Paul II, « tendent à faire prévaloir leur point de vue en excluant ceux qui ne le partage pas, à défendre leurs droits au point d’ignorer ceux des autres ».
Il avait donc exhorté chrétiens et musulmans à résister « à ces tentations », expliquant que celles-ci « ne conduisent pas l’humanité à des actes vraiment bons, conformes à la vie que Dieu a tracée pour nous dès le commencement ».
« La seule vraie voie », avait-il ajouté, est « celle du dialogue ». Un dialogue qui s’exerce sous plusieurs formes, en commençant d’abord par apprendre « à connaître la foi les uns des autres, à surmonter les préjugés et les malentendus », puis « à être tolérant vis-à-vis des différences », jusqu’à arriver, « malgré les obstacles, à une confiance telle que nous pouvons nous rencontrer pour parler et pour préparer des projets en commun, en respectant les responsabilités et les droits de chacun. Ce qui veut dire s’engager dans des actions concrètes pour développer notre pays, pour travailler ensemble à construire une société où la dignité de chaque personne est reconnue et respectée ».
Depuis le discours de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne, des pas importants ont été franchis dans l’entente réciproque entre catholiques et musulmans.
Le plus important a été la lettre ouverte adressée au pape par 138 sages musulmans et la réponse de Benoît XVI assurant de la volonté de l’Eglise catholique de procéder sur la voie du dialogue.
A cette occasion-là, le pape les avait invités à se rendre à Rome pour une rencontre de travail avec les représentants de la Curie et d’autres experts catholiques sur le dialogue interreligieux.
Nieves San Martín