ROME, Lundi 26 septembre 2005 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI a reçu en audience samedi matin – et pendant plusieurs heures – le théologien suisse Hans Küng, annonce le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls.
Notons que le mois dernier Benoît XVI avait reçu Mgr Bernard Fellay, responsable de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X : les observateurs voient dans la visite du prof. Küng un nouveau geste de dialogue et d’apaisement du pape Benoît XVI.
La rencontre, explique M. Navarro Valls, « s’est déroulée dans un climat amical. Les deux parties étaient d’accord que cela n’aurait pas de sens d’entrer, dans le cadre de cette rencontre, dans une discussion sur des questions doctrinales persistantes entre Hans Küng et le magistère de l’Eglise catholique. Le colloque s’est donc centré sur des thématiques qui ont revêtu, récemment, un intérêt particulier pour le travail de Hans Küng, la question du « Weltethos », de l’éthique mondiale, et le dialogue de la raison et des sciences naturelles avec la raison et la foi chrétienne ».
« Le prof. Küng a souligné que son projet de « Weltethos » n’est pas une construction intellectuelle abstraite, continuait M. Navarro Valls, mais qu’elle met plutôt en lumière les valeurs morales à propos desquelles les grandes religions du monde convergent, en dépit des différences, qui peuvent être perceptibles en tant que critères valides de la raison, étant donné leur caractère raisonnable évident ».
« Le pape a apprécié, continuait la déclaration du Vatican, l’effort du prof. Küng de contribuer à une reconnaissance renouvelée des valeurs morales essentielles de l’humanité, à travers le dialogue des religions et la rencontre avec la raison séculière. Il a souligné que l’engagement pour une conscience renouvelée des valeurs qui soutiennent la vie humaine, est même un objectif important de son pontificat ».
« En même temps, le pape a réaffirmé son accord sur la tentative de Hans Küng de relancer le dialogue entre la foi et les sciences naturelles et de faire valoir, face à la pensée scientifique, le caractère raisonnable et la nécessité de la Gottesfrage (la question de Dieu) ».
Il concluait : « Pour sa part, le prof. Küng a applaudi les efforts du pape en faveur du dialogue des religions et aussi à propos de la rencontre des différents groupes sociaux du monde moderne ».
Dans un entretien accordé à l’Associated Press, Hans Küng a indiqué que l’audience avait duré plusieurs heures et que la conversation avait été « très constructive et même amicale ».
Il n’a pas parlé de « réconciliation » mais de « respect mutuel », affirmant : « Même si nous avons suivi des chemins de plus en plus différents (…) nous sommes tous les deux des chrétiens et nous servons la même Eglise ».
Hans Küng, né en Suisse en 1928, est prêtre catholique. Il avait été nommé par le pape Jean XXIII comme conseiller officiel du Concile, alors qu’il était professeur de Théologie dogmatique et oecuménique et directeur de l’ Institut d’ Etudes Œcuméniques de l’Université Eberhard-Karl de Tübingen. Il s’était vu retirer le droit d’enseigner la théologie au nom de l’Eglise catholique dans cette l’université, en 1979 après avoir contesté des éléments de la foi de l’Eglise.
Il est ensuite devenu directeur d’un département indépendant de la faculté de théologie de l’Institut de recherche oecuménique de Tübingen. Il s’était déclaré « profondément déçu » par l’élection de Benoît XVI au siège de Pierre en avril dernier.
« Je suis sûr que (cet entretien) sera perçu dans le monde catholique (…) comme un signe d’espoir car cela montre que (le pape) a des intentions plus positives que ce que l’on pensait peut-être au départ », a déclaré le théologien.
En 1968, il avait rédigé la déclaration « Pour la liberté de la Théologie », remaniée par Yves Congar, Karl Rahner et Edward Schillebeecks et finalement signée par 1360 théologiens du monde entier, parmi lesquels figurait aussi Joseph Ratzinger.