ROME, Dimanche 11 avril 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée mercredi 7 avril par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.
Chers frères et sœurs !
La traditionnelle Audience générale du mercredi est aujourd’hui inondée par la joie lumineuse de la Pâque. En ces jours, en effet, l’Eglise célèbre le mystère de la Résurrection et fait l’expérience de la grande joie qui lui vient de la bonne nouvelle du triomphe du Christ sur le mal et sur la mort. Une joie qui se prolonge non seulement dans l’Octave de Pâques, mais s’étend pendant cinquante jours jusqu’à la Pentecôte. Après les pleurs et le désarroi du Vendredi Saint, après le silence lourd d’attente du Samedi Saint, voici l’annonce extraordinaire : « C’est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon ! » (Lc 24, 34). Celle-ci, dans toute l’histoire du monde, est la « bonne nouvelle » par excellence, c’est l’« Evangile » annoncé et transmis au fil des siècles, de génération en génération.
La Pâque du Christ est l’acte suprême et indépassable de la puissance de Dieu. C’est un événement absolument extraordinaire, le fruit le plus beau et le plus mûr du « mystère de Dieu ». Il est à ce point extraordinaire, qu’il en résulte inénarrable dans ces dimensions qui échappent à notre capacité humaine de connaissance et d’enquête. Et, toutefois, il est aussi un fait « historique », réel, témoigné et documenté. C’est l’événement qui fonde toute notre foi. C’est le contenu central dans lequel nous croyons et le motif principal pour lequel nous croyons.
Le Nouveau Testament ne décrit pas la Résurrection de Jésus au moment où elle a lieu. Il ne rapporte que les témoignages de ceux que Jésus en personne a rencontrés après être ressuscité. Les trois Evangiles synoptiques nous racontent que cette annonce – « Il est ressuscité ! » – est tout d’abord proclamée par des anges. C’est donc une annonce qui trouve son origine en Dieu ; mais Dieu la confie immédiatement à ses « messagers », pour qu’ils le transmettent à tous. Et ce sont ainsi ces mêmes anges qui invitent les femmes, qui s’étaient rendues de bon matin au sépulcre, à aller dire au plus vite aux disciples : « Il est ressuscité d’entre les morts, et voilà qu’il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez » (Mt 28, 7). De cette manière, à travers les femmes de l’Evangile, ce mandat divin atteint tous et chacun parce qu’à leur tour, ils transmettent à d’autres, avec fidélité et courage, cette même nouvelle : une nouvelle belle, heureuse et porteuse de joie.
Oui, chers amis, toute notre foi se fonde sur la transmission permanente et fidèle de cette « bonne nouvelle ». Et nous, aujourd’hui, nous voulons dire à Dieu notre profonde gratitude pour les innombrables foules de croyants dans le Christ qui nous ont précédés au fil des siècles, parce qu’ils n’ont jamais manqué à leur mandat fondamental d’annoncer l’Evangile qu’ils avaient reçu. La bonne nouvelle de la Pâque, donc, requiert l’œuvre de témoins enthousiastes et courageux. Chaque disciple du Christ, de même que chacun de nous, est appelé à être témoin. Tel est le mandat précis, exigeant et exaltant du Seigneur ressuscité. La « nouvelle » de la vie nouvelle dans le Christ doit resplendir dans la vie du chrétien, doit être vivante et active, chez celui qui la porte, réellement capable de changer le cœur, l’existence tout entière. Celle-ci est vivante avant tout parce que le Christ lui-même en est l’âme vivante et vivifiante. Saint Marc nous le rappelle à la fin de son Evangile, où il écrit que les Apôtres « s’en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (Mc 16, 20).
La vie des apôtres est également la nôtre et celle de tout croyant, de tout disciple qui se fait « annonciateur ». Nous aussi, en effet, sommes certains que le Seigneur, aujourd’hui comme hier, agit avec ses témoins. C’est un fait que nous pouvons reconnaître chaque fois que nous voyons apparaître les semences d’une paix véritable et durable, là où l’engagement et l’exemple de chrétiens et d’hommes de bonne volonté est animé par le respect pour la justice, par le dialogue patient, par une estime convaincue à l’égard des autres, par le désintérêt, par le sacrifice personnel et communautaire. Nous voyons malheureusement dans le monde également tant de souffrance, tant de violence, tant d’incompréhensions. La célébration du Mystère pascal, la contemplation joyeuse de la Résurrection du Christ, qui vainc le péché et la mort à travers la force de l’Amour de Dieu est une occasion propice pour redécouvrir et professer avec davantage de conviction notre confiance dans le Seigneur ressuscité, qui accompagne les témoins de sa parole en opérant des prodiges avec eux. Nous serons véritablement et jusqu’au bout les témoins de Jésus ressuscité lorsque nous laisserons transparaître en nous le prodige de son amour ; lorsque dans nos paroles, et plus encore dans nos gestes, en pleine cohérence avec l’Evangile, on pourra reconnaître la voix et la main de Jésus lui-même.
Partout, donc, le Seigneur nous envoie comme ses témoins. Mais nous pouvons être tels uniquement à partir et en référence constante à l’expérience pascale, que Marie de Magdala exprime en annonçant aux autres disciples : « J’ai vu le Seigneur » (Jn 20, 18). Dans cette rencontre personnelle avec le Ressuscité se trouvent le fondement indestructible et le contenu central de notre foi, la source fraîche et intarissable de notre espérance, le dynamisme ardent de notre charité. Ainsi, notre vie chrétienne elle-même coïncidera pleinement avec l’annonce : « Le Christ Seigneur est véritablement ressuscité ». Laissons-nous donc conquérir par l’attrait de la Résurrection du Christ. Que la Vierge Marie nous soutienne par sa protection et nous aide à goûter pleinement la joie pascale, afin que nous sachions l’apporter à notre tour à tous nos frères.
Une fois de plus, Bonne Pâque à tous !
A l’issue de l’Audience générale, le Saint-Père a adressé les paroles suivantes aux pèlerins francophones :
Chers frères et sœurs,
En ces jours, l’Eglise est inondée par la joie et la lumière de Pâques. Dans toute l’histoire du monde, l’annonce surprenante : « C’est vrai, le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre ! » (Lc 24, 34) est la Bonne nouvelle par excellence, le triomphe du Christ sur le mal et sur la mort ! La Pâque du Christ est un événement absolument extraordinaire, le fruit le plus beau parvenu à maturité du « Mystère de Dieu » et c’est toutefois un fait « historique », réel, l’événement qui fonde toute notre foi. Dieu en confie l’annonce à ses messagers pour qu’ils la transmettent à tous. Nous voulons remercier Dieu pour les innombrables croyants en Christ qui nous ont précédés, parce qu’ils n’ont pas manqué à la mission d’annoncer l’Evangile qu’ils avaient reçue. Aujourd’hui comme hier, le Seigneur travaille avec ses témoins, semant des germes d’une paix vraie et durable et accomplissant avec eux des œuvres merveilleuses. Nous serons ses témoins si nous sommes en référence constante avec l’expérience pascale, celle de Marie-Madeleine annonçant aux disciples : « J’ai vu le Seigneur » (Jn20, 18). Puisse cette rencontre personnelle avec le Ressuscité être le fondement de notre foi et laisser transparaître en nous le prodige de son amour !
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Je suis heureux de saluer les pèlerins venus de Belgique, de France et de Suisse, en particulier des diocèses d’Evreux, Fréjus-Toulon, de Paris et d’Orléans. Je salue également particulièrement les jeunes du collège de l’Abbaye Saint-Maurice, en Suisse. Saintes Fêtes de Pâques et bon pèlerinage à tous !
© Copyright du texte original plurilingue : Librairie éditrice du Vatican
Traduction : Zenit