Plus de 10.000 réfugiés syriens sont présents dans la région désertique de Karak, en Jordanie, et des milliers de femmes et d’enfants sont en danger, alertent les religieuses catholiques comboniennes qui tentent de venir au secours de la population. Radio Vatican publie ce témoignage et tire le signal d’alarme.
« Des milliers de femmes syriennes enceintes et de mères avec de tout petits enfants risquent de mourir de faim, de soif ou de brûlure dans la zone désertique du sud de la Jordanie. Fuyant la Syrie, elles n’ont pas trouvé de place dans les camps officiels installés dans le nord du pays. Avec leurs enfants, elles ont traversé le désert à pied », témoignent les soeurs.
C’est le récit dramatique de sœur Alessandra Fumagalli, religieuse combonienne et directrice de l’hôpital italien de Karak, à environ 150 km de la capitale, engagée depuis des mois dans l’assistance auprès de ces réfugiés oubliés. D’après la religieuse, les réfugiés syriens présents dans la région de Karak sont plus de 10.000 et le centre médical géré par les sœurs est leur seul point de référence.
« La zone dans laquelle ils se sont établis, affirme la religieuse à l’agence AsiaNews, est trop excentrée pour bénéficier de l’aide des organisations internationales et du gouvernement jordanien, qui couvrent seulement la partie nord du pays. L’hôpital équipé le plus proche est à Amman. Pour recevoir même des soins médicaux ordinaires, certains d’entre eux devraient encore parcourir 300 km dans le désert ».
La religieuse entend « faire connaître au monde leur existence, qui risque de passer inaperçue » : « beaucoup des femmes qui s’adressent à l’hôpital sont enceintes et cherchent un lieu sûr pour faire naître leurs enfants. Pourtant, à cause de leur longue traversée de la Syrie, une grande partie d’entre elles ont des problèmes de santé, parfois graves », ajoute-t-elle.
« Certaines sont forcées d’accoucher dans le désert et elles arrivent chez nous pour soigner et rétablir ces petits enfants, mais il est parfois trop tard et ils meurent de déshydratation, de dénutrition ou des brûlures provoquées par le soleil caniculaire du désert », explique-t-elle.
Pour éviter ces situations, le personnel hospitalier doit intervenir à temps et se rendre parfois sur place. Mais les ressources ne sont pas suffisantes, pour cet établissement à but non lucratif, qui a besoin de dons continuels pour faire face à cette urgence.
Fondé en 1939, l’Hôpital italien de Karak est la seule clinique équipée de la région et dispose d’une quarantaine de lits. Il est soutenu par la « Catholic Near East Welfare Association » (Cnewa), l’agence spéciale du Vatican pour aider les Eglises catholiques et les populations du Moyen Orient. Six sœurs comboniennes travaillent dans l’hôpital et 80 employés : 90 % d’entre eux sont de religion musulmane.
« Les réfugiés sont tous de religion musulmane, raconte la religieuse, la zone de Karak n’est pas Amman, elle est habitée surtout par des tribus de bédouins, elle est inhospitalière et pour ces gens, même pour nos employés, ce n’est pas spontané d’aider les personnes qui souffrent de façon désintéressée ».
Ces dernières années, l’hôpital a dispensé divers cours de formation pour le personnel, surtout sur le plan éthique et de l’assistance au malade : « Nos infirmiers et médecins ont appris que toute vie a de la valeur, continue-t-elle, et c’est pour cela que notre clinique est devenue un des points de référence pour la population locale aussi. Nous accueillons tous ceux qui en font la demande, sans faire aucune distinction. Ici, les gens se sentent acceptés ».
En une année, environ 300.000 Syriens ont franchi la frontière avec la Jordanie. Le pays a répondu en créant et en équipant des camps de réfugiés, mais qui ne sont suffisants que pour moins de la moitié des personnes. Selon les données du gouvernement, au moins 2.000 réfugiés ont traversé la frontière ces dernières semaines.