Benoît XVI se réserve les canonisations et délègue les béatifications

Précisions du card. Saraiva Martins

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ROME, Jeudi 29 septembre 2005 (ZENIT.org) – C’est maintenant officiel, Benoît XVI se réserve de présider les canonisations et choisira des envoyés pour les béatifications : une pratique déjà commencée en mai dernier.

Benoît XVI a décidé de ne pas présider lui-même les célébrations des béatifications, pour marquer la différence entre béatification et canonisation.

Il reprend ainsi un usage antérieur au 17 octobre 1971 : le pape Paul VI avait voulu présider la béatification du P. Maximilien Kolbe, martyr du nazisme, et ceci comme un signe de la solidarité avec l’Eglise polonaise opprimée.

Une communication de la Congrégation pour les Causes des saints, en date de ce 29 septembre, et signée par le préfet de ce dicastère, le cardinal José Saraiva Martins, et par le secrétaire, Mgr Edward Nowak, indique en effet les quatre dispositions prises par le pape pour des raisons à la fois « théologiques » et « pastorales ».

La congrégation rappelle que la canonisation « attribue au Bienheureux un culte dans toute l’Eglise » : les canonisations seront présidées par le souverain pontife.

La béatification « qui est toujours un acte pontifical, sera célébrée par un représentant du Saint-Père », normalement, le préfet de la Congrégation pour les Causes des saints.

La deuxième mesure est que « le rite de béatification se déroulera dans le diocèse qui a promu la cause du nouveau bienheureux ou un autre lieu reconnu idoine ».

La troisième mesure prévoit qu’à la demande des évêques et des acteurs d’une cause, et sur l’avis de la secrétairerie d’Etat, une béatification puisse se dérouler à Rome, ce sera le cas prochainement du cardinal Von Galen.

Enfin, la communication rappelle que le rite de béatification aura normalement sa place au cœur d’une célébration eucharistique « à moins que des raisons liturgiques particulières ne suggèrent qu’il ne se tienne au cours de la célébration de la Parole ou de la liturgie des Heures ».

En outre, un article sur ce thème a été publié par le cardinal Saraiva Martins dans l’édition italienne de L’Osservatore Romano de ce 29 septembre.

Le cardinal souligne en effet que ces dispositions veulent à la fois marquer la « différence substantielle entre canonisation et béatification », mais aussi « impliquer plus visiblement les Eglises particulières dans les rites de béatification des serviteurs de Dieu ».

La reprise du geste de Paul VI « a pratiquement atténué aux yeux du peuple la différence substantielle » entre canonisation et béatification, souligne le cardinal Martins : au cours de son pontificat, Jean-Paul II n’a pas présidé moins de 1.338 béatifications.

Or, la congrégation pour les causes des saints a souligné la nécessité de manifester à la fois que la béatification est un acte pontifical, qui autorise le culte local d’un serviteur de Dieu : sa décision doit être pour cela rendue publique par une Lettre apostolique.

C’est ainsi que, le 14 mai dernier, le cardinal Saraiva Martins a présidé la béatification de la bienheureuse des Etats Unis, Marianne Cope (1838-1918), et de l’espagnole Ascensión del Corazón de Jesús (1868-1940), donnant lecture de la lettre apostolique de Benoît XVI.

Le 18 juin dernier, la béatification de trois prêtres polonais a été présidée, à Varsovie cette fois, par le cardinal Józef Glemp, primat de Pologne.

Le cardinal Saraiva Martins rappelle que pendant les premiers siècles de l’Eglise, le culte des martyrs et des « confesseurs » était laissé à l’appréciation des Eglises locales.

C’est au XIVe siècle, que le Saint-Siège a commencé à autoriser des cultes limités à certains lieu et les serviteurs de Dieu, dont la cause de canonisation n’avait pas abouti : c’était une première forme de béatification.

La concession de cultes limités par le pape s’est poursuivie aussi après l’institution de la Congrégation des rites, en 1588, par le pape Sixte Quint.

C’est en 1983 que le pape Jean-Paul II a institué la Congrégation pour les Causes des saints, par la constitution apostolique « Divinus Perfectionis Magister ».

Le cardinal Saraiva Martins précise que la canonisation représente « la suprême glorification d’un serviteur de Dieu par l’Eglise », et revêt un caractère définitif et pour toute l’Eglise. La béatification en revanche est la concession d’un culte public à un serviteur de Dieu de façon limitée, en raison de ses vertus « héroïques » ou son martyre.

Dans l’histoire récente de l’Eglise en effet, la béatification a toujours précédé la canonisation, alors que par le passé, il y a de rares exemples de canonisation sans béatification, comme par exemple pour l’archevêque de Milan Charles Borromée, canonisé en 1610 sans avoir été béatifié.

Pour ce qui est de la célébration dans les Eglises locales, la date et le lieu seront décidés – comme jusqu’ici – en accord avec l’évêque local, les acteurs de la cause, et la secrétairerie d’Etat.

Le rite de la béatification, précise le cardinal Martins, commencera par « la présentation à l’assemblée des traits essentiels de la biographie du futur bienheureux », par le ou les évêques diocésains.

Le pape nommera par conséquent son représentant, normalement le préfet de la Congrégation romaine, chargé de donner lecture de la Lettre apostolique par laquelle le pape « accorde au serviteur de Dieu le titre et les honneurs de bienheureux ».

Le rite de béatification a sa place dans la célébration eucharistique, après l’acte pénitentiel et avant le chant du Gloria, mais pour des raisons locales », elle pourra donc désormais avoir lieu lors d’une célébration de la parole ou de la liturgie des heures.

La célébration liturgique en l’honneur du nouveau bienheureux sera présidée par le représentant du pape ou l’évêque diocésain ou un des évêques diocésains, sur décision de la secrétairerie d’Etat, et la liturgie sera coordonnée avec un accord entre le bureau des célébrations liturgiques pontificales, et les Eglises particulières.

Enfin, les évêques pourront demander qu’une béatification ait lieu à Rome, avec les mêmes critères de célébration que précédemment, souligne le cardinal Saraiva Martins.

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ZENIT Staff

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