Ainsi, le pape évoque, dans sa catéchèse en italien « l’épreuve » qu’ont constitué pour l’Eglise les « oppositions aux vérités de foi » qui ont surgi au fil des années et des siècles (cf. ci-dessous, « Documents » pour la traduction intégrale en français).
Il souligne que « L’Eglise de l’amour est aussi l’Eglise de la vérité » et que la « communion » n’est donc plus possible avec qui ne vit plus de la vérité de l’Evangile : avec qui « s’est éloigné de la doctrine du salut ».
Quelque 30 000 fidèles étaient rassemblés place Saint-Pierre, pour la troisième fois en quatre jours.
Le vent soufflait sur Rome, et le ciel se couvrait de nuages. Le pape commentait, sous les applaudissements : « Le vent n’est pas toujours identique à l’Esprit Saint, mais il peut nous faire penser à la force de l’Esprit Saint ».
Ce qui est essentiel à l’Eglise
A propos du choix du thème de sa catéchèse, le pape rappelait : « Dans la nouvelle série de catéchèses, commencée il y a quelques semaines, nous voulons considérer les origines de l’Eglise, pour comprendre le dessein originel de Jésus, et comprendre ainsi ce qui est essentiel à l’Eglise, ce qui subsiste au fil des temps qui changent. Nous voulons ainsi comprendre également pourquoi nous sommes dans l’Eglise et comment nous devons nous engager à vivre cela au début d’un nouveau millénaire chrétien ».
Lien profond entre l’Esprit Saint et l’Eglise
Le pape soulignait l’existence dans l’Eglise, dès l’origine de la division comme de la communion en disant : « Considérant l’Eglise naissante, nous pouvons en découvrir deux aspects : un premier aspect est fortement mis en lumière par saint Irénée de Lyon, martyr et grand théologien à la fin du IIe siècle, le premier à avoir donné une théologie en quelque sorte systématique. Saint Irénée écrit : « Là où se trouve l’Eglise, il y a aussi l’Esprit de Dieu ; et là où se trouve l’Esprit de Dieu, il y a l’Eglise, ainsi que toute grâce ; car l’Esprit est vérité ». Il existe donc un lien profond entre l’Esprit Saint et l’Eglise. L’Esprit Saint construit l’Eglise et lui donne la vérité, répand l’amour – comme le dit saint Paul – dans les cœurs des croyants ».
L’épreuve : les oppositions aux vérités de foi
« Puis il y a un deuxième aspect, ajoutait le pape. Ce profond lien avec l’Esprit n’efface pas notre humanité avec toute sa faiblesse, et ainsi, la communauté des disciples connaît dès le début non seulement la joie de l’Esprit Saint, la grâce de la vérité et de l’amour, mais également l’épreuve, constituée surtout par les oppositions aux vérités de foi, avec les atteintes à la communion qui s’ensuivent. De même que la communion dans l’amour existe depuis les origines et existera jusqu’à la fin, ainsi, malheureusement dès le début surgit aussi la division ».
Impossible « communion »
Et de préciser qu’il n’y a pas de « communion » – au sens précisé plus haut – possible avec qui « s’est éloigné de la doctrine du salut » : « Nous ne devons pas nous étonner que celle-ci existe également aujourd’hui (…), soulignait le pape. Il existe donc toujours le risque, dans la vie du monde et également dans les faiblesses de l’Eglise, de perdre la foi, et ainsi de perdre aussi l’amour et la fraternité. Celui qui croit à l’Eglise de l’amour et veut vivre dans cette Eglise a donc le devoir précis de reconnaître également ce danger et d’accepter que la communion avec celui qui s’est éloigné de la doctrine du salut n’est pas possible ».
L’Eglise de l’amour est aussi l’Eglise de la vérité
« La première Lettre de Jean montre clairement que l’Eglise naissante fut bien consciente de ces tensions possibles dans l’expérience de la communion : il n’y a pas de voix dans le Nouveau Testament qui ne s’élève avec plus de force pour souligner la réalité et le devoir de l’amour fraternel entre les chrétiens ; mais cette même voix s’adresse avec une grande sévérité aux adversaires, qui ont été membres de la communauté et qui, à présent, ne le sont plus. L’Eglise de l’amour est aussi l’Eglise de la vérité, entendue d’abord comme fidélité à l’Evangile qui a été confié par le Seigneur Jésus aux siens ».
La responsabilité des apôtres
« La famille des enfants de Dieu, pour vivre dans l’unité et dans la paix, a besoin d’être gardée dans la vérité et guidée avec un sage discernement faisant autorité: c’est ce qu’est appelé à faire le ministère des Apôtres », souligne le pape qui voit là un « point important ».
Il précise à propos de la « succession apostolique » : « L’Eglise est entièrement de l’Esprit, mais elle possède une structure, la succession apostolique, dont la responsabilité est de garantir le fait que l’Eglise demeure dans la vérité donnée par le Christ, de laquelle vient également la capacité d’aimer ».
Commentant les Actes des Apôtres, le pape ajoutait : « La communion naît de la foi suscitée par la prédication apostolique, se nourrit de la fraction du pain et de la prière, et s’exprime dans la charité fraternelle et dans le service (…). Le don de la communion est conservé et favorisé en particulier par le ministère apostolique, qui est à son tour un don pour toute la communauté ».
Double service ? en réalité un seul
Pour Benoît XVI, l’autorité de l’enseignement des successeurs des apôtres se lit ainsi : « Les Apôtres et leurs successeurs sont donc les gardiens et les témoins autorisés du dépôt de la vérité remis à l’Eglise, de même qu’ils sont également les ministres de la charité : deux aspects qui vont ensemble. Ils doivent toujours penser au caractère inséparable de ce double service, qui est en réalité un seul : vérité et charité, révélées et données par le Seigneur Jésus. Dans ce sens, leur service est tout d’abord un service d’amour : et la charité qu’ils vivent et promeuvent est inséparable de la vérité qu’ils gardent et transmettent ».
Vérité et amour, deux visages du même don
« La vérité et l’amour, insiste le pape, sont deux visages du même don qui vient de Dieu et qui, grâce au ministère apostolique, est conservé dans l’Eglise et nous parvient jusqu’à aujourd’hui ! »
Gardiens de la vérité et de la charité
Actualisant ces réflexions, le pape conclut : « A travers le service des Apôtres et de leurs successeurs également, l’amour de Dieu Trinité nous rejoint pour nous communiquer la vérité qui nous rend libres ! Tout ce que nous voyons dans l’Eglise naissante nous encourage à prier pour les successeurs des Apôtres, pour tous les évêques et pour les successeurs de Pierre, afin qu’ils soient vraiment ensemble gardiens de la vérité et de la charité ; afin qu’ils soient, en ce sens, vraiment des apôtres du Christ, pour que sa lumière, la lumière de la vérité et de la charité, ne s’éteigne jamais dans l’Eglise et dans le monde ».