ROME, Lundi 26 septembre 2005 (ZENIT.org) – Le « respect », maître-mot du dialogue avec les religions non-chrétiennes, rappelle Mgr Fitzgerald.
« Nostra Aetate aujourd’hui: réflexions sur son appel à une nouvelle ère de relations interreligieuses » : les 40 ans de la déclaration conciliaire sur les relations de l’Eglise catholique avec les religions non-chrétiennes, « Nostra Aetate », un congrès est organisé sur ce thème à Rome, à l’université pontificale grégorienne. Il s’achèvera le 28 septembre.
Le président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, Mgr Michael Fitzgerald a évoqué ce document au micro de Radio Vatican.
« Le mot clef de ce bref document est peut-être le « respect », c’est-à-dire que l’on doit respecter les personnes des autres religions. Pourquoi ? Parce qu’il y a des valeurs avec des vérités, il y a des choses meilleures de ces traditions religieuses. « Nostra Aetate » affirme que l’Eglise regarde avec estime ces personnes et apprécie ces rayons de vérité qui sont contenus dans les différentes traditions ».
Mais qu’est-ce qui a changé en 40 ans ? « En 40 ans, répond Mgr Fitzgerald, il y a eu une application de cette attitude de respect, spécialement dans les activités des papes : Paul VI, Jean-Paul II et nous pouvons dire Benoît XVI également, par son accueil des délégations après l’inauguration de son pontificat, la visite de la synagogue de Cologne, sa rencontre avec les responsables musulmans d’Allemagne. Il y a toujours cette démonstration d’un accueil de l’autre et une volonté de collaboration dans le monde d’aujourd’hui ».
Dialogue, et donc, « approfondissement de sa propre identité », explique en outre le président du dicastère romain : « Cela ne veut pas dire, ajoute-t-il, sacrifier notre identité chrétienne, catholique, pour avoir des relations plus faciles avec les autres. De fait, les différences entre les religions nous font découvrir davantage ce qui est précieux dans notre foi. Et surtout l’incarnation, que Dieu s’est fait homme pour nous sauver, et que c’est le chemin du salut. Le dialogue avec les autres religions ne détruit pas cette vérité de notre foi, mais la met en relief ».
Il précise, à propos des relations avec les musulmans : « Je crois que les relations avec les musulmans se sont développées ces 40 dernières années. Il y a un plus grand intérêt de la part des musulmans. Il y a eu de leur part des initiatives. Il existe une certaine structuration du dialogue. Notre conseil a créé deux comités permanents avec les musulmans, nous avons des relations avec d’autres groupes musulmans, des relations régulières pour discuter des problèmes du monde d’aujourd’hui, pas seulement de problèmes théologiques. Je crois que dans d’autres parties du monde aussi, il y a une cohabitation, même si elle est difficile, avec les musulmans, mais il y a des progrès ».
Quant aux religions asiatiques, il faisait observer : « Nous ne devons pas considérer ces religions asiatiques comme présentes seulement en Asie, parce qu’elles se diffusent dans le monde entier, comme cela se passe pour l’islam. Donc, il y a des Bouddhistes en Europe, en Amérique, et en Australie. Il y a aussi cette tendance de la part de personnes qui viennent du christianisme à se sentir attirées par le bouddhisme. Pour l’Hindouisme, un peu moins, mais il y a des communautés hindoues dispersées dans le monde. Avec les bouddhistes aussi, spécialement ceux du Japon, nous avons noté la grande ouverture, un désir de dialoguer et de mieux connaître le christianisme. De nombreux groupes qui viennent à Rome et qui participent à l’audience générale sont très contents de rencontrer le Saint-Père. Mais il y a des difficultés, parfois causées par une prédication de l’Evangile de la part non pas tant des catholiques mais d’autres chrétiens, qui ne respecte pas la culture ou la religion des autres et ceci provoque une réaction parfois violente contre les chrétiens ».
Mais comment concilier le dialogue et l’annonce de l’Evangile ? Mgr Fitzgerald estime que « l’on peut dire qu’il y a une certaine tension entre l’annonce de Jésus Christ et le dialogue, mais si nous regardons bien, le dialogue comporte une certaine annonce de l’Evangile parce que le chrétien doit, comme nous l’avons dit, dialoguer avec son identité ».
« Donc, disait-il, on ne doit pas avoir peur de témoigner de sa foi, et d’autre part l’annonce du Christ qui doit être faite par le dialogue, doit tenir compte du contenu et de la tradition religieuse de la personne à laquelle s’adresse le message. Il n’y a donc pas une séparation complète entre ces deux moments mais il y a un discernement avec la grâce de l’Esprit Saint : qu’est-ce que je dois faire en ce moment ? Annoncer Jésus Christ et inviter cette personne à entrer dans la communauté chrétienne, ou est-ce le moment de dialoguer, dans le respect de son choix, de sa conscience ? A propos de l’attitude de l’Eglise vis à vis des autres religions, le document Nostra Aetate doit être mis en relation avec la déclaration « Dignitatis Humanae » , sur la liberté religieuse, parce que l’Eglise a dit que chacun doit chercher la vérité, mais que chacun doit suivre sa conscience. Nostra Aetate est une façon de respecter la conscience des autres qui appartiennent à d’autres religions ».