CITE DU VATICAN, Dimanche 10 février 2002 (ZENIT.org ) – La jeune chrétienne soudanaise de la tribu Dinka, Abok Alfa Akok, échappe à la lapidation. Safyia Hussaini, au Nigeria, attend la sentence d´appel.
Agée de dix-huit ans et enceinte, Abok Alfa Akok avait été condamnée à mort pour « adultère ». Cette sentence a été annulée par la Cour suprême, annonçait hier un message du gouvernement soudanais adressé à la communauté Sant´Egidio qui avait réclamé l´annulation de la sentence.
Le 8 février, Sant´Egidio avait adressé un appel international au président de la République du Soudan, Omar Hassan Al-Bashir, et aux membres de son gouvernement.
En Italie, l´agence missionnaire Misna et le quotidien « Il Giornale » avaient demandé une réaction de la communauté internationale. Le 7 février, nous nous faisons l´écho de l´appel du cardinal Roberto Tucci, sj, au micro de Radio Vatican, demandant l´intervention des Nations Unies, un appel immédiatement relayé par Mgr Laurent Mgr Monsegwo Pasinya, archevêque de Kisangani (cf. ZF020207).
Abok Alfa Akok, est de la tribu Dinka. Elle avait été condamnée à mort par lapidation par un tribunal du Nyala, de la région de Darfur, au sud du pays, sans avoir pu se défendre, ni au cours de l´interrogatoire, ni au cours des débats, puisque tout a eu lieu en arabe, langue qu´elle ne parle ni ne comprend. D´autre part, la condamnation résultait de l´application de la charia, la loi musulmane, à une chrétienne.
Mario Marazziti, porte-parole de Sant’Egidio a confié à Radio Vatican qu´il faut encore attendre des confirmations, parce que les nouvelles sont encore très « fragmentaires ». Mais se dit satisfait que la demande, fondée, sur des éléments juridiques, ait été entendue, d´où le retrait de l´accusation principale, entraînant la condamnation à mort.
« Je crois avant tout que nous nous trouvions, explique-t-il, face à une condamnation à mort et à un premier cas terrible de l´application de la loi islamique à une chrétienne, non par un tribunal religieux mais par un tribunal local. Ainsi, lorsque la communauté internationale a fait valoir devant le gouvernement soudanais la gravité des conséquences de ce précédent, il s´est montré sensible à de tels arguments ».
Pour ce qui est de Safyia Hussaini Tungar Tudu, musulmane du Nigeria, âgée de trente ans, enceinte, et accusée d´adultère, elle avait elle aussi été condamnée à la lapidation. La peine est suspendue, et elle attend le jugement en appel qui devrait être prononcé le 18 mars.
Sant´Egidio, l´association Human Rights Watch, ainsi que des députés italiens et du Parlement européens, la ministre italienne pour l´égalité des chances, Stefania Prestigiacomo – qui demandait l´intervention de la communauté européenne – mais aussi des prisonniers comme ceux de la prison romaine de Rebibbia, se sont mobilisés pour la sauver. Les associations dénoncent l´irrégularité du procès.
Le site Internet de Sant´Egidio, qui mène une campagne pour un moratoire mondial et la suppresion de la peine de mort permet de se joindre à la protestation internationale (cf. ).
Rappelons enfin que le président de la République française, Jacques Chirac, a lancé, le 31 mars 2001, depuis la tribune des Nations Unies à Genève, devant la Commission des droits de l´homme, un appel pour l´abrogation universelle de la peine de mort (cf. ).