CITE DU VATICAN, 16 juillet (zenit.org) – Le P. Gino Concetti, théologien moraliste franciscain, analyse dans L’Osservatore Romano du 15 juillet, en italien, les tenants et aboutissants de la récente confirmation de la cour de cassation de “l’arrêt Perruche”. Il choisit comme titre le soi-disant “droit à ne pas naître”: autrement dit, précise-t-il, “mieux vaut ne pas naître que d’être handicapé”… Radio Vatican réagit vivement, n’hésitant pas à évoquer les pratiques paiennes de la Rome antique. A ce même micro, le président de la Fondation Jérôme Lejeune, M. Le Méné, souhaite pour sa part l’élaboration d’une législation qui affirme: “Personne n’est autorisé à demander réparation pour le fait même d’être né”.
“La nouvelle venant de France sur le sort des personnes handicapées – dont la naissance aurait pu être évitée si le diagnostic médical avait été plus précis – a suscité des protestations immédiates et vibrantes de la part de l’association qui protège leurs droits, explique le P. Concetti. Selon l’association, avec sa sentence, la cour de Cassation ‘reconnaît explicitement que mieux vaut ne pas naître que d’être handicapé”. “Cette décision, soutient l’association, révèle de façon tragique l’incapacité de notre société á offrir un accueil matériel, effectif et psychologique à la personne porteuse de handicap”.”
Le P. Concetti évoque ensuite des titres d’agences de presse ajoutant qu’avec cette jurisprudence entrait dans le droit français le “droit à ne pas naître”. Le moraliste qui a déjà commenté en son temps “l’arrêt Perruche”, rappelle que “sur cette base a été reconnu un principe bouleversant et aberrant: une personne handicapée peut demander des dommages et intérêts à un médecin qui, en se trompant de diagnostic, n’a pas permis à sa mère de décider d’avorter”. C’est ce que confirme l’arrêt de la Cassation. “D’où, continue le Franciscain, les justes réactions des handicapés qui se disent offensés dans leur inviolable dignité et dans leur droit inaliénable à la vie”.
Poursuivant sa réflexion, le P. Concetti écrit: “A la lumière de la doctrine des droits de l’homme, confirmée par de nombreuses interventions du magistère de l’Eglise, le droit à la vie est fondamental et prioritaire entre tous les droits proclamés et protégés constitutionnellement : aucun être humain, quel que soit son état ou sa condition, ne peut être privé d’un tel droit. Il ne peut pas l’être non plus en vertu d’une éventuelle loi de l’Etat qui consentirait à l’avortement thérapeutique ou eugénique. La mère non plus ne peut le transgresser pour quelque raison que ce soit. Aucun médecin ne peut le violer, que ce soit avec ou sans le consentement de la mère, ou avec l’aval légal de l’Etat”.
Le théologien franciscain réaffirme l’enseignement biblique et ecclésial: “Tuer un être humain innocent dans le sein maternel est un “délit abominable” contre la vie humaine. Le droit jaillit de la dignité de la personne humaine elle-même et il est protégé dès le début de la législation de l’humanité (la loi mosaique)”.
Le P. Concetti précise qu’il n’entend pas par là nier aux mères le droit de se soumettre au diagnostic prénatal.Mais il rappelle que pour que cet examen soit “licite”, il doit “toujours être en fonction de la vie de l’enant à naître, en vue de l’amélioration de sa condition physique, jamais en vue de tuer”. Il cite la joie qu’a suscité la nouvelle qu’un enfant encore dans le sein de sa mère avait pu être opéré avec succès dans un hôpiutal de Turin.
“La loi de l’Etat, si elle veut respecter le primat et la liberté de la personne ne peut pas ne pas protéger la vie de sa conception à sa mort naturelle, conclut le P. Concetti. Un choix alternatif à la vie est seulement inhumain, criminel. Dans la mise en oeuvre d’un dessein pervers tout acte est immorable et à réprouver”.
Jean-Marie Le Méné, président de la Fondazione Jérôme Lejeune (cf. http://www.genethique.org) confiait pour sa part à Radio Vatican (nous traduisons à partir de la transcription italienne) qu’il est “tout à fait clair que cette jurisprudence a été faite d’une part pour ne pas contredire un jugement précédent, qui représente une grave violation de la dignité humaine, et en même temps, pour consentir à la Cassation de partir en vacances en quittant la scène sur la pointe des pieds”.
“Tout cela, continue M. Le Méné, n’en représente pas moins une grande défaite pour la dignité de la personne handicapée. L’handi-phobie, c’est-à-dire le refus de la personne handicapée est maintenant tout à fait confirmée: l’enfant pourra demander à ses parents une sorte d’indemnité pour le fait d’être né, et c’est donc une forme d’acte d’accusation conte l’amour que les parents ont pour lui”.
Il souligne la nécessité d’élaborer des “lois appropriées”. “Le jugement de la cour de Cassation peut être blanc un jour et noir le lendemain, explique le président de la Fondation, ce qui signifie qu’il n’existe pas de paramètres fixes. La seule solution est donc d’établir une loi et demander au législateur d’introduire dans la loi un dispositif ainsi formulé: ‘Personne n’est autorisé à demander réparation pour le fait même d’être né’.”