Un miracle attribué à l’intercession du bienheureux pape Jean-Paul II (1920-2005) aurait été reconnu ce matin par la commission des cardinaux et évêques de la Congrégation pour les causes des saints, a annoncé l’agence italienne Ansa, en fin de matinée, ce 2 juillet 2013.
Mais le vote est couvert par le secret. Il faudra donc attendre le décret de la congrégation romaine, un consistoire, et l’éventuelle approbation du pape François: une canonisation dépend de sa décision souveraine.
Pour le moment, le nom de la personne guérie n’est pas révélé non plus, pour préserver le secret de l’enquête. On sait que pour la béatification du pape Jean-Paul II, la guérison retenue est celle de soeur Marie Simon-Pierre Normand, petite soeur des Maternités catholiques d’Aix-en-Provence (France), souffrant de la maladie de Parkinson à un stade avancé. L’intercession du pape Wojtyla avait été invoquée dans la prière par sa communauté. Elle a été guérie le 2 juin 2005, deux mois après la mort du pape polonais, survenue le 2 avril 2005.
Plus de trace d’anévrisme
Le nouveau miracle, qui serait survenu après la béatification, et donc valide pour l’éventuelle canonisation, concernerait la guérison d’une femme du Costa Rica, qui vit à La Union, à une trentaine de kilomètres de San José, la capitale.
Selon le quotidien du Costa Rica, La Nacion, en avril 2011, une femme a été hospitalisée à l’hôpital Calderon Guardia de San José, pour un violent mal de tête. Les examens révélèrent un anévrisme cérébral. Un document du 14 avril 2011 atteste la lésion. Elle vécut alors un calvaire, avec la détérioration des vaisseaux sanguins du cerveau. Les médecins considéraient qu’il n’y avait plus pour elle aucune espérance.
Mais la femme refusa de se résigner: « Si je suis perdue pour les médecins, ce Pape me sauvera », dit-elle, en se souvenant du voyage de Jean-Paul II dans son pays en mars 1983. Elle se mit à le prier de la guérir, avec notamment le prêtre de sa paroisse. Malgré son incapacité à marcher, elle voulut participer à la procession en honneur du nouveau bienheureux, le jour de sa béatification, le 1er mai 2011.
Elle revint à l’hôpital le lendemain, pour de nouveaux examens. Une surprise attendait les médecins: les symptômes de la maladie ne se voyaient plus! Le neurochirurgien qui l’avait soignée, le Dr Alejandro Vargas Roman, a déclaré que les traces de l’anévrisme avaient disparu, « sans aucune explication scientifique ».
Les étapes de la cause
Le diocèse a mené une enquête et le témoignage du médecin a été recueilli. La femme guérie elle aussi a témoigné de ce qui lui est arrivé. Mais elle était ensuite tenue au silence, jusqu’au jugement final, qui appartient au pape.
On se souvient qu’après la dispense des cinq ans d’attente, accordée par le pape Benoît XVI, le 13 mai 2005, le cardinal alors vicaire du pape pour Rome, Camillo Ruini, a ouvert la cause au niveau diocésain le 29 juin 2005. En 2007, le même cardinal a conclu la phase diocésaine de la cause à Rome.
Le procès diocésain conclu, les documents ont été communiqués sous scellés à la Congrégation romaine pour la cause des saints, avec le dossier de la guérison survenue à Aix-en-Provence.
En 2008, le postulateur, Mgr Slawomir Oder, a conclu la rédaction de la « Positio » de quelque 2000 pages recueillant les fruits de l’enquête sur les vertus humaines et chrétiennes du défunt pape. Après examen par les théologiens romains, en mai 2009, elle a reçu aussi le feu vert des cardinaux, en novembre. Le pape Benoît XVI a validé l’ensemble en reconnaissant le caractère « héroïque » des vertus de Karol Wojtyla, en décembre 2009.
La reconnaissance du miracle a été validée par les médecins de Rome, en octobre 2010, et par les théologiens, en décembre, enfin, en janvier 2011 par les cardinaux. Le pape Benoît XVI avait fixé la béatification au 1er mai 2011, le 14 janvier.
Il fallait un miracle dû à l’intercession du bienheureux pape après sa béatification pour sa canonisation.
Santo pas subito, mais bientôt
Après le feu vert des médecins, des théologiens et des cardinaux à propos de la nouvelle guérison, il faudra une décision du pape François pour que la canonisation soit annoncée et fixée, au cours d’un « consistoire ».
Mais déjà les conjectures vont bon train: la canonisation pourrait avoir lieu en octobre, pour la fin de l’Année de la foi? Pour le dimanche des missions? Au pape François de décider de la canonisation ou pas et de la date.
Lors des funérailles du pape Jean-Paul II, le 8 avril 2005, la foule avait scandé le fameux « Saint tout de suite », « Santo Subito ». La cause du pape Jean-Paul II a été menée à un bon rythme, mais sans brûler les étapes et sans sacrifier la rigueur: que l’on pense à la rigueur du diocèse d’Aix-en-Provence pour l’enquête sur le miracle dont a bénéficié soeur Marie- Simon-Pierre. Cette rigueur cartésienne a d’ailleurs été une des raisons de retenir cette guérison plutôt qu’une autre pour la béatification, avait confié Mgr Oder.
Enfin, la commission des cardinaux de ce 2 juillet a certainement traité de différentes causes de saints et d’autres causes pourraient être présentées à l’approbation du pape. On attend notamment des nouvelles de la béatification de Paul VI et de la canonisation de Jean XXIII.
Ce début d’été au Vatican a une actualité variée et passionnante: changements à la tête de l’IOR, voyage du pape à Lampédouse, publication de la première encyclique, on attend aussi la publication annuelle du budget du Vatican… Et l’on n’est que le 2 juillet.