ROME, Vendredi 31 juillet 2009 (ZENIT.org) – Après l’expérience spirituelle du désert, le calme ressourçant des bords du lac de Tibériade et l’accueil des communautés chrétiennes de Galilée, les étudiants français ont découvert Bethléem. Du 20 au 30 juillet, quelque 1700 jeunes de la mission étudiante française sont en effet partis à la découverte de la Terre sainte et des communautés chrétiennes locales.
Bethléem est une ville arabe, à quelques kilomètres de Jérusalem. Une ville symbolique, tant par l’histoire sainte qui s’y est déroulée, que par la situation actuelle. L’occasion, pour les étudiants français, d’une plongée dans la difficile question des nationalités et du « vivre ensemble », et aussi d’un temps de prière fort autour de l’incarnation.
L’arrivée dans la ville sainte se fait par le passage du mur de séparation, qui révèle un changement radical de décor entre Israël, caractérisée par une opulence visible, et les territoires palestiniens avec la pauvreté qu’ils dégagent. Pourtant, malgré les conditions de vie délicates dans cette enclave, une soirée d’accueil très chaleureuse a été réservée aux pèlerins. Mot d’accueil du maire de la cité, concert, danses, et retrouvailles figuraient au programme de cette veillée festive. Finalement, après les paroisses chrétiennes de Galilée et l’accueil mémorable que les jeunes y ont reçu, le dépaysement n’était que dans la géographie, et peu dans les coutumes.
Le lendemain, les pèlerins se sont divisés en deux groupes, pour aller assister à un colloque à l’université catholique de Bethléem au cours d’une demi-journée et pour le pèlerinage à la Basilique de la nativité l’autre moitié de la journée. Le colloque avait pour thème « Avoir vingt ans à Bethléem aujourd’hui ». Durant l’échange, deux étudiants ont livré leur témoignage, ainsi que le professeur Qustandi Shomali, qui révélait d’ailleurs que c’était la première fois qu’un événement d’une telle ampleur avait lieu dans cette université. Marie, élève infirmière de Dinant, explique à la fin de cette intervention, qu’elle a découvert la vie des Bethléemites, et elle dit avoir « mieux compris le conflit » sur lequel elle ne s’était jamais interrogée. Elle les trouve également courageux de vouloir rester dans ce pays : « C’est une belle leçon pour nous qui avons tout, pour qui tout est facile, et on ne s’en rend pas compte (…) En France, on a un luxe énorme d’être libre, de faire les études qu’on veut, de voyager, de penser ce qu’on veut, alors qu’ici ce n’est pas le cas ». L’incarnation, à Bethléem, c’est plus qu’un concept historique, c’est la réalité quotidienne que vivent ces jeunes étudiants chrétiens ou arabes.
Le groupe de Pontoise-Meaux a eu la chance de rencontrer quatre étudiants de l’université catholique de Bethléem. Parmi eux, Loan, dont les parents vivent au Koweït et le reste de la famille au Canada, et qui a été encouragée par sa mère à venir commencer ses études universitaires à Bethléem pour découvrir la vie des Palestiniens. Mais « je partirai pour mon master, car ici il n’y a presque pas de possibilité de programme de master » confie-t-elle aux étudiants français. L’attente de ces jeunes, c’est que les étudiants français puissent témoigner de ce qui se passe ici, « qu’on n’est pas des terroristes » conclut Joseph. L’invitation à venir sur place pour se rendre compte de la situation est lancée par Ouallah, pour être transmise largement par les pèlerins présents à leurs camarades.
En soirée, une eucharistie a rassemblé les jeunes étudiants pour la seconde fois depuis le début du pèlerinage. Elle a été introduite par une veillée, basée sur la lecture du prologue de Jean, insistant donc sur l’incarnation. A un moment donné, sur la place de la mangeoire, devant la basilique de la Nativité, la veillée s’est interrompue pour permettre la prière du Muezzin. Entassés sur cette place, située entre une mosquée et la Basilique, les nombreux étudiants ont attendu avec respect la fin de cette prière pour continuer leur préparation à l’eucharistie.
Durant cette veillée, soeur Sophie, religieuse des filles de la Charité, est venue témoigner sur le thème « vivre le mystère de l’incarnation à Bethléem aujourd’hui ». Exprimant la grande souffrance des habitants de la cité, elle a rappelé aussi le mystère de la souffrance : « Hérode n’a pas fini d’exister » ! Et elle a invité à l’optimisme : « A nous de savoir faire la part des choses, de découvrir qu’en l’homme, il y a toujours du bon ». Et elle a encouragé les jeunes, dont la présence est « une lueur d’espoir pour les jeunes d’ici », à s’engager pour le monde : « vous les jeunes qui avez toutes les possibilités, vous êtes invités à sauver le monde. Ne tardez pas ! » a-t-elle lancé dans un cri.
Après les chants de Noël qui accompagnaient cette veillée, l’eucharistie, présidée par le patriarche Fouad Twal a débuté, sous un ciel noir et une température très agréable au vu de la chaleur de ces derniers jours. La célébration eucharistique s’est déroulée sur la place de la Mangeoire, au lieu même où le pape Benoît XVI avait présidé la messe lors de sa venue en mai dernier. Le père Raphaël Clément, responsable de la sacristie, a d’ailleurs confirmé que c’est avec les mêmes coupes et avec le calice que le pape a offert à la communauté locale, que la messe a été célébrée. Le chant « les anges dans nos campagnes », en guise de Gloria, a été repris à l’unisson par les jeunes, mais dans une ambiance prière et de ferveur, comme le reste de la célébration.
La patriarche Fouad, en s’adressant aux jeunes, a déclaré au début de son homélie : « vous êtes nos mages modernes, venus de la France à la recherche du petit roi ». Citant le pape Benoît XVI qui s’adressait aux jeunes Français en septembre dernier, il a aussi rappelé l’importance de l’humilité comme « secret d’une vie simple ». Lui aussi a invité ces jeunes à témoigner de ce qu’ils avaient vu en Terre Sainte, en dénonçant le fait que « certains dirigeants politiques ont peur de la paix, ils jouent à gérer la guerre ». Il a terminé en insistant sur l’importance de l’Eglise de Jérusalem, l’Eglise-Mère, dont il dit qu’il « ose l’appeler l’Eglise Grand-Mère ». Lors de sa venue le 13 mai 2009, le pape Benoît XVI disait dans son homélie : « Pour tous les êtres humains, Bethléem est associée à l’heureux message de renaissance, de lumière et de liberté, de renouveau. Toutefois, ici, au milieu de nous, comme cette merveille semble loin d’être réalisée ». Là encore, l’incarnation est aujourd’hui bien réelle.
Après la distribution de la communion, une adoration eucharistique a été proposée. Le cardinal Vingt-Trois a remercié le patriarche de son accueil et a invité les jeunes à prier « pour la fécondité » de leur pèlerinage. Après une procession avec tous les prêtres, l’adoration s’est poursuivie dans l’Eglise Sainte Catherine, où des confesseurs étaient disponibles pour donner le sacrement de la miséricorde aux nombreux jeunes présents.
Patricia Komalski, une américaine de l’Illinois, était présente parmi les jeunes. Volontaire internationale dans un hôpital depuis 2 mois, elle avoue avoir choisi de venir prier avec les français pour « bâtir l’unité chrétienne dans la Terre Sainte », une volonté qui l’a d’ailleurs amenée à Bethléem, où elle cherche à « donner aux palestiniens une autre vision des américains ».
durant la célébration de la messe, quelques chants en arabe ont été entonnés pas un choeur de Bethléem. Parmi les chanteuses, Carol Abn Akleh nous précise qu’elle était déjà présente il y a quelques mois pour la messe du pape à Bethléem, un événement qu’elle qualifie de « populaire, car il célébrait au milieu des gens ».
Là encore, l’incarnation s’est faite sentir.
Stéphane Lemessin