Le cardinal Michael Czerny, sous-secrétaire à la section Migrants et Réfugiés du dicastère pour la promotion du développement humain intégral, s’est exprimé sur « Le visage d’une Église ‘franciscaine’ après le synode amazonien » devant les participants du 12e Forum mondial des Églises de Fribourg, qui se tenait du 14 au 15 octobre 2021, indique Vatican News en anglais.
Le forum, sur le thème « Contextualité et synodalité – Le Synode sur l’Amazonie et ses suites », a été organisé par l’Institut d’étude des religions et du dialogue interreligieux (IRD) et le Centre d’études pastorales comparées de la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg en collaboration avec MISSIO Suisse.
Le cardinal a déclaré que le synode amazonien qui a eu lieu à Rome en octobre 2019 continue « non seulement à faire de la région amazonienne une nouvelle, mais, avec la grâce de Dieu, continue à renouveler toute l’Église ».
Le synode amazonien, a-t-il noté, est « un beau chemin – mieux, un réseau de voies navigables – que nous voulons expérimenter … dans d’autres parties de l’Église et du monde ».
Le synode, a expliqué le card. Czerny, a articulé quatre dimensions interconnectées de la conversion comme base de nouveaux chemins : pastorale (nécessitant un esprit d’écoute) ; culturel (engageant et embrassant la culture du peuple); écologique/environnemental et synodale (vers des horizons de communion plus profonde et de participation inclusive).
Le cardinal a expliqué que le mot « synode » vient de racines grecques qui expriment « un chemin parcouru avec d’autres, un chemin partagé ». C’est « un chemin parcouru par l’Église à la lumière de l’action de l’Esprit dans son histoire, au service du peuple de Dieu », a-t-il dit.
Le document d’Aparecida
Le cardinal Czerny a retracé les origines du Synode amazonien du Concile Vatican II et de la Conférence du CELAM de 1968, et il s’est arrêté tout particulièrement sur la rencontre des évêques d’Amérique latine à Aparecida (2007). Il a noté que le document d’Aparecida avait offert un projet pastoral unifié décisif : un programme, des propositions et des orientations. Le document a fait prendre conscience de l’importance de l’Amazonie pour toute l’humanité.
Laudato sí : une nouvelle perspective
Le cardinal Czerny a ensuite noté que quelques mois après l’élection du pape François, il a rencontré les évêques brésiliens et a parlé de l’Amazonie comme du « test décisif pour l’Église et la société brésilienne ».
Suite à cela, le pape « a exposé son programme » dans Evangelii gaudium (2013) dans lequel il a parlé d’une « option missionnaire » : « un élan missionnaire capable de tout transformer, afin que les coutumes, les manières de faire, les temps et les horaires, le langage et les structures de l’Église puissent être convenablement canalisés pour l’évangélisation du monde d’aujourd’hui plutôt que pour sa propre conservation. »
En 2015, a rappelé le cardinal, le pape François a publié l’encyclique Laudato sí’ qui applique la logique évangélisatrice d’Evangelii gaudium aux « questions de justice dans les débats sur l’environnement, afin d’entendre à la fois le cri de la Terre et le cri des pauvres ».
Querida Amazonia
En 2020, le pape François a publié son exhortation post-synodale Querida Amazonia qu’il a formulée en termes de rêves sociaux, culturels, écologiques et ecclésiaux. « Il est assez frappant, a déclaré le cardinal, que le facteur dynamisant ne soit pas limité par nos frontières habituelles – mon diocèse, mon état, mon coin du monde – mais plutôt par cette Amazonie plus grande, plus diversifiée et plus vulnérable, qui est de plus en plus vitale pour la santé du monde. »
Le cardinal a ensuite expliqué qu’en mettant en œuvre le Document final du Synode et Querida Amazonia, le travail a commencé immédiatement, suite aux paroles du pape selon lesquelles « les structures ecclésiales doivent s’incarner ». L’un des efforts à cet égard a été la création de la Conférence ecclésiale de l’Amazonie (CEAMA) qui implique la participation des religieux et religieuses, de Caritas et du Réseau des églises panamazoniennes. En outre, 16 groupes de travail ont été créés pour aborder les problèmes auxquels l’Amazonie est confrontée.
Le cardinal Czerny a continué à tracer le chemin de l’Église, notant que l’année dernière, au milieu de la pandémie de coronavirus, le pape François a publié Fratelli tutti sur la fraternité et l’amitié sociale, nous avertissant que « soit nous sommes frères et sœurs, soit tout échoue [et] nous nous détruisons les uns les autres ».
Synode 2023 sur la synodalité
Dans la perspective du Synode d’octobre 2023 sur le thème « pour une Église synodale : communion, participation et mission », le cardinal Czerny a souligné que ce sera l’occasion de « rassembler les étapes précédentes dans un processus continu, transformant le mot ‘Église’ en verbes : rencontrer, réparer, fonctionner, servir, prier ».
« La synodalité renvoie à l’essence même de l’Église, à sa réalité constitutive, et est donc orientée vers l’évangélisation, a-t-il noté. C’est une manière d’être ecclésiale et une manière prophétique de servir le monde d’aujourd’hui. »
L’Église existe sous de nombreuses formes : de la famille à la paroisse locale, en passant par le diocèse, les associations, les mouvements et les organisations, les conférences épiscopales et le siège de Pierre, a déclaré le cardinal en concluant son discours. « Tous ont besoin de processus d’écoute, de coopération et de synergie » afin que « réglés par l’humilité et la docilité à l’Esprit Saint, ils puissent aspirer avec confiance à un heureux discernement des chemins à parcourir et à une mise en œuvre partagée pour que chacun participe au chemin synodal ».
