Rapport du premier groupe de travail francophone au synode

Une vision « résolument christocentrique »

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Les rapports des groupes de travail linguistiques (circuli minores) de la IIIe Assemblée générale extraordinaire du synode des évêques sur la famille, ont été présentés lors de la 12ème Congrégation générale, ce jeudi matin, 16 octobre 2014.

Les dix séries d’amendements – trois rapports en italien, trois en anglais, deux en français et deux en espagnol – seront étudiés par le secrétariat du synode, en vue d’une synthèse « Relatio synodi » que le synode discutera et votera samedi après-midi. Il faut une majorité des deux tiers pour l’adopter.

Ces documents de travail sont une « nouvelle étape » du processus synodal qui « continue » et ils ne sont pas une étape « définitive », a précisé le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège ce matin.

Voici le rapport du carrefour en langue française (Circulus Gallicus) « A », dont le modérateur était le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical Cor Unum, et le rapporteur Mgr François-Xavier Dumortier, sj, recteur de l’Université pontificale grégorienne.

Les participants expriment leur souhait de « considérer les lumières et les ombres des réalités conjugales et familiales dans le contexte du monde actuel en épousant le regard du Christ sur les hommes ».

Ils proposent une vision « résolument christocentrique », mettant au centre « le Christ, sa personne et sa parole » : « c’est en effet sur l’attachement au Christ et l’appartenance au Christ depuis le baptême que se fonde le sacrement du mariage ».

Si l’Eglise se doit d’accorder une attention pastorale aux « échecs de l’amour et aux unions imparfaites », cependant « un tel constat ne doit pas faire oublier les familles qui vivent avec cohérence et fidélité le mariage chrétien et rendent ce témoignage au travers de leurs joies mais aussi en dépit d’épreuves comme la pauvreté, le chômage, la maladie, le deuil, la stérilité et les difficultés dans l’éducation des enfants », souligne aussi le texte.

Il demande également de « ne pas changer la doctrine de l’Église sur l’indissolubilité du mariage et la non-admission des divorcés remariés aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie mais d’appliquer cette doctrine constante de l’Église aux situations diverses et douloureuses de notre époque avec un regard renouvelé de compassion et de miséricorde sur les personnes ».

Enfin, concernant l’accueil des personnes homosexuelles, les participants rappellent « qu’accompagner pastoralement une personne ne signifie pas valider une forme de sexualité ni une forme de vie ».

A.K.

Rapport du groupe de travail en langue française A

Je voudrais présenter ce rapport en cinq moments:

– quelques considérations générales;
– à propos de la première partie de la Relatio post Disceptationem;
– à propos de la deuxième partie;
– à propos de la troisième partie;
– quelques réflexions en conclusion.

1. Quelques considérations générales.

Je pense pouvoir dire, au nom de tous ceux et celles qui ont participé à ce Circulus, qu’a été très apprécié le caractère ouvert, simple, fraternel de rencontres vécues dans la simplicité, avec un fort sens de notre responsabilité, et dans la confiance mutuelle. Cela nous a permis un travail intense puisque nous ne nous sommes pas limités à écrire des amendements mais nous avons proposé en plusieurs endroits clés du texte une nouvelle formulation.

Je pense devoir exprimer aussi l’émotion et le désarroi qu’a provoqués la diffusion d’un document que nous considérions comme un simple – bien que très utile – document de travail, donc provisoire. Ce que nous avons vécu, à savoir la dimension contre-productive de cette diffusion, nous semble devoir conduire à évaluer avec soin les causes et les conséquences d’un événement qui, en semant perplexités et questions, n’a pas aidé la réflexion.

Nous avons fait l’expérience de la pluralité et de la diversité des situations ecclésiales. Toutes les Églises locales ne sont pas également ni de la même manière concernées ni touchées par les problèmes soulevés. Davantage conscients de cette réalité, nous souhaitons qu’une certaine autonomie soit laissée aux Églises locales dans la recherche de réponses aux préoccupations pastorales qui sont les leurs.

Enfin, nous avons constaté dans nos travaux l’importance d’une réelle vigilance et rigueur dans l’emploi des mots que nous utilisons – ainsi des termes de couple, de mariage, d’individu ou de personne.

2. A propos de la première partie de la Relatio.

Il nous a semblé important de considérer les lumières et les ombres des réalités conjugales et familiales dans le contexte de nos sociétés et du monde actuel en épousant le regard du Christ sur les hommes: les défis à affronter et à vivre peuvent alors se vivre, selon la tradition de l’Église, avec une attitude d’accueil, de compréhension et de compassion. Cela nous a conduits à insister, au -delà de la pauvreté, sur la misère déshumanisante qui est une des causes majeures de la précarisation et de la destruction des familles, sur les « périphéries de misère qui entourent beaucoup de grandes métropoles… les situations de violence et de guerre et leurs conséquences ». Nous avons aussi désiré affirmer que la vie affective se développe, se structure et se réalise de façon privilégiée dans le cadre de la vie familiale. A cet égard, nous avons pensé important de mettre en évidence les éléments positifs des situations familiales, les valeurs, les générosités dont nous sommes témoins, ce qui construit au lieu de détruire… c’est à dire tout ce qui stimule l’Église dans son devoir d’exprimer une parole de vérité et d’espérance pour nos contemporains et d’interpeller certaines organisations internationales sur la manière de lier leur aide à l’acceptation de leur propre conception de l’homme, du mariage et de la société.

3. A propos de la deuxième partie de la Relatio.

L’examen de ce texte a soulevé des questions qui nous ont conduits à choisir une réécriture de cette partie et à la proposer comme telle, si cela peut aider à l’élaboration d’un prochain texte sur le chemin de réflexion où l’Église est engagée. Notre texte est résolument christocentrique : il met au centre le Christ, sa personne et sa parole, l’appartenance au Christ et l’expérience personnelle du Christ dénonçant la dureté de cœur et incarnant la pédagogie divine de patience et de miséricorde jusque dans sa passion, sa mort et sa résurrection. C’est en effet sur l’attachement au Christ et l’appartenance au Christ depuis le baptême que se fonde le sacrement du mariage.

Constater les échecs de l’amour et les unions imparfaites qui se multiplient appelle une attention pastorale qui sache respecter ces personnes, encourager les efforts de repentance et offrir l’appui fraternel de la communauté chrétienne à laquelle elles appartiennent. Un tel constat ne doit pas faire oublier les familles qui vivent avec cohérence et fidélité le mariage chrétien et rendent ce témoignage au travers de leurs joies mais aussi en dépit d’épreuves comme la pauvreté, le chômage, la maladie, le deuil, la stérilité et les difficultés dans l’éducation des enfants.

4. A propos de la troisième partie de la Relatio.

Sur le rapport entre les divorcés remariés et les sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie, notre texte dit qu’il importe de « ne pas changer la doctrine de l’Église sur l’indissolubilité du mariag
e et la non-admission des divorcés remariés aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie mais d’appliquer cette doctrine constante de l’Église aux situations diverses et douloureuses de notre époque avec un regard renouvelé de compassion et de miséricorde sur les personnes ». Nous pensons comme une priorité que soient facilités l’examen des mariages douteux et l’accélération des procédures pour les déclarations de nullité matrimoniale. Il importe aussi d’avoir un langage qui soit positif et propositif et de considérer de manière distincte des personnes qui vivent des situations différentes.

Concernant l’accueil des personnes homosexuelles, il nous semble clair que l’Église, à l’image du Christ Bon Pasteur (Jn 10,11-18), a toujours voulu accueillir les personnes qui frappent à sa porte, porte ouverte à tous, qui sont à accueillir avec respect, compassion et dans la reconnaissance de la dignité de chacun. Accompagner pastoralement une personne ne signifie valider ni une forme de sexualité ni une forme de vie.

5. Quelques réflexions en conclusion

Le mariage et la famille sont véritablement au cœur d’enjeux cruciaux aujourd’hui : l’auto-compréhension de l’homme d’aujourd’hui et les enjeux anthropologiques actuels – l’analyse des causes socio-économiques de la fragilisation de la famille – la réflexion sur le lien entre mariage, famille et société – l’approfondissement biblique et théologique de ce que nous avons réfléchi trop rapidement…L’important travail mené jusqu’ici nous semble requérir maintenant qu’une réflexion approfondie – notamment anthropologique et théologique – soit entreprise et menée de la manière la plus appropriée avant le Synode de l’année prochaine. Nous ne pensons pas qu’une commission ad hoc conviendrait; nous pensons important que les questions soient abordées dans toute leur ampleur et que les diverses conférences épiscopales soient impliquées dans cette réflexion.

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ZENIT Staff

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