Le pont Saint-Bénezet d’Avignon, inauguré en 1185 comme premier passage depuis la Méditerranée, s’est détérioré à plusieurs reprises à partir du 15e siècles, par crues et guerres.

Le pont Saint-Bénezet d’Avignon, inauguré en 1185 comme premier passage depuis la Méditerranée, s’est détérioré à plusieurs reprises à partir du 15e siècles, par crues et guerres.

La France, fille aînée de l’Eglise, 7e partie

L’acclimatation provençale en deux pontificats

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Durablement établi en Avignon sous le pontificat de Clément V, le siège de Pierre trouve non seulement la protection de son autonomie, garanti par le royaume de France vis-à-vis du pouvoir temporel, mais aussi un soutien pastoral et théologique pour gouverner et conduire à l’unité l’Église universelle. Papauté et royauté sont relayés comme par un pont entre le spirituel et le temporel.

 

I « Et sur le roc des Doms je bâtirai mon Église » : « Pierre » aux bords du Rhône

Au moment où dans notre récit nous arrivons à la fin du règne de Clément V, je crois utile de rappeler, ce qui fonde l’autorité du pape, à savoir, et en tout premier lieu, la promesse faite à Pierre par Jésus lui-même. Certes, cette haute fonction est liée à son siège épiscopal romain, car il y est mort martyr et y est enterré. Mais à sa précédente fonction, évêque d’Antioche, Pierre était déjà détenteur de cette promesse en tant que premier des apôtres dans le service de l’unité et de la charité par la volonté de Jésus. À cela il faut ajouter un certain nombre de faits historiques : beaucoup de papes ont vécu hors de Rome, ne serait-ce que pour le climat, l’été, mais aussi et surtout pour des raisons politiques, liées à leur sécurité. Six papes ne se sont même pas montrés une seule fois à Rome pendant leur pontificat. Ils possédaient d’autres lieux dans leurs États, et souvent la France s’offrit comme terre d’asile. Le respect dû à la tombe de Pierre n’était nullement rabaissé. Innocent IV (1243-1254), rappelle Jean Favier, l’a expliqué en commentant un énoncé des décrétales : « les visites ad limina dues par les nouveaux évêques ne sont pas des visites de dévotion aux tombeaux des apôtres, ce sont des visites de soumission au pape. » Elles se font donc où est le pape. Les canonistes Hostiensis et Baldo reprendront l’argument … par le rappel du principe de droit romain selon lequel « Rome est où est l’empereur », ils en tireront un adage : Ubi est papa, ibi est Roma, « Où est le pape, là est Rome » ; et Hostiensis de préciser « Ce n’est pas le lieu qui sanctifie l’homme, c’est l’homme qui sanctifie le lieu ». Toute la justification de la papauté d’Avignon est déjà expliquée, dans les années 1260 (1). En Avignon, Clément V et ses successeurs réguliers, fut « Pierre », et ce, beaucoup plus librement qu’à Rome.

Avignon appartenait au comté de Provence dont le maître était le roi de Naples de la Maison d’Anjou, vassal du pape. La ville a un port fluvial et surtout un pont construit entre 1177 et 1185, le premier sur le Rhône depuis la mer, et dispose de nombreuses routes. La ville jouxte le comtat vainaissin, avec Carpentras comme capitale, donné au pape en 1274 par le roi de France Philippe III le Hardi. Le pape est donc pratiquement chez lui, et même si la résidence n’est pas envisagée comme définitive au tout début, elle est considérée comme pratique, ne serait-ce que pour préparer le concile de Lyon.

Certes, jusqu’au concile inclus, Clément V va devoir « composer » avec le roi de France, mais il lui faut régler les erreurs de Boniface sans rabaisser la papauté. Il y parvient, mieux, il a la possibilité de tenir tête à l’empereur Henri VII. Son « éloignement » en Avignon lui permet de le faire couronner, à Rome, par des légats. Mieux encore, il peut protéger son allié et vassal, Robert d’Anjou roi de Naples, en menaçant l’empereur d’excommunication, et faire publier plus tard sous forme de décrétales des mesures du concile de Vienne qui se révélèrent alors bien utiles (« Les Clémentines »). Ce pape n’a eu, en fait, qu’une apparence de faiblesse et Jean Favier a raison d’écrire « Si l’on regarde les choses avec le recul du temps, l’image de Clément V apparaît cependant bien différente, et la pusillanimité si souvent reprochée au pape gascon prend à bien des égards, quand on en mesure les fruits, les couleurs d’une habileté pragmatique et d’une sagesse sans prétentions… la papauté n’échappait pas, sur les rives du Rhône, aux pressions politiques, mais lui étaient épargnées là, les contraintes et les menaces, les émeutes et les luttes de clans qui paralysaient les pontifes du temps qu’ils étaient à Rome. »(2) Clément V put voir venir sa fin avec sérénité. Il voulut finir ses jours dans sa Gascogne natale, mais mourut en route, à Roquemaure le 20 avril 1314. Ses obsèques eurent lieu dans la cathédrale de Carpentras. Le conclave commença à s’y tenir, mais des troubles fomentés par les Gascons poussèrent les cardinaux à la dispersion, d’autant plus qu’il n’y avait aucun accord entre eux. Philippe le Bel intervint encore, mais plus comme arbitre lucide pour le bien de l’Église que comme maître. Il demande en effet à ses cardinaux français d’écouter leurs confrères italiens, car il pressent le risque de schisme. Il conseille une réunion préalable de conciliation en petit comité dans lequel chaque partie serait représenté, et du côté français il cite à ses deux destinataires cardinaux, le nom de son confesseur, frère Nicolas, lui-même cardinal prêtre, son candidat très probablement : « En effet, si vous procédiez à l’élection à Avignon ou à Carpentras en méprisant les objections des autres et en leur absence, il est certain qu’ils se mettraient d’accord pour procéder à l’élection d’une autre personne, qui ne serait pas de nos amis ».(3) Le roi mourut brusquement deux mois plus tard, le 29 novembre 1314. Marigny fut rapidement éliminé dans les mois qui suivirent et les négociations piétinèrent.

 

II Un conclave beaucoup trop long.

Les divisions des cardinaux ne furent pas la seule cause de cette longueur, il faut y rajouter les problèmes politiques français. Le nouveau roi Louis X dut faire face à des revendications nobiliaires puis populaire, dues à un changement de politique intérieure voulue par son oncle Charles de Valois, qui sera la cause de la perte de Marigny dont il obtint la pendaison. La guerre avec les Flamands reprendra aussi, suivie d’une défaite. Le roi pourra cependant reprendre la politique de son père. Mais il mourra rapidement de maladie le 5 juin 1316, laissant une fille et son épouse enceinte. Il faudra donc attendre la naissance, le 19 novembre 1316, de l’enfant, un garçon qui ne vivra que quatre jours, pour savoir qui gouvernera durablement. Dès la mort de son frère, Philippe, comte de Poitiers, avait pris la régence sans difficultés. Mais dans l’incertitude de la future naissance, il devait profiter de ce temps où personne ne lui disputait le pouvoir pour régler la situation de l’Église. Heureusement les discussions entre les deux parties avaient avancé, et depuis le printemps 1516, les cardinaux se trouvaient réunis à Lyon au couvent des dominicains. Le 28 juin, le régent fit cerner le couvent par la troupe et leur fit savoir qu’ils ne sortiraient pas tant qu’ils n’auraient pas élu un pape. Napoléone Orsini, encore lui, avait su mettre en avant la candidature de Jacques Duèze, souhaitée autant par le régent de France que par Robert, roi de Naples. Ce cardinal avait une excellente réputation, méritée, et aussi 70 ans…! Le 7 août 1316, l’Église avait un évêque de Rome, résidant en Avignon, pape sous le nom de Jean XXII qui allait régner dix huit ans, ce que ses électeurs n’avaient pas imaginé. Il fut couronné de la tiare, à Lyon comme Clément V,  le 5 septembre 1516 dans l’ancienne église Saint-Just (aujourd’hui détruite). Le pape chevaucha dans la ville, Charles de la Marche, futur roi Charles IV, et le comte d’Évreux, oncle du roi de France Philippe V, tinrent la bride de son cheval (renouvelant le geste de Pépin le Bref pour le pape Étienne Il le 6 janvier 754, ce qui manifestait une réconciliation totale entre le pape et sa fille aînée). Et le pape s’embarqua peu après sur le Rhône pour rejoindre Avignon. Mais l’interminable conclave avait tellement scandalisé que les interrègnes, par la suite, ne dépasseront plus quinze jours.

 

III Jean XXII (1244-1334)

Le nouvel élu, Jacques Duèze, avait une longue carrière derrière lui. Il était natif de Cahors où il avait étudié ainsi qu’à Montpellier, et était devenu docteur en droit civil et canonique. Charles Il d’Anjou en avait fait son chancelier de Provence en 1308. Pour l’Église, il fut archidiacre de Sarlat, puis en 1300 évêque de Fréjus, en mars 1310, évêque d’Avignon, par la volonté de Clément V qui lui confia la chancellerie pontificale. En 1312, le pape en fit un cardinal prêtre puis cardinal évêque. Élu pape, Duèze confia son siège épiscopal d’Avignon à son neveu Jacques de Via qu’il créa cardinal en décembre 1316. Après l’abrupt décès du nouveau cardinal, il vint habiter le palais épiscopal et y resta dix-huit ans. Il avait peu voyagé, c’était un homme d’études et de cabinet, de finesses et d’intelligence. Il put ainsi s’occuper lui-même de toutes les affaires de l’Église, possédant, de plus, une grande puissance de travail. La veille de sa mort il travaillait normalement. Son sens politique lui fit bien comprendre la situation périlleuse de Rome, ce qui explique que jamais il ne songea à s’y rendre. Et quand le roi de France, qui était son ami, Philippe V lui proposa de s’établir en France, il marqua très nettement son attachement à Avignon. Il fit d’ailleurs exécuter des travaux importants d’aménagement au palais épiscopal, et fit d’Avignon le grand centre administratif et financier de l’Église. Il mit en place une véritable organisation à vocation internationale, qui allait bien évidemment avoir un coût. La fiscalité pontificale était partie pour se faire sentir à toute la chrétienté, un siècle plus tard, au concile de Constance, on se souviendra qu’il en fut l’inventeur. Mais, précisons le bien, la cause n’était pas à chercher dans le luxe de la cour papale à cette époque, mais simplement dans l’accroissement d’une administration qui faisait travailler beaucoup plus de gens qu’auparavant et qui allait fournir au Chef de l’Église les moyens qui lui manquaient souvent, situation qui l’avait souvent placé à la merci du bon vouloir des princes séculiers. Il laissa beaucoup d’argent à sa mort, mais bien moins qu’on l’a généralement dit.

Le début du règne avait mal commencé. Je passe sur le bruit des premiers complots contre la vie du pape, car cela ne fut jamais élucidé et l’incrimination de certaines personnes demeure totalement invraisemblable. Mais c’était peut-être un signe prémonitoire. L’évêque de Cahors, Hugues Géraud, était en effet sous le coup d’une enquête canonique pour mauvaise vie et simonie. Il avait eu la confiance du duc de Guyenne (aussi roi d’Angleterre) et du pape Clément V, et là, il risquait la destitution, car connaissant l’intérêt que portait le nouveau pape pour sa ville natale, Cahors, il n’aurait pu compter sur sa clémence. Aussi envisagea-t-il de le supprimer avec quelques personnes de son entourage, et ce par les méthodes habituelles en son milieu et en son temps, le poison et la sorcellerie. On utilisa les poupées de cire, qu’on baptisa du nom des personnes à éliminer, et pour le pape on avait projeté de rajouter du poison pour être plus sûr.

Le « commando » pénétra dans Avignon début mars 1317 avec un chargement de pain, mais en se comportant d’une manière si étrange que la police pontificale l’arrêta et eu la surprise de découvrir dans les pains, des statuettes de cire percées d’aiguilles et des fioles de poison à la place de la mie. Et les statuettes avaient des étiquettes avec les noms des personnes à supprimer. Auparavant il semble qu’un « essai » ait été tenté sur une statuette « baptisée » Jacques de Via, neveu du pape et cardinal. L’enquête commença, et le 13 juin 1317, Jacques de Via mourut brusquement. L’évêque de Cahors était déjà à Avignon attendant sa livraison, qui n’arrivait pas et pour cause. Ce n’était pas un calme, il s’énerva et il avait déjà trop parlé ! Pire, les étranges baptêmes avaient eu lieu à Toulouse dans la chapelle de l’évêque devant une compagnie « choisie ». Le pape sut donc très vite toute l’affaire, d’autant plus que les gens du roi avaient fait diligence à Toulouse et connaissaient tous les complices. L’évêque de Cahors avoua tout, le pape le dégrada et le condamna à la prison à vie, mais dut le remettre au bras séculier qui procéda à la dégradation dans les règles habituelles, arrachage de la peau des mains et du front, là où le Saint Chrême avait coulé. Il fut condamné à mort pour sorcellerie (mort du neveu du pape), et brûlé vif. Le pape eut l’intelligence de pardonner à tous les autres complices. Il y eut des changements d’évêchés, style chaises musicales, en l’occurrence, trône épiscopaux… ! Certains noms ne semblent même pas avoir été connus du public. Ce fut sage, car si tous les complices avaient été poursuivis, c’eût été étaler au grand jour le mal qu’avaient fait à la papauté les luttes de Boniface VIII, on aurait daubé sur l’abandon de Rome et le conclave interminable, les critiques du choix d’Avignon auraient repris. En s’offrant le luxe de pardonner, Jean XXII affermissait son pouvoir dès le début de son ministère, et ce fut d’autant plus important qu’il dura dix huit ans.

 

IV Les questions théologiques du pontificat : fascination de la pauvreté et la question de la vision béatifique

La fascination de la pauvreté avait constitué une des bases du catharisme qui aurait fini par détruire toute forme de civilisation, si l’Église ne l’avait pas combattu. Les deux premiers papes d’Avignon venaient de régions qui avaient connu cette lutte, et  l’implacable croisade, suivie de l’action de l’Inquisition. Clément V, considérant l’affaiblissement du catharisme et les excès de l’Inquisition, avait transféré les pouvoirs de cette dernière aux évêques diocésains qui avaient de toutes façons pouvoir de juridiction en la matière. Le nouveau Pontife va le suivre en partie en créant douze nouveaux diocèses dans la France méridionale, ce qui va permettre aux évêques d’avoir une approche plus directe et plus humaine de cette question d’hérésie, et les bûchers vont continuer à se faire plus rares. Cependant il devra faire droit aux protestations des dominicains qui s’étaient évidemment sentis écartés par Clément V, car le nouveau pape sait qu’il va avoir affaire aux franciscains. Mais l’Inquisition ne reprendra pas ses excès. Car la surenchère dans le domaine de la pauvreté ne va pas fabriquer de « nouveaux parfaits », élites du catharisme, mais va s’abattre sur l’ordre franciscain. À la mort du fondateur, l’Église avait maintenu le principe de la pauvreté personnelle, mais permis la possession collective de livres, de nourriture, de bâtiments et de meubles. Cette attitude créa un mouvement radical qui au fil du temps menaça de faire sécession de l’ordre. En 1317, année décidément très difficile pour notre nouveau pape, l’affaire se gâta pour une question de vêtements. Les radicaux, appelés encore spirituels, poussèrent leur souci de pauvreté jusqu’à ne plus changer leurs robes de bure, et les porter rapiécées ou en guenilles ! Le Supérieur fit alors appel au pape. Le 7 octobre est publiée la bulle Quarumdam exigit, ordonnant aux « spirituels » de cesser de se distinguer des autres par leur accoutrement et leur rappelant que dans les trois vœux, l’obéissance passe avant la pauvreté. Sur la délégation de soixante quatre moines venus en Avignon et à qui on notifia la bulle le 12 octobre, vingt-cinq refusèrent de s’incliner dès le 6 novembre. Ils furent immédiatement déférés à l’inquisiteur de Provence, Michel Lemoine, lui aussi franciscain et opposé aux radicaux. Ces derniers se rassembleront alors en groupes de « petits frères », « fraticelli », qui va regrouper les mécontents en tout genre. On va voir réapparaître Bernard Délicieux, qui sous Philippe le Bel avait mélangé sa haine des inquisiteurs à l’opposition au roi de France, au point d’encourager un complot avec les notables de Carcassonne et d’Albi pour donner le Languedoc au fils du roi de Majorque. Seize notables de Carcassonne et quarante bourgeois de Limoux furent pendus en 1305, et Bernard Délicieux fut un moment oublié et pardonné par le roi en 1308 à condition de se tenir tranquille dans un couvent de Béziers. C’est pourquoi il commit une imprudence très grande en se présentant à Avignon en 1317 pour défendre les « spirituels ». Le pape, sachant à qui il avait  affaire,  le fit immédiatement arrêter et son procès fut conduit par l’évêque de Pamiers, Jacques Fournier en 1319, et comme il aurait dû s’y attendre, il fut jugé pour tous ses actes antérieurs, dont la haute trahison contre le roi de France et condamné à la prison à vie ; il y mourut au bout de deux ans. Jean XXII excommunia  très vite les fraticelli, par deux bulles (1317 et 1318). Les ultras furent ainsi éliminés, mais pas le problème posé concernant la pauvreté. Le pape consultera alors très largement, d’autant plus que le général des frères mineurs, Michel de Césène, s’opposa ouvertement à lui lors d’un chapitre général à Pérouse le 30 mai 1322. Le pape répliqua en insistant sur l’importance de la charité que la pauvreté absolue ne permet pas. Il sera fort heureusement entendu, car le chapitre général des franciscains qui suivra lui donnera raison et déposera son général. L’ordre aura ainsi les moyens d’éducation et d’œuvres caritatives. Le mouvement radical était cassé, mais en laissant quelques survivances qui allaient dépasser le pontificat, et aussi porter une ombre sur sa fin.

La vision béatifique

À la Toussaint de 1331, dans un sermon, le pape affirma que les défunts, mêmes justes, ne pouvaient bénéficier de la vision béatifique qu’après le Jugement Dernier. Sans trop de nuances, il se prononçait sur le très difficile problème du temps intermédiaire, sujet délicat, s’il en est, parce que reposant sur l’exégèse toujours critiquable de certains passages difficiles de l’Écriture Sainte. Par exemple, dans le texte souvent cité dans ce type de débat, la réponse de Jésus au bon larron (Luc 23, 43) comporte un mystère, compte tenu du manque de ponctuation des manuscrits. Sur quoi porte le « aujourd’hui » ? Sur «  je te le dis » ou sur « tu seras avec moi dans le paradis »? Et dans les deux cas l’emploi du futur introduit une notion de temps dans l’éternité, ce qui ne constitue pas un mince problème d’interprétation ! Immédiatement les critiques vont pleuvoir, surtout du côté franciscain « spirituel », alors que du côté des conventuels, le nouveau général Guiral Ot soutient le pape. À son retour d’Angleterre où il était parti défendre cette cause, notre homme prêche à Paris au couvent des Cordeliers et c’est le scandale, au point que le roi Philippe VI de Valois doit réunir à Vincennes une assemblée de théologiens le 19 décembre 1333 qui donne tort au pape. Et d’autres noms célèbres rejoignent cet avis. Bien conseillé par l’évêque Jacques Fournier, excellent théologien, le pape va immédiatement se rétracter la veille de sa mort le 3 décembre 1334. C’est là sans doute une des causes majeures de la brièveté du conclave qui suivit la mort de Jean XXII. Après une semaine, Jacques Fournier était élu pape à l’unanimité le 20 décembre 1333, et allait régner sous le nom de Benoît XII.

 

1) Jean Favier, Les papes d’Avignon, Editions Fayard 2006, p. 26.

2) Jean Favier, op. cité, p. 108

3) Jean Favier, op. cité, p. 112

 

Lisez aussi :

La France fille aînée de l’Eglise, 5e partie (1)

France, Fille aînée de l’Église, 2e partie

France, Fille aînée de l’Église, 3e partie

France, Fille aînée de l’Église, 4e partie

La France fille aînée de l’Eglise, 5e partie (1)

La France, Fille aînée de l’Église, 5e partie (2)

La France, fille aînée de l’Eglise, 6e partie

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P. Michel Viot

Père Michel Viot. Maîtrise en Théologie. Ancien élève de l’Ecole Pratique dès Hautes Études. Sciences religieuses.

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