La Conférence des évêques suisses (CES), réunie pour sa 304e assemblée ordinaire du 2 au 4 juin 2014 à l’abbaye bénédictine d’Einsiedeln, exprime ses inquiétudes pour la protection de la vie, dans un communiqué publié ce 5 juin.
Le Conseil national suisse a en effet levé l’interdiction du diagnostic préimplantatoire le 3 juin dernier : les couples risquant de transmettre une maladie grave à leur enfant pourront y voir recours.
« Les évêques sont convaincus que, dans ce cas, contrairement à une opinion répandue, la médecine et la politique ne vont pas dans le sens du progrès », peut-on lire dans la note : « l’Église refusera toujours de considérer le tri, la sélection et l’élimination d’êtres humains comme un progrès. Elle plaide au contraire pour une orientation de la technique vers des solutions novatrices et respectueuses de toute vie humaine. »
Ils mettent en garde : « une société ne devient pas meilleure lorsqu’elle s’autorise à sélectionner ceux qu’elle considère comme « les bons » et à éliminer les autres. Une société est authentiquement humaine lorsque, tout en luttant contre la souffrance et la maladie, elle se montre capable d’accueillir chaque personne dans sa dignité, et de faire une place aux plus petits et aux plus vulnérables des enfants des hommes. »
Les évêques « soutiennent chaque effort pour la sauvegarde et le renforcement d’une culture de la vie qui correspond à la dignité humaine ». Ils font observer que le fait d’empêcher la naissance d’enfants avec des handicaps remet en cause la dignité des personnes handicapées vivantes.
Le 17 septembre 2013 déjà, les évêques dénonçaient « un risque de dérapage » avec l’assouplissement de l’autorisation du diagnostic préimplantatoire : la Commission de bioéthique de la Conférence épiscopale estimait que « la porte est grande ouverte pour l’entrée dans une ère de pratiques eugénistes ».
La même commission exprimait son « malaise profond » après la prise de position de la Commission nationale d’éthique (CNE) sur les procréations médicalement assistées, le 3 mars dernier. Elle protestait alors contre un « libre marché de la procréation » : « Il n’est pas acceptable de faire venir à la vie des êtres humains pour ensuite les détruire, les congeler, ou les utiliser pour réaliser nos désirs les plus fous. »
La Commission de bioéthique de la CES, en collaboration avec le Département de théologie morale et d’éthique de l’Université de Fribourg, organisera un colloque les 12 et 13 septembre 2014 sur ces questions.