« Aller au paradis ? Rien d’automatique ! », explique l’abbé Kruijen

Remise du Prix de Lubac à l’ambassade de France

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ROME, Lundi 18 avril 2011 (ZENIT.org) – Aller au paradis ? Rien d’automatique ! En cette Semaine sainte, la thèse de l’abbé Christophe Kruijen, lauréat 2011 du Prix de Lubac, invite à prendre au sérieux la liberté humaine et de l’enjeu pastoral de cette thèse en théologie dogmatique sur le salut.

« Un automatisme du salut » constitue à la fois « une dangereuse mutilation de la catéchèse » catholique mais aussi « une véritable falsification de l’Évangile », a déclaré l’abbé Christophe Kruijen, prêtre du diocèse de Metz, official de la Congrégation pour la doctrine de la foi, lors de la remise du Prix Henri de Lubac, vendredi dernier 15 avril à l’ambassade de France près le Saint-Siège.

Né en 1970, de nationalité néerlandaise, le père Kruijen a étudié à l’université pontificale grégorienne, puis à l’université pontificale Saint-Thomas d’Aquin. Ordonné prêtre en juin 2000 pour le diocèse de Metz, il est depuis 2009 official de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Le Prix de Lubac a été créé à Rome par l’ambassade de France près le Saint-Siège et c’est à son siège, à la Villa Bonaparte, qu’il est traditionnellement remis au lauréat, en présence de l’ambassadeur.

Cette thèse a été préparée à « l’Angelicum », ou l’université Saint-Thomas d’Aquin, l’université pontificale des Dominicains, sous la direction du P. Charles Morerod, op, recteur de l’université, et secrétaire de la Commission théologique internationale.

Dans son allocution (cf. ci-dessous, « Documents », pour le texte intégral), l’auteur a notamment cité l’enseignement de Jean-Paul II : « La doctrine catholique maintient ouvert le devenir de l’homme après la mort dans une double direction : ‘derrière les mystérieuses portes de la mort se profile une éternité de joie dans la communion avec Dieu ou de peine dans l’éloignement de Dieu’ (Exhortation apostolique Reconciliatio et paenitentiae, 26) ».

Il a également cité le Catéchisme de l’Église catholique qui « met en garde contre le risque d’être damné » dans ce passage : « Suivant l’exemple du Christ, l’Église avertit les fidèles de la ‘triste et lamentable réalité de la mort éternelle’ appelée aussi ‘enfer’ » (n° 1056 ; on notera au passage qu’il est question dans ce texte de « réalité » et non de « possibilité réelle ») ».

« Force est de reconnaître, cependant, que ce devoir d’avertissement est aujourd’hui largement négligé, au profit d’un automatisme du salut qui représente non seulement une dangereuse mutilation de la catéchèse ecclésiastique, mais aussi une véritable falsification de l’Évangile », fait observer le lauréat, d’où l’enjeu pastoral.

La thèse devrait être éditée, vraisemblablement aux éditions du Cerf, partie prenante dans le Prix de Lubac, mais rien n’est encore décidé, a confié aujourd’hui l’auteur à Zenit. Il a aussi dit sa joie à la nouvelle que ce prix lui était attribué par un jury prestigieux.

Le Jury du Prix de Lubac s’est en effet réuni le 9 mars 2011 sous la présidence du cardinal Paul Poupard, président émérite des Conseils pontificaux de la culture et pour le dialogue interreligieux.

Le jury était composé du cardinal Georges-Marie Cottier, op, théologien émérite de la Maison pontificale, du cardinal Albert Vanhoye, sj, de Mgr Jean-Louis Brugues, op, secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, et du R.P. Gilles-Hervé Masson, op, responsable de la collection de théologie des éditions du Cerf, qui publient les œuvres du cardinal de Lubac, et en présence de M. Stanislas de Laboulaye, ambassadeur de France près le Saint-Siège.

Les candidats au Prix de Lubac doivent déposer le texte de leur thèse en trois exemplaires et présenter un résumé. Le P. Kruijen a rédigé une synthèse de six pages de cette thèse de doctorat intitulée : « Salut universel ou double issue du jugement : espérer pour tous ? Contribution à l’étude critique d’une opinion théologique contemporaine concernant la réalisation de la damnation ». Elle a été soutenue à l’Angelicum en janvier 2009.

Fondé en 2004 par l’ambassade de France près le Saint-Siège, le Prix Henri de Lubac entend « encourager la publication et la diffusion des travaux écrits en français dans les institutions universitaires pontificales romaines ». Un montant de 3.000 euros est versé à la maison d’édition qui se propose de publier la thèse et d’en assurer la diffusion.

Le Jury a examiné cinq thèses présentées pour la 7ème édition du Prix Henri de Lubac et a décidé à l’unanimité l’attribution du Prix au R.P. Christophe Kruijen.

« Le jury, indique un communiqué de l’ambassade de France, a unanimement salué la grande qualité de cette thèse consacrée à un problème quelque peu négligé aujourd’hui. Ce travail examine de manière approfondie les approches d’auteurs majeurs comme Hans-Urs von Balthazar et Karl Rahner, ainsi que les données scripturaires, patristiques et magistérielles. Le jury a estimé que la publication de cette thèse était souhaitable et propre à susciter un ample débat ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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