ROME, Lundi 1er mars 2010 (ZENIT.org) – Benoît XVI saluera à nouveau le 400e anniversaire de la mort du génial Matteo Ricci, s.j., lors de l’audience qu’il accordera au diocèse de Macerata – diocèse natal du P. Ricci – et aux membres de la Compagnie de Jésus, le 28 mai prochain. La cause de béatification du jésuite, « ami » des Chinois, est relancée.
On se souvient qu’en mai dernier, le pape a adressé un message à l’évêque de Macerata, Mgr Claudio Giuliodori, pour marquer cet anniversaire. Le pape y souligne notamment l’importance de l’œuvre de Matteo Ricci aujourd’hui, dans le dialogue de raison entre les cultures et pour l’inculturation de l’Evangile.
L’audience a été annoncée ce matin au siège de Radio Vatican à l’occasion de la présentation de deux nouveaux événements marquant le 400e anniversaire de la « naissance au Ciel de Matteo Ricci » : deux congrès internationaux.
Demain, le premier congrès aura lieu à l’Université pontificale grégorienne sur le thème : « En tout, je me suis adapté à eux. Le P. Matteo Ricci, façonné par les Chinois ».
Le second, aura lieu du 4 au 6 mars à Macerata, sur le thème : « Science, raison, foi. Le génie du P. Matteo Ricci ».
Les deux événements ont été présenté par l’évêque de Macerata – Tolentino-Recanati-Cingoli-Treia, Mgr Claudio Giuliodori, président de la commission de la conférence épiscopale des évêques italiens pour la culture et les communications sociales, par le P. Gianfranco Ghirlanda, recteur de l’Université pontificale grégorienne, et par le prof. Roberto Sani, recteur de l’Université des études de Macerata. La conférence de presse était guidée par le P. Giuseppe Bellucci, s.j., porte-parole de la Compagnie de Jésus.
Parmi les autres événements, Mgr Giuliodori a mentionné les « journées de l’amitié » avec les Chinois qui sont en Italie (8-9 mai), un Prix Matteo Ricci, et un concert, qui marque aussi les 300 ans de la naissance de Pergolèse, à Macerata, mais rappelle aussi que le P. Ricci avait offert à l’empereur de Chine un clavecin et qu’il avait lui-même composé 8 chants, exécutés en présence de l’empereur. La messe du 9 mai sera retransmise par la RAI à 11h00 en direct de l’église des jésuites de Macerata.
La cause de béatification de Matteo Ricci a été relancée, a expliqué Mgr Giuliodori. Elle s’est conclue au niveau diocésain en 1984 et les dossiers ont été envoyés à Rome, mais la mort du postulateur, Mgr Otello Gentili, a ensuite empêché la cause de poursuivre son chemin. Maintenant, des nouveaux documents vont être intégrés aux dossiers déjà existant : entre 15 et 20 témoignages relatifs à la « renommée de sainteté ».
Mgr Giuliodori a rappelé que jusqu’au 8 décembre 1939, la question de la compatibilité des « rites » chinois avec l’Evangile posait problème. Mais le pape Pie XII a tranché en faveur de la position de Matteo Ricci : les rites hérités du confucianisme sont d’ordre « civil » et ne sont pas incompatibles avec l’Evangile. Donc, de même que la foi évangélique s’est incarnée dans le substrat culturel gréco-latin, de même, elle fait son chemin dans la culture marquée par la pensée de Confucius.
Le nouveau postulateur, le P. Anton Witwer reprend le dossier et le complète par la reconstitution de la commission historique et le tribunal pour recueillir les nouveaux témoignages : quelque fait prodigieux pourrait éventuellement susciter une enquête spécifique, suggère l’évêque.
Le P. Ghirlanda a raconté cette anecdote : dans un taxi à Pékin, avec deux autres jésuites des Etats-Unis, il est salué par le conducteur en tant qu’Italien. Le chauffeur nomme les deux autres Italiens qu’il connaît : Marco Polo et Matteo Ricci, en tant que les « deux étrangers qui ont su respecter l’identité chinoise ». De fait, a-t-il rappelé, sur le Monument du millénaire figurent ces deux noms et les Chinois les connaissent mieux que ne le fait l’Occident !
Le P. Ghirlanda a également rappelé la visite de Benoît XVI, en 2006 à la Grégorienne : le pape avait mentionné les « Réductions » d’Amérique latine et l’expérience de Matteo Ricci comme deux exemples de la méthode d’inculturation de la Compagnie de Jésus, à faire toujours avec discernement, dans la foi.
L’empereur avait même donné l’autorisation exceptionnelle que le P. Ricci soit enterré en terre chinoise. Les Chinois lui doivent la révision du calendrier et l’arrivée des innovations de la renaissance italienne. Mais surtout, il a su se faire Chinois avec les Chinois en discernant le meilleur de cette culture millénaire et en sachant l’ouvrir à l’espérance de l’Evangile.
L’exposition sur Matteo Ricci a été un succès (cf. Zenit du février 2010). L’ambassadeur de Chine populaire a participé à l’inauguration de l’exposition qui a eu lieu au Vatican. Et l’exposition de Pékin sera ensuite à Shanghaï pour l’EXPO universelle, en juin prochain, mais aussi à Nankin et Macao. Le pavillon italien à l’Expo sera aussi marqué par la figure de Matteo Ricci, trait d’union par excellence entre les deux nations, qui célèbrent les 40 ans de leurs relations diplomatiques.
Deux autres congrès sur Matteo Ricci ont déjà eu lieu à Macerata, en 2007 et à Pékin en 2008. Un autre congrès s’annonce pour octobre prochain, à Macerata.
Le prof. Roberto Sani a souligné que cet anniversaire pourrait constituer, comme le 300e anniversaire, en 1910, une rampe de lancement pour de nouvelles perspectives de recherches sur l’œuvre du P. Ricci.
Anita S. Bourdin