« J’ai trouvé un pays très triste, surtout dans son âme. Tout le monde m’a dit qu’une petite visite comme la mienne fait susciter l’espoir. Vraiment, c’est un pays qui est détruit à l’intérieur des personnes, et à l’extérieur. J’ai visité quelques quartiers périphériques, inhumains, sans aucune structure, sans rue, sans service d’hygiène… Il n’y a aucune attention à la santé ou à un minimum d’humanité. Les jeunes n’ont pas de travail. Certainement ce pays est résilient, mais si nous le laissons seuls, ce pays ne peut pas ressusciter »: c’est ce dont témoignage Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pour la vie, par téléphone, au micro de Radio Vatican. Il a constaté sur place « un enfer incroyable et terrible ».
Il déplore la violence omni-présente: « C’est une violence qui devient une structure du pays. Et c’est impossible d’éliminer la violence si aucune perspective de développement n’arrive, surtout pour les jeunes. La violence est devenue l’unique manière de gagner quelque chose. Et évidemment, la violence ne peut que générer de la violence. Et alors, quel est le futur? Le rêve de la majorité, c’est d’aller aux États-Unis. Alors il y a une incroyable population, des milliers et des milliers de personnes qui quittent le pays pour aller aux États-Unis, avec un coût du voyage qui est plus dur que celui de la Méditerranée chez nous. »
Il a constaté l’engagement des organisations catholiques: « J’ai trouvé plusieurs organisations catholiques qui essayent de donner un petit espoir, et ça c’est très important. Évidemment, la politique et les accords internationaux sont nécessaires, mais aujourd’hui, toute aide peut être utile. »
Radio Vatican constate « l’indifférence » face au cri des pauvres: « Exactement, c’est ça le drame. Le Pape François, il y a quelques années, a parlé de l’indifférence comme l’un des plus grands péchés diaboliques de la société contemporaine. Haïti est vraiment l’un des plus petits pays, et personne n’écoute le cri de ce peuple qui attend un futur plus humain. C’est ça, à mon avis, la responsabilité des États-Unis, de l’Europe, des Nations-Unies. La globalisation nous a lié les uns les autres. On ne peut pas, avec responsabilité, le peuple d’Haïti continuer à descendre dans un enfer incroyable et terrible. »