Le Pape François lors de l’Audience générale janvier 2025 © Vatican Media

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Appelés à la mission

Message du Saint-Père à l’occasion du Congrès national pour les vocations à Madrid (texte intégral)

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[Pavillon Madrid-Arena du Parc des Expositions Casa de Campo á Madrid, du 7 au 9 février 2025].

Chers frères et sœurs,

Je voudrais m’associer à la célébration de ce Congrès national sur les vocations, qui a été intitulé : « Pour qui suis-je ? Assemblée des appelés à la mission », en remerciant tous ceux qui travaillent pour les vocations sur les terres bien-aimées d’Espagne. En premier lieu, ceux qui accomplissent cette tâche, envoyés par leurs évêques ou leurs supérieurs, qu’ils travaillent dans des centres de formation ou qu’ils accompagnent simplement des jeunes. Également, ceux qui, par l’exemple de leur vie, rendent visible et – osons le dire – contagieux le dévouement généreux et confiant au projet que Dieu a pour chacun d’entre nous. Sans oublier ici ceux qui, par leur prière et leur sacrifice, obtiennent de Dieu d’abondantes grâces pour que nous, bergers et brebis, maîtres et disciples, soyons configurés à la mesure du Cœur du Christ.

J’ai été heureux que la devise du Congrès reprenne les mots de l’Exhortation apostolique post-synodale Christus vivit. « Tant de fois, nous dit le document, dans la vie, nous perdons du temps à nous demander : « Mais qui suis-je ? » Mais tu peux te demander qui tu es et passer toute ta vie en cherchant qui tu es. Demande-toi plutôt : « Pour qui suis-je ? » Tu es pour Dieu, sans aucun doute. Mais Il a voulu que tu sois aussi pour les autres, et Il a mis en toi beaucoup de qualités, des inclinations, des dons et des charismes qui ne sont pas pour toi, mais pour les autres » (n. 286).

En relisant ces paroles, je me suis souvenu de la scène du jeune homme riche qui demande au Seigneur ce qu’il doit faire pour obtenir la vie éternelle. Dans sa réponse, le Seigneur nous fait voir, avec une douce pédagogie, que le bien auquel nous aspirons ne s’obtient pas en remplissant des exigences et en atteignant des objectifs et que, même si nous avons essayé de faire tout cela depuis notre jeunesse, il nous manquera toujours quelque chose de très simple, le don total de nous-mêmes, pour suivre Jésus dans l’épreuve de l’amour le plus grand.

C’est ce qu’il demande au jeune homme riche : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi » (Mc 10, 21). Il semblerait qu’un tel appel se réfère seulement à un certain type de vocation spécifique, seulement à ceux qui se sentent appelés à embrasser la radicalité de la pauvreté évangélique. Mais ce n’est pas vrai, nous pouvons l’entendre s’adresser à chacun d’entre nous. Nous sommes tous les intendants des dons de la grâce et de la nature que le Seigneur nous a donnés, et nos talents doivent être mis à la banque et produire des intérêts, nos biens doivent être vendus, afin que les fruits puissent atteindre d’autres personnes.

Pensons à la tempête DANA qui a frappé plusieurs régions d’Espagne à la fin du mois d’octobre. Une situation qui nous interpelle profondément et qui ravive l’idée du « pour qui je suis ». Combien de témoignages de courage, de solidarité, de constatation que dans ce contexte, ce que j’ai, ce que je suis, a une finalité concrète : les autres. Et quand ce n’est pas le cas, l’amertume se fait jour, le cri de la terre et de Dieu qui nous interpelle : « N’étais-tu pas responsable de ton frère ? Au contraire, tout ce que nous avons pu donner, nous le trouverons comme des joyaux précieux sertis dans les entrailles de miséricorde de son divin Cœur (cf. Saint Jean-Baptiste de la Conception, Œuvres III, 368).

Il est curieux que le jeune homme riche de l’Évangile ne considère pas vers qui Jésus l’envoie, il ne se préoccupe pas de ce qu’il fera ou de comment il fera lorsqu’il sera avec eux ; il se préoccupe de ses biens, de ce qu’il a, de ce qu’il a fait, de ce qu’il a l’intention de réaliser, même s’il semble chercher la vie éternelle. Tout son monde se résume à lui et cela ne le satisfait pas, en effet, malgré tout ce qu’il possède, il s’en va attristé parce qu’il n’est pas capable de franchir le pas du don. Il n’a pas su investir dans l’entreprise essentielle à laquelle Dieu l’invitait. Tout autre est le témoignage de tous ces jeunes qui, comme nous l’avons vu dans la catastrophe de la tempête DANA, dans l’accueil des migrants ou lors de l’éruption du volcan de La Palma, sont les premiers à se mettre au travail.

Dans le discernement de notre propre vocation, suivons cet exemple pour saisir la valeur des biens spirituels ou matériels que nous sommes appelés à gérer. Comme l’intendant malhonnête de la parabole de saint Luc, ne les « dilapidons » pas, en les utilisant pour éloigner les autres de nous et de Dieu, mais cherchons à pouvoir dire que nous n’avons de dette envers personne sauf celle de l’amour mutuel (cf. Rm 13, 8). Il en est ainsi du personnage de la parabole : « Combien dois-tu, non pas à moi, mais à mon Seigneur ? – Voici ton reçu » (cf. Lc 16,6), afin que ces biens soient pour unir et non pour diviser.

Ne pensons pas que ce que nous avons n’est pas suffisant, les apôtres n’avaient pas non plus « de l’argent et de l’or » mais, après avoir reçu l’Esprit Saint, ils essayent de percevoir le besoin du pauvre paralytique dans le temple (cf. Ac 3,1-8), même au-delà de ses attentes. Ils ne lui donnent pas d’argent, mais l’invitent à « les regarder », à voir l’exemple de leur pauvreté et, après avoir attiré son attention, lui demandent de se relever de son alitement. Pierre le dit clairement à tout le monde : ce ne sont pas eux, mais Jésus qui a fait le miracle.

Dans un autre contexte, c’est Philippe qui rencontre un ministre du trésor royal qui, bien qu’il vienne au temple pour adorer le vrai Dieu et qu’il soit versé dans les Écritures, n’est pas en mesure de comprendre le mystère de la croix qu’Isaïe raconte dans l’histoire du Serviteur de Yahvé. De même que dans le cas de Pierre, Philippe, poussé par l’Esprit, parvient à voir le besoin de l’autre et, au-delà de ses attentes, à lui annoncer Jésus, dans la Parole et les sacrements, en s’occupant d’une pauvreté qui n’est pas matérielle mais spirituelle (cf. Ac 8, 27-35).

Demandons frères, lors de ce Congrès des Vocations, un regard capable de percevoir le besoin du frère, non pas dans l’abstrait, mais dans le concret des yeux qui sont fixés sur nous comme ceux du paralysé dans le temple. Au bureau, en famille, dans l’apostolat, dans le service, amenons Dieu là où Il nous envoie, telle est notre vocation. Avec la question « pour qui suis-je ? », nous entrons dans le mystère de Dieu et de son plan pour nous, mais n’ayez pas peur et abandonnez-vous à la volonté divine, l’Esprit vous surprendra à chaque pas, vous faisant descendre du train de la vie, comme Sainte Thérèse de Calcutta, pour réduire les distances qui vous séparent de Dieu et de votre frère, pour changer de cap et trouver Jésus dans l’étreinte de celui à qui vous êtes envoyés.

Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge veille sur vous. Et n’oubliez pas de prier pour moi.

Fraternellement,

Rome, Saint-Jean-de-Latran, 7 janvier 2025.

 

Traduction réalisée par ZENIT

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Pape François

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