ROME, Jeudi 13 avril 2006 (ZENIT.org) – Parmi les Douze apôtres, symboles des 12 tribus d’Israël, un apôtre, Judas, rend présent, lors de la Messe de la Cène du Seigneur, (2) le mystère obscur du refus et cette capacité de l’homme de « mettre une limite » à l’amour de Dieu, qui ne « connaît pas de limite », explique Benoît XVI.
Dans son homélie de la Messe de la Cène du Seigneur, à Saint-Jean-du-Latran, le pape a en effet invité les fidèles à « réfléchir » sur le rôle de Judas. Une réflexion d’autant plus d’actualité au moment où la publication de l’évangile apocryphe dit « de Judas » reflète une interprétation non chrétienne mais gnostique de l’Evangile, comme le soulignait déjà saint Irénée de Lyon au IIe siècle (cf. Zenit, 5 avril).
Le mystère obscur du refus
Le pape commentait en effet cette parole de l’évangile de Jean: « Vous êtes purs, mais non pas tous » (Jn 13, 10). « Dans cette phrase, commentait le pape, se révèle le grand don de la purification que lui fait, parce qu’il a le désir d’être à table avec nous, de devenir notre nourriture. « Mais non pas tous » – il existe le mystère obscur du refus, qui se rend présent avec l’histoire de Judas, et, justement, le Jeudi saint, le jour où Jésus fait le don de lui-même, doit nous faire réfléchir. L’amour du Seigneur ne connaît pas de limites, mais l’homme peut y mettre une limite ».
En Judas, nous voyons la nature de ce refus encore plus clairement
« Vous êtes purs, mais non pas tous », reprenait le pape en interrogeant: « Qu’est-ce qui rend l’homme impur ? C’est le refus de l’amour, le fait de ne pas vouloir être aimé, de ne pas aimer. C’est l’orgueil qui croit ne pas avoir besoin de purification, qui se ferme à la bonté de Dieu qui sauve. C’est l’orgueil qui ne veut pas confesser et reconnaître que nous avons besoin de purification. En Judas, nous voyons la nature de ce refus encore plus clairement ».
Le mensonge
« Il jauge Jésus selon les catégories du pouvoir et du succès : pour lui, seul le pouvoir et le succès sont des réalités, l’amour ne compte pas, souligne Benoît XVI. Il est avide : l’argent est plus important que la communion avec Jésus, plus important que Dieu et son amour. Et ainsi, il devient aussi un menteur, qui joue un double jeu, et rompt avec la vérité ; quelqu’un qui vit dans le mensonge et perd ainsi le sens de la vérité suprême, de Dieu. De cette façon, il s’endurcit, devient incapable de conversion, du retour confiant de l’enfant prodigue, et il jette sa vie détruite ».
L’auto-suffisance met une limite à son amour
« Vous êtes purs, mais non pas tous », reprend encore le pape dans sa méditation, avant d’ajouter: « Le Seigneur, aujourd’hui, nous met en garde contre l’auto-suffisance qui met une limite à son amour illimité ».
Se laisser contaminer par l’humilité
« Il nous invite, continue le pape, à imiter son humilité, à nous confier à elle, à nous laisser ‘contaminer’ par elle. Il nous invite – aussi perdu que nous puissions nous sentir – à revenir à la maison et à permettre à sa bonté purificatrice de nous relever et de nous faire entrer dans la communion à table avec lui, avec Dieu lui-même ».