Le président du conseil des ministres libanais, M. Fouad Siniora, a été reçu jeudi matin par le pape Benoît XVI puis par le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano.
Dans l’esprit de tous, deux événements: l’assassinat, il y a eu un an le 14 février, du premier ministre Rafic Hariri, et les émeutes qui ont pris pour cible le quartier chrétien d’Achrafiyé, à Beyrouth, avec l’incendie du consulat du Danemark, le 5 février dernier, en protestations contre la publication des caricatures de Mahomet.
M. Siniora est musulman sunnite. Il était accompagné de sa femme et d’une délégation comprenant quatre ministres et des représentants de différentes religions et des chrétiens de différentes confessions, comme le ministre de la culture, un orthodoxe, M . Tarek Mitri, qui a recommandé à l’attention du pape les orthodoxes du Liban.
Le Saint-Siège est particulièrement soucieux de la situation des chrétiens du Liban qui représentent quelque 37% des habitants.
L’engagement commun à « travailler pour éduquer les populations à la réconciliation et à la paix, dans le respect des droits humains et en particulier de la liberté religieuse », est ce qui ressort en effet des entretiens de ce matin.
Le pape a eu un entretien de 20 minutes en tête à tête avec M. Siniora, avant de recevoir la délégation pendant une dizaine de minutes. Le premier ministre libanais a offert au pape une icône melkite du XIe siècle, représentant la Nativité. La délégation a reçu des rosaires et les médailles du pontificat.
Une déclaration de la salle de presse du Saint-Siège indique que les entretiens ont permis « un échange d’opinions sur la situation actuelle au Liban et au Moyen Orient en général ».
« La visite du chef du gouvernement libanais et de la délégation officielle qui l’accompagnait, a entendu confirmer la grande dévotion du peuple libanais envers le pontife romain, ainsi qu’envers le Saint-Siège en général, toujours très proche de cette noble Nation », dit encore le communiqué.
Rappelons que la « Révolution des cèdres » déclenchée par la mort de M. Hariri, a obtenu le départ des troupes syriennes, après 29 ans de présence militaire.
A plusieurs reprises, souligne aujourd’hui Radio Vatican, l’Eglise maronite s’est elle-même prononcée pour une « réconciliation nationale », et elle a été prise de mire par des attaques récentes.
A l’occasion de la fête de saint Maron (345-420), moine qui a vécu en Syrie, précise Radio Vatican, le patriarche, le cardinal Nasrallah Pierre Sfeir a en effet lancé un appel fort « à tous les Maronites afin qu’ils reprennent un chemin nouveau de vraie spiritualité fondée sur la réconciliation, la tolérance, et sur le pardon réciproque ».
Mentionnant les incidents de la semaine passée qui ont causé des dommages matériels en différents lieux de culte et des couvents maronites à Beyrouth, le patriarche a demandé aux « responsables de garantir la protection et la vigilance maximale pour éviter que n’éclate une nouvelle guerre civile qui pourrait détruire la mission du Liban ».
A l’occasion de la rencontre avec le Corps diplomatique, en janvier dernier, le pape avait pour sa part évoqué le Liban en disant que « la population doit retrouver, y compris avec le soutien de la solidarité internationale, sa vocation historique à la collaboration sincère entre les communautés de foi différentes ».
Lors d’une conférence de presse qui a suivi les entretiens au Vatican, le Premier ministre Siniora a condamné ces incidents comme « inacceptables », et a assuré que les coupables seraient traduits devant les tribunaux et punis selon les lois du pays.
Il distinguait parmi les manifestations, la légitime protestation pacifique, et la protestation violente, soit du fait, « d’ignorants » soit du fait de provocateurs « infiltrés » venus d’ailleurs. Il disait son souci de la « souveraineté » et de « l’unité » de la Nation.
Pour sa part, l’ambassadeur du Liban près le Saint-Siège, M. Naji Abi Assi a confié à Zenit que la visite du Premier ministre s’inscrivait dans la tradition des relations étroites entre le Saint-Siège et le Liban comme le prouvent, disait-il, la présence des plus hautes autorités de la nation aussi bien à la canonisation de Nimatullah al-Hardini, puis aux funérailles de Jean-Paul II et à l’inauguration du pontificat de Benoît XVI.