ROME, Jeudi 16 juillet 2009 (ZENIT.org). - « Faiblesse de l'Etat, corruption et enrichissement illicite au sein d'une population appauvrie », sont quelques unes des dérives dénoncées par les évêques de la République démocratique du Congo, dans leur dernier message aux fidèles catholiques, aux hommes et aux femmes de bonne volonté du pays, à l'occasion du 49ème anniversaire de l'indépendance du territoire congolais.

Un message intitulé : « La justice grandit une nation », que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), qui a été rendu public vendredi dernier 10 juillet, à Kinshasa, par le président de la CENCO, Mgr Nicolas Diomo, lors de la séance de clôture de la 45ème assemblée plénière de l'épiscopat.

Dans ce message, les évêques reconnaissent « des avancées indéniables en RDC, notamment la conscience d'appartenir à une même nation, la cohésion sociale qui a permis de résister aux velléités de la balkanisation, la mise en place des institutions démocratiques, l'émergence d'une élite autochtone de renommée incontestable ».

Mais ils constatent aussi que la RDC a beaucoup reculé à cause, disent-ils dans leur message, « des guerres à répétition qui ont entraîné des milliers de morts ; des infrastructures sociales en cours d'effondrement inquiétant ;  de la clochardisation de la population vouée à la débrouillardise ».

« Tout le monde se plaint des conditions de vie qui deviennent de jour en jour plus ardues pour la majorité de la population », soulignent les évêques, « et dans ces plaintes et gémissements, le peuple en particulier pointe du doigt la corruption » qui, relèvent-il, est devenue, « le cadre général de vie et d'action politique en RDC »

Et à ce sujet, poursuivent-ils, « aucune institution n'est épargnée : de l'école primaire à l'université, dans les cours et tribunaux comme dans d'autres instances de décision et d'exécution ».

Selon les évêques de RDC, « une sous-culture marquée par la corruption est en train de s'installer dans la gestion de l'Etat. Comme un cancer, la corruption renforce le dysfonctionnement du système judiciaire. Tout le monde s'en plaint et la dénonce mais une réelle volonté de la combattre et de l'éradiquer fait encore défaut », déplorent-ils.

Pour ce qui est de l'enrichissement illicite, la CENCO relève dans son message que « des gouvernants, des gestionnaires de la chose publique et des hommes d'affaires malhonnêtes s'adonnent à un enrichissement éhonté, injustifiable par rapport à ce qu'ils gagneraient loyalement ».

Aux vues de tous ces maux, et dérives, les évêques  invitent « le pouvoir à opérer des choix judicieux et courageux » car, rappellent-ils, « la vraie démocratie s'édifie dans le respect des libertés individuelles ».

Tout en encourageant la lutte contre l'impunité, ils rappellent que « l'Etat n'est pas là seulement pour réprimer », mais qu' « il doit opérer le choix de la justice sociale et de la lutte contre la corruption ».

«  L'heure a sonné pour nous de nous lever afin de reconstruire notre pays sur des bases solides », concluent les évêques de la CENCO dans leur message. « A un an du grand jubilé d'or de l'indépendance de la RDC, l'impératif doit maintenant être clair et absolument décisif : nous mettre debout en vue de construire notre destinée ».

Au regard de cet impératif, l'épiscopat décrète, pour « l'Eglise famille de Dieu qui est en RDC,  l'année pastorale 2009-2010, l'Année du jubilé, invitant tous les fidèles à prier et faire acte de repentance pour le passé afin, concluent-ils, d'obtenir de Dieu de toute bonté et de toute miséricorde, l'abondance de grâces divines, la paix profonde et durable et la marche irréversible vers le progrès et la prospérité pour tous ».

Isabelle Cousturié