Deux piécettes pour un geste prophétique…

Le don total

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Première publication sur le site Via Egeria  

Le texte qui nous intéresse aujourd’hui met en miroir deux sortes de personnages. Il y a d’un côté ceux que l’on remarque, ceux sur qui on porte notre regard, car ils sont attirants. De l’autre côté, il y a les autres, ceux qui sont invisibles, ceux dont on ne remarque même pas la présence, car ils sont repoussants. C’est pourtant sur l’un d’eux, il faut dire plutôt sur l’une d’eux, que Jésus pose les yeux: une veuve totalement anonyme qui s’avère être de la trempe d’un prophète.

38 Dans son enseignement, il disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, 39 les sièges d’honneur dans lessynagogues, et les places d’honneur dans les dîners. 40 Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières :ils seront d’autant plus sévèrement jugés. » 41 Jésus s’était assis dansle Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la fouley mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. 42 Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces demonnaie. 43 Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous lesautres. 44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » (Marc 12,38-44)

Au premier groupe de personnages appartiennent les scribes, c’est-à-dire les spécialistes de la religion, ceux qui connaissent les Écritures par cœur, qui les recopient, qui les commentent, qui les transmettent. Ils sont si savants qu’on vient à eux pour leur demander conseil et pour leur poser toute sorte de questions concernant la loi juive. Mais celle-ci touchait également à toutes les dimensions de la vie quotidienne en société. Les scribes rendaient donc des services d’écriture pour établir les documents officiels, tels des contrats de mariage, d’achat, de vente, etc. Ils sont salués de tous sur les places publiques, car ils sont connus de tous. Ils accèdent aux places d’honneur, tant dans la synagogue que dans les grands dîners en société.

Mais Jésus dit aussi que si les scribes sont richement vêtus, c’est parce qu’ils dévorent les biens des veuves ; une façon de dire qu’ils s’enrichissent sur le dos des plus pauvres. Qu’est donc une veuve, dans la société juive du premier siècle? Du point de vue juridique, une femme sans mari est une femme sans couverture sociale, à la merci de ceux qui voudraient bien la soutenir.

Une mère devant sa maison avec ses enfants, Palestine, vers 1900 © BiblePlaces

Une mère devant sa maison avec ses enfants, Palestine, vers 1900 © BiblePlaces

C’est justement vers cette deuxième catégorie de personnes, celle des pauvres et des exclus, que le texte invite maintenant le lecteur à se tourner. Jésus est assis dans l’enceinte du Temple, face au trésor. C’est là que tout bon juif vient faire son offrande. Jésus semble prendre plaisir à observer ceux qui passent. Il y a foule, nous dit l’évangéliste. Les pièces de monnaie qui tombent dans le tronc provoquent un incessant cliquetis. Parmi cette foule, il y avait de nombreux riches, qu’on reconnaissait bien sûr à leurs vêtements, ce qui ne va pas sans nous rappeler les scribes à peine décrits il y a un instant. Ceux-là mettaient une grande quantité de pièces, ce qui était bien entendu manifeste aux yeux de tous. Pourtant, l’attention de Jésus est accaparée, – non par un de ces riches personnages qui déposait une grosse quantité de pièces -, mais à l’inverse par une pauvre veuve. Elle aussi était reconnaissable à son vêtement… Pourtant, lorsqu’elle a déposé ses deux piécettes, le cliquetis a résonné si faiblement dans le tronc que personne n’y a prêté attention. Personne, sauf Jésus. Il fait même appeler et réunir ses disciples pour les faire assister à la scène : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » Que voit donc Jésus en elle ? Probablement une générosité authentique en comparaisonavec ceux, dont le nombre impressionnant de pièces fait beaucoup de bruit, mais qui donnent de leur trop-plein. Comme quoi, ce n’est pas la quantité, mais la qualité du don qui compte.

 

Emanuelle Pastore

 

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Via Egeria

VIA EGERIA Terre Sainte et Ecriture Sainte Via Egeria, dont la traduction signifie "En route avec Égérie", est une invitation à suivre les pas de cette aventurière du 4è siècle qui entreprit plusieurs pèlerinages en Terre Sainte. Dans son journal de voyage, elle retrace les itinéraires qui l'ont conduite à sillonner le Proche-Orient, tout en revenant sans cesse à Jérusalem. Sur chaque lieu saint, Égérie lisait la page de la Bible correspondante, puis elle priait. Ce site a été conçu pour celles et ceux qui veulent approfondir leur connaissance de la Bible, tout en découvrant la Terre Sainte et plus largement les terres bibliques, ainsi que leur histoire. www.via-egeria.com

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