« Depuis quelques mois, nous sommes témoins d’un événement qui nous remplit d’espérance : la normalisation des relations entre deux peuples, après des années d’éloignement. C’est un signe de la victoire de la culture de la rencontre, du dialogue, sur la culture de la confrontation », déclare le pape François à La Havane.
A sa descente d’avion à La Havane, le pape François a été accueilli par le président Raul Castro et par le cardinal archevêque de La Havane, Jaime Ortega, et par les enfants de Cuba.
Lors de la cérémonie d’accueil à l’aéroport José Marti, le président Raul Castro et le pape François ont chacun prononcé un discours.
« J’encourage les responsables politiques à continuer d’avancer sur ce chemin et à développer toutes vos potentialités, comme preuve du haut service qu’ils sont appelés à assurer en faveur de la paix et du bien-être de leurs peuples, de toute l’Amérique, et comme exemple de réconciliation pour le monde entier », a ajouté le pape François.
Il a improvisé ces paroles : « Le monde a besoin de réconciliation dans cette atmosphère de Troisième Guerre mondiale par étapes que nous sommes en train de vivre. »
Discours du pape François
Monsieur le Président,
Distinguées autorités,
Chers frères dans l’Episcopat,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie vivement, Monsieur le Président, pour votre accueil et pour vos aimables paroles de bienvenue au nom du Gouvernement et de tout le peuple cubain. Mes salutations s’adressent aussi aux Autorités et aux membres du Corps diplomatique qui ont eu l’amabilité d’être présents à cette cérémonie.
Au cardinal Jaime Ortega y Alamino, archevêque de La Havane, à Monseigneur Dionisio Guillermo García Ibáñez, archevêque de Santiago de Cuba et Président de la Conférence épiscopale, aux autres Evêques et à tout le peuple cubain, j’exprime ma gratitude pour leur accueil fraternel.
Merci à tous ceux qui se sont dépensés afin de préparer cette visite pastorale. Je voudrais vous demander, Monsieur le Président, de transmettre mes sentiments de considération spéciale et de respect à votre frère Fidel. Je voudrais aussi que mes salutations arrivent, en particulier, à toutes ces personnes que, pour divers motifs, je ne pourrai pas rencontrer et à tous les Cubains dispersés à travers le monde.
En cette année 2015, se célèbre le 80e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la République de Cuba et le Saint-Siège. La Providence me permet d’arriver aujourd’hui dans cette chère Nation, en suivant les traces indélébiles du chemin ouvert par les inoubliables voyages apostoliques qu’ont réalisés en cette île mes deux prédécesseurs, saint Jean-Paul II et Benoît XVI. Je sais que leur souvenir suscite gratitude et affection dans le peuple et chez les autorités de Cuba. Aujourd’hui, nous voulons renouveler ces liens de coopération et d’amitié pour que l’Église continue d’accompagner et d’encourager le peuple cubain dans ses espérances et dans ses préoccupations, dans la liberté ainsi que par les moyens et dans les conditions nécessaires pour l’annonce du Royaume jusqu’aux périphéries existentielles de la société.
Ce voyage apostolique coïncide, en outre, avec le 1er centenaire de la déclaration de la Vierge de la Charité del Cobre comme Patronne de Cuba par Benoît XV. Ce furent les vétérans de la Guerre d’Indépendance qui, animés par des sentiments de foi et de patriotisme, ont demandé que la Vierge mambisa soit la Patronne de Cuba en tant que nation libre et souveraine. Depuis lors, elle a accompagné l’histoire du peuple cubain, en soutenant l’espérance qui préserve la dignité des personnes dans les situations les plus difficiles et en étant l’étendard de la promotion de tout ce qui donne dignité à l’homme. Votre dévotion croissante envers elle est le témoignage visible de la présence de la Vierge dans l’âme du peuple cubain. Durant ces jours, j’aurai l’occasion d’aller à Cobre, comme fils et pèlerin, prier notre Mère pour tous ses fils cubains et pour cette chère Nation afin qu’elle emprunte les chemins de justice, de paix de liberté et de réconciliation.
Du point de vue géographique, Cuba est un archipel, d’une importance extraordinaire comme « clef » entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, qui regarde vers tous les chemins. Sa vocation naturelle est d’être le point de rencontre pour que tous les peuples se réunissent dans l’amitié, comme l’a rêvé José Martí, « au-delà de la langue des isthmes et de la barrière des mers » (La Conférence monétaire des républiques d’Amérique, dans Œuvres choisies, t. II, La Havane, 1992, p. 505Ce fut aussi le souhait de saint Jean-Paul II avec son vibrant appel pour que Cuba puisse « s’ouvrir, avec toutes ses magnifiques possibilités, au monde » et que le monde puisse « s’ouvrir à Cuba » (Discours de bienvenue, 21 janvier 1998, n. 5).
Depuis quelques mois, nous sommes témoins d’un événement qui nous remplit d’espérance : la normalisation des relations entre deux peuples, après des années d’éloignement. C’est un signe de la victoire de la culture de la rencontre, du dialogue, sur la culture de la confrontation, du « système de l’accroissement universel… sur le système, mort pour toujours, de dynastie et de groupes » (José Martí, ibid.). J’encourage les responsables politiques à continuer d’avancer sur ce chemin et à développer toutes vos potentialités, comme preuve du haut service qu’ils sont appelés à assurer en faveur de la paix et du bien-être de leurs peuples, de toute l’Amérique, et comme exemple de réconciliation pour le monde entier.
Le monde a besoin de réconciliation dans cette atmosphère de Troisième Guerre mondiale par étapes que nous sommes en train de vivre.
Je place ces jours sous l’intercession de la Vierge de la Charité del Cobre, des bienheureux Olallo Valdés et José López Pieteira et du vénérable Félix Varela, grand propagateur de l’amour entre les Cubains et entre tous les hommes, afin que s’accroissent nos liens de paix, de solidarité et de respect mutuel.
De nouveau, merci beaucoup, Monsieur le Président.
© Librairie éditrice du Vatican
Ajouts transcrits et traduits par Zenit, Anita Bourdin