Un boom mondial de la curiosité spirituelle : la foi catholique connaît un pic sans précédent après la dernière Pâque du pape François
Dans un monde numérique où la curiosité se mesure souvent en clics et en barres de recherche, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire dans les jours qui ont précédé Pâques cette année. Les recherches mondiales en ligne sur « comment se convertir au catholicisme » ont augmenté de 373 % entre le 20 et le 26 avril, marquant ce que les observateurs appellent un phénomène spirituel déclenché par les derniers moments publics – et la mort soudaine – du pape François.
Le pontife de 88 ans a fait sa dernière apparition publique le dimanche de Pâques 20 avril, offrant une bénédiction frêle mais rayonnante aux foules de fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre. Moins de 24 heures plus tard, il n’était plus là.
Il s’en est suivi non seulement un deuil, mais aussi un choc. Internet, qui est souvent le miroir des tendances culturelles, s’est rempli de questions, non seulement sur la succession papale, mais aussi sur la foi elle-même.
« C‘est différent de tout ce que nous avons suivi auparavant », a déclaré Magdalena Petrusic, analyste principale des voyages à Vatican Tickets & Tours, l’agence qui a compilé les données de Google Trends. « Nous avons l’habitude de voir des pics de tourisme ou des demandes de renseignements sur des événements lorsqu’une grande figure religieuse décède. Mais cette fois-ci, c’était différent. Les gens ne préparaient pas de voyage, ils cherchaient à obtenir une conversion. »
Le moment où cette augmentation s’est produite est révélateur. Selon M. Petrusic, elle a commencé presque immédiatement après l’apparition du pape François le dimanche de Pâques et a connu un pic spectaculaire le jour de sa mort. « C’est comme si le monde s’était arrêté, avait regardé puis réagi, non pas par apathie ou distraction, mais avec le désir ardent de comprendre ce qui motivait cet homme », a-t-elle déclaré.
François était largement apprécié pour son humilité, son appel à la justice écologique et son insistance sur la miséricorde plutôt que sur le jugement. Son pontificat, marqué par des gestes aussi simples que payer lui-même les factures d’hôtel ou laver les pieds des réfugiés, a trouvé un écho bien au-delà des murs traditionnels de l’Église.
Mais les données suggèrent également une tendance plus profonde qui s’est développée discrètement sous la surface : un changement générationnel dans la participation religieuse.
Un rapport récent de la Société Biblique, intitulé « The Quiet Revival » (Le réveil tranquille), met en évidence une augmentation marquée de l’intérêt pour le christianisme, en particulier parmi la génération Z et les milléniaux âgés de 18 à 34 ans. Alors que les congrégations anglicanes au Royaume-Uni ont diminué ces dernières années, la participation catholique dans le même groupe d’âge a augmenté de façon spectaculaire, passant de 23 % en 2018 à 41 % en 2024. Le pentecôtisme a également enregistré des gains, mais la résurgence catholique se distingue par son ampleur et sa profondeur.
« On pensait autrefois que les jeunes générations s’éloignaient de la foi. Ce n’est qu’à moitié vrai », déclare Alina Meredith, sociologue des religions à l’université d’Oxford. Ce que nous observons aujourd’hui n’est pas un rejet de la croyance, mais un rejet des rituels vides. Les jeunes se tournent vers des expressions de la foi axées sur des objectifs précis : l’aide aux pauvres, la gestion de l’environnement et l’inclusion radicale. Le pape François en est un bon exemple.
Dans un monde où les gros titres sont de plus en plus éphémères, l’Église catholique capte à nouveau l’attention du monde, non pas par le scandale ou le spectacle, mais par une question silencieuse qui résonne dans des millions d’esprits : que signifie appartenir à quelque chose de plus grand que soi ?
Pour beaucoup, la réponse ne se trouve pas dans une cathédrale, mais dans un moteur de recherche.