Boniface VIII proclame l’an 1300 grand jubilé pour l’Église.

Boniface VIII proclame l’an 1300 grand jubilé pour l’Église.

La France, Fille aînée de l’Église, 5e partie (2)

Le roi de France et le Pape : Un duel implacable en deux phases.

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La canonisation de Louis IX semblait avoir restauré l’harmonie entre le royaume de France et la papauté. Or, un nouvel esclandre provoqué par les prérogatives pontificales nuira profondément et durablement à la confiance et aux rapports entre les deux pouvoirs, temporel et spirituel.

 

IV Le jubilé d’un « Pape-Soleil » (1)

En 1300, à Rome, Boniface institua pour la première fois un jubilé, dont on apprendra par la suite qu’il serait renouvelé tous les cent ans, mais, dès le soir du premier janvier, le bruit courut dans Rome qu’allait être proclamée une indulgence plénière éliminant toutes les fautes, alors que pour les autres jours de l’année, elle ne serait efficace que pour cent ans ! Tous les romains se précipitèrent à St Pierre (2). Il fallut attendre le 6 janvier, l’Épiphanie pour entendre le cardinal d’Acquasparta dire, en présence du Pape à la foule rassemblée à l’extérieur devant Latran « Le pape est au dessus de tous les souverains temporels et spirituels quels qu’ils soient, au lieu de Dieu, par le don que Dieu fit à saint Pierre et aux apôtres après lui » (3). Le 22 février, jour de la fête de la chaire de Saint Pierre, Boniface monta à l’ambon de marbre de la Basilique, voilé d’un drap de soie pour parler pendant qu’il faisait déposer la bulle du jubilé sur l’autel, Antiquorum habet. On peut y lire la phrase suivante : « Nous accordons la remise non seulement pleine et plus large mais même totale de tous leurs péchés ». Il y affirmait donc selon la plupart des commentateurs, que l’indulgence « qu’il avait accordée était non seulement complète, mais la plus complète », et au consistoire, il avait expliqué « qu’il entendait par là que son indulgence était aussi pleine que l’étaient le pouvoir et l’autorité des clés de Pierre. Pour Stefaneschi aussi (qui était cardinal), on ne pouvait douter que la peine éternelle, commuée en une peine temporaire, était remise « complètement » par l’autorité du pape. » (4), et cela constitue un énorme problème théologique qui sera au cœur de la toute première contestation de Luther en 1517 dans ses 95 thèses sur les indulgences. Et Boniface, par une bulle simultanée, avait bien sûr exclu de l’indulgence le roi d’Aragon et les Colonna, encore excommuniés. Il croyait ainsi avoir écrasé son opposition interne et externe.

 

V L’imprudent soutien à un évêque félon et trop bavard

Boniface crut en effet bon d’intervenir avec rapidité pour défendre l’évêque de Pamiers contre Philippe le Bel. Il aurait dû se souvenir de deux choses capitales. La région du Languedoc (voisine de la Guyenne, possession anglaise) avait été traumatisée par la croisade contre les Albigeois, le roi n’y était pas bien vu et n’y pouvait manifester aucun signe de faiblesse. D’autre part, le même Boniface avait concédé à trois prélats français le droit de faire arrêter et emprisonner des clercs suspects de trahison. Et ce après l’affaire « clericis laicos ».

Bernard Saisset, l’évêque en question, avait auparavant occupé la charge d’abbé de Saint Antonin, et s’était opposé au comte de Foix pour l’autorité sur la ville de Pamiers. Boniface était alors intervenu en érigeant Pamiers en évêché en 1295 et en y faisant sacrer Saisset immédiatement par un de ses cardinaux, dans la foulée il érigea même une université qui ne fut jamais organisée. Le comte de Foix avait apparemment cédé, mais pas le roi de France, selon l’évêque qui s’en était plaint à Rome. Il proposa alors au comte la suzeraineté sur le Languedoc, ce qui équivalait à remettre en cause l’autorité royale. Le jour même où le comte vint s’agenouiller devant lui, le 25 juin 1300, pour recevoir l’absolution, il renouvela ses propositions. Le comte qui n’avait aucun intérêt à se brouiller avec le roi de France, et vice-versa, en parla à un proche, et lentement on se souvint de différents propos contestant la légitimité de Philippe le Bel, parce qu’il ne descendait pas directement de Charlemagne, ce que tout un chacun savait. Mais depuis plusieurs siècles la royauté capétienne avait prouvé et fait reconnaître sa légitimité. Le roi fit donc arrêter Saisset, en envoyant au pape l’acte d’accusation. Mais ce dernier n’attendit même pas de le recevoir, ce qui fut une erreur de méthode, et fit parvenir au roi le 5 décembre 1301 la bulle Ausculta fili. Il commençait ainsi « Écoutez très cher fils les préceptes d’un père ; prêtez l’oreille aux avertissements d’un maître qui tient la place de Celui qui est maître et seigneur… Ne vous laissez pas persuader que vous n’avez pas de supérieur et que vous n’êtes pas soumis au chef de la hiérarchie ecclésiastique… »  Il lui annonce ensuite la convocation d’un concile des évêques français à Rome le 1er novembre 1302, où il est invité à venir s’expliquer sur sa conduite. Le vocabulaire paternel du début ne doit donc pas tromper, le pape réaffirme ce qu’il avait dit autrement dans Clericis laicos, la théocratie pontificale.

La cour de France ne fut pas dupe. Robert d’Artois jeta (en privé) la bulle au feu, le roi interdit tout courrier venant des États pontificaux, tout le monde devait être fouillé, y compris les évêques ! Les premiers états généraux furent convoqués à Notre-Dame pour la semaine sainte, pour lesquels le chancelier Pierre Flote prépara un résumé de la bulle quelque peu durci, du style « Nous voulons que tu saches que tu nous es soumis au spirituel et au temporel ». Le pape n’avait pas écrit exactement cela au roi, mais c’était tout de même le résumé de sa pensée. En tout cas, il faisait fi de la particularité de la monarchie française. Car si elle était par excellence le bras armé de l’Église, c’est parce qu’elle tenait directement son pouvoir de Dieu. Il était donc injurieux de la placer dans une situation de soumission à une institution qu’elle avait toujours défendue non seulement par devoir mais avec zèle ! Un conseiller du roi, Pierre du Bois, lança alors l’idée que la conception de la papauté développée par Boniface risquait de détruire les royaumes et qu’elle était hérétique. Il offrait ainsi à Philippe le Bel un rôle qui pouvait lui procurer du succès. Il n’était plus un roi qui se dressait contre l’Église, mais un défenseur de l’Église contre un pape hérétique. Le roi avait d’ailleurs montré qu’il ne s’attaquait pas à l’Église en faisant, en fin de compte, chasser l’évêque Saisset de son royaume et le laissant se réfugier à Rome.

Revenons à l’assemblée de Notre-Dame. Bon gré, mal gré (le clergé se divisa tout de même) elle soutînt le roi et une ambassade fut envoyée au pape et au Sacré-Collège. Elle arriva fin juin. Le pape fut intraitable, menaça Flote et d’autres conseillers royaux d’excommunication et le roi de France de déposition. Le concile de Rome était donc maintenu par le pape tel une épée de Damoclès.

 

VI Boniface, croyant que le jugement de Dieu s’est manifesté en sa faveur, accroît les hostilités. Il fulmine la bulle Unam sanctam.

Le 11 juillet 1302, Philippe le Bel perdit contre les Flamands la bataille de Courtrai dans de très sévères conditions, une centaine de morts pour les Flamands, un millier pour les Français, dont Pierre Flote. Boniface y vit le jugement de Dieu et ne manqua pas de manifester publiquement sa joie ! D’autant plus qu’une partie des évêques français vint au concile de Rome ; mais là, surprise, on ne discuta pas de réformes concernant l’Église en France, comme annoncé, mais leur fut présentée une nouvelle bulle de Boniface, Unam sanctam, publiée au Latran le 18 novembre 1302, qui ne souffrait pas discussion pour deux raisons. La première et la plus importante, elle réaffirmait avec peut-être plus d’ampleur et de développements le dictatus papae de Grégoire VII, admis à l’époque par tous les théologiens catholiques, et la seconde, le texte même dans sa forme procédait par affirmations émanant du Successeur de Pierre, Vicaire du Christ. On ne pouvait que se soumettre. En plus de l’origine doctrinale précitée, on sent l’influence de saint Augustin dans la Cité de Dieu, de saint Bernard de Clairvaux pour les deux glaives, du traité contemporain de Boniface, de Gilles de Rome De ecclesiastica potestate. Cet énoncé ne contient pas d’erreurs et possède même une logique théologique, mais son application politique n’est pas évidente ! Sa publication relevait d’une maladresse diplomatique extrêmement grave en la circonstance ! Entre saint Augustin et Gilles de Rome, l’univers politique avait subi des changements considérables. Pour le sujet qui nous préoccupe, la France et sa place particulière dans l’Église, et vu les circonstances, un tel texte était inopportun.  Pour ne prendre qu’un exemple, quand la bulle évoque la création, immédiatement après avoir cité les paroles qui confèrent à Pierre le pouvoir des clés : « Quiconque par conséquent résiste à ce pouvoir ordonné par Dieu, résiste à ce que Dieu a ordonné, à moins qu’il imagine, comme Manès, deux principes, ce que nous jugeons faux et hérétique, car au témoignage de Moïse ce n’est pas dans les principes, mais dans le principe que Dieu a créé le ciel et la terre », cette bulle, en combattant fort justement le manichéisme, affirme que le ciel et la terre sont création du même et unique Dieu. Qui pourrait dire le contraire ? Mais quand suit immédiatement la phrase qui conclut le document « En conséquence nous déclarons, disons et définissons qu’il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine d’être soumise au pontife romain », on ne peut que s’interroger sur l’étendue de cette soumission ainsi exigée. S’il s’agit de soumission doctrinale concernant la foi et les mœurs, il n’y a aucun problème, mais la bulle laisse clairement entrevoir plus, puisqu’elle évoque la création du ciel et de la terre, et qu’elle tire de leur origine commune, Dieu, que le représentant de Dieu, le pape a autorité sur les deux. Le texte oublie qu’un roi de France est aussi représentant de Dieu, cette réalité avait été reconnue par les papes et l’Église elle-même, surtout depuis le sacre des  Carolingiens. Nous l’avons vu dans les parties précédentes. Au temporel, et dans ce domaine seulement, le pouvoir est partagé entre ces deux représentants de Dieu que sont le Pape et le roi, et ce dans le cadre très précis où l’organisation et la vie de l’Église touchent à la vie politique du royaume. Et c’est là qu’il ne faut pas oublier que l’Église de ce temps était très impliquée dans la vie de la cité et que c’eût été empêcher le pouvoir politique d’exercer son rôle que de lui dénier toute forme d’autorité sur l’Église. Ou alors, il fallait croire, comme certains aujourd’hui, que l’Église ne doit se préoccuper que du culte, ce que le pape Boniface n’aurait jamais admis, et il aurait eu raison ! Et Philippe le Bel n’avait pas pareille exigence. Si à juste titre on voulait que l’Église pût jouer son rôle dans la vie de la cité, on était donc dans l’obligation de trouver des compromis avec le pouvoir, ce que les prédécesseurs de Boniface avaient su faire avec « leur fils aîné ».

Il n’est donc pas étonnant que les critiques de fond soient d’abord venues de théologiens français, comme par exemple Jean de Paris. Il tirait les conséquences de la réalité du sacre, comme continuité de la royauté israélite « Le roi n’est autre que celui qui dirige seul, selon la parole du Seigneur parlant à Ézéchiel « Mon serviteur David sera sur tous, et il sera l’unique pasteur de tous. » (Ez 34, 23) En sacrant eux-mêmes, et en laissant sacrer par leurs évêques le roi de France, les papes avaient admis cela. Donc aussi la suite, Jean de Paris l’explique : « Le pouvoir séculier n’est pas un pouvoir mineur, soumis au pouvoir supérieur dont il serait issu et dérivé… L’un et l’autre procèdent directement de la puissance supérieure, celle de Dieu ». Pour notre théologien, si un prince fait le mal, le pape ne peut agir que sur le peuple en excommuniant ceux qui lui obéissent, et le peuple serait amené à déposer le prince. Et dans le cas où le pape agit mal, le prince doit agir sur les cardinaux, ce qui entraînerait le peuple à le déposer, et qui à l’évidence impliquerait un concile (4). En fait, même si ces idées étaient dans l’air et finalement se manifesteront un siècle plus tard, nul ne voulait emprunter cette voie, utopique à l’époque.

D’ailleurs, Boniface avait envoyé un légat à Paris, le cardinal Le Moine, remettre au roi un mémorandum en 12 points d’apparence conciliatrice pour lui faire accepter la bulle. Mais à lire attentivement ce texte, ce n’était qu’une demande de reniement de tout ce qu’il avait fait (autre maladresse). Philippe répondit d’une manière dilatoire, il sembla donner raison au pape sur son pouvoir, mais en répondant « à côté » de ce qui était demandé. Sous des protestations de bonne foi, il ne cédait rien, puisqu’il ne répondait pas vraiment aux questions. Et devant ses évêques et ses barons réunis le 9 février 1303, il concluait son propos par une ouverture diplomatique : si le Pape n’était pas satisfait de sa « réponse », il était disposé à s’en remettre aux conseils des ducs de Bourgogne et de Bretagne dont il pensait savoir que le pape accepterait la médiation.

 

VII. La course juridique

En fait, les dés étaient jetés. Le roi ne songeait plus qu’à éliminer légalement Boniface. Dès le 7 mars, ses espions personnels partaient en Italie. Le 12, il laissa Nogaret, qui remplaçait Pierre Flote, déclarer en plein conseil royal élargi, au Louvre : « Est assis en effet sur la chaire du bienheureux Pierre le maître des menteurs, qui se fait appeler Boniface, bien qu’il est maléfique de tous côtés ; il a donc pris un nom faux. » (5) Nogaret annonce donc un autre angle d’attaque. La cour de France va enquêter sur les bruits qui courraient depuis 1297. C’est la légitimité même de Boniface qui va être remise en cause à partir de l’affirmation de la non-validité de la renonciation de Célestin V. Philippe et ses conseillers ont bien senti la difficulté à s’en tenir au plan théologique par une critique de la bulle pontificale, la notion d’opportunité comme d’orthodoxie du texte, liée au réalisme politique n’était pas soutenable à cette époque, parce que l’auteur était pape. Aussi est-ce cette position même qu’il fallait remettre en question. Cette méthode allait vite trouver sa confirmation. Boniface, ayant pris connaissance de la réponse du roi envoya en France un légat muni de plusieurs documents et surtout une lettre à présenter au roi en présence de son conseil. Il acceptait l’intervention des ducs de Bourgogne et de Bretagne, mais faisait part de son mécontentement pour le reste et menaçait Philippe d’excommunication, pire il convoquait son confesseur à Rome, un dominicain (autre absurdité) pour « y être traité suivant ses mérites ou prouver, s’il le pouvait son innocence » (6). Mais le légat fut arrêté à Troyes, fin mai 1303, fouillé et tout son courrier saisi. Le roi savait maintenant que ce qu’il méditait devait très vite être mis à exécution.

Le 13 juin, un grand conseil royal était réuni au Louvre. De hauts barons et juristes présentaient au roi une requête reprenant en la développant l’argumentation de Nogaret : « urgence de venir au secours de l’Église, laquelle souffrait sous le règne d’un faux pasteur, hérétique et criminel, et on en appelait au concile général » (7). Le lendemain, Guillaume de Plaisians juriste lut les 28 articles d’accusation. C’était la reprise des principaux griefs des Colonna concernant les hérésies de Boniface et le meurtre de Celestin V dans le château où il l’avait enfermé. Plaisians avait même été plus précis que Nogaret en matière d’hérésies, c’est pourquoi la convocation d’un concile était encore plus nécessaire.  Dès le 14 juin, Nogaret présent en Italie reçut l’ordre d’aller notifier au Pape les accusations portées contre lui et d’exiger qu’il convoque un concile. Le 15 août, Boniface semble bien informé de ce qui se trame à Paris et proteste par écrit auprès du roi contre l’abus de pouvoir qu’on va tenter contre lui. Et il écrit secrètement un texte destiné à être rendu public le 8 septembre, la bulle Super Petri solia qui excommunie le roi Philippe pour avoir empêché ses prélats de se rendre au concile de Rome, ce qui était plus qu’exagéré, nous l’avons vu.

Nogaret affirmera avoir été informé le 2 septembre de la décision de Boniface qui devait être rendue publique le 8. Aussi le 7 septembre à l’aube, il assiège avec une troupe armée Agnani, où séjournaient le pape et sa famille. Il y fut rejoint par Sciarra Colonna, frère du cardinal Pietro Colonna, lui aussi avec des gens armés. Il y eut beaucoup de confusion dans cette attaque. Que Sciarra  ait voulu tuer le pape est très probable, tout comme aussi le fait que Nogaret l’en ait empêché. Ce n’était pas sa mission, il lui lut son acte d’accusation, et c’est ce qui comptait. À partir de ce moment, une bulle d’excommunication contre le roi de France n’aurait plus servi à grand chose. Venant d’un pape sur qui pesaient tant de soupçons rendus désormais publics, et en attente du jugement d’un concile, un tel acte, à l’époque, n’aurait eu que peu d’effets.

C’est la population d’Agnani qui libéra le pape et lui permit de rentrer à Rome. Mais pareille défaite l’avait blessé, lui qui prétendait à la domination du monde. Il n’y eut pas de gifle avec un gantelet de fer, comme le19e siècle français l’inventa. Il y eut pire, la gifle spirituelle et juridico-politique reçue par un homme qui se croyait au dessus de toute atteinte. Il va pouvoir regagner le Latran, mais par sécurité il ira au Vatican, dominé par la famille Orsini, et y mourra le 11 octobre 1303 autant de chagrin que d’humiliation. À la mort de ce Pape il apparaissait clairement que la rupture d’alliance entre le Saint-Siège et la France était dangereuse pour les deux parties. Elle remettait en cause la sécurité du pape dans ses États, donc la liberté de l’Église. Elle ouvrait la possibilité d’avoir recours à un autre lieu de résidence si la liberté du pontife romain était menacée. Elle déséquilibrait l’Europe chrétienne (en redonnant des ambitions au Saint-empire, par exemple Sciarra Colonna était Gibelin). Enfin, et c’est le plus grave elle aggravait la menace qu’un concile pouvait faire planer sur un pape en se déclarant supérieur à lui.

 

Père Michel Viot, du diocèse de Blois.

 

 

1) Ce jubilé fut l’occasion pour Boniface de laisser éclater sa mégalomanie et son culte de la personnalité. Déjà en 1289, alors qu’il était Cardinal légat, envoyé en France avec un confrère, il avait exigé, après avoir apaisé un conflit à Reims d’être représenté avec lui, en petites statues précieuses devant être posées sur le maître autel aux grandes fêtes. Une fois pape, il reçoit les envoyés du futur empereur Albert de Habsbourg, coiffé de la tiare, tenant une épée d’une main et de l’autre les clés de Saint Pierre. A propos de la tiare, il est pratiquement certain que c’est lui qui a fait rajouter la deuxième couronne, et très certainement la troisième (p. 242-243 du livre d’Agostino Paravicini)… Dernier exemple, il ordonna en 1301 à l’évêque d’Amiens de commander une grande statue le représentant, en argent doré et à ses chanoines une autre statue de la Vierge Marie. Ces deux œuvres devaient être placées sur le maître autel pour les grandes cérémonies.

2) Agostino Paravicini Bagliani, Boniface VIII. Un Pape hérétique ? p. 264 Biographie Payot.

3) Agostino Paravicini Bagliani, op. cité p. 265

4) Agostino Paravicini Bagliani, op. cité p. 273. J’ai rajouté le « problème Luther », parce que deux siècles plus tard la polémique de Luther sur les indulgences sera provoquée par des exagérations des prédicateurs d’indulgences, ressemblant à celles de Boniface si on lit bien ce sur quoi Luther souhaite une disputatio à partir de ses 95 thèses, voici trois exemples : 5 « Le Pape ne veut et ne peut remettre d’autres peines que celles qu’il a imposées lui-même de sa propre autorité ou par l’autorité des canons ». 20 « Donc, par la rémission plénière de toutes les peines, le Pape n’entend parler que de celles qu’il imposées lui-même et non pas toutes les peines en général ». 77 Dire que saint Pierre, s’il était pape de nos jours, ne saurait donner des grâces plus grandes, c’est blasphémer contre saint Pierre et contre le pape ».

5) Agostino Paravicini Bagliani op. cité, p. 338 Biographie Payot.

6) Agostino…, op. cité p. 340

7) Agostino…, op. cité p. 346.

 

Lisez aussi :

 

France, Fille aînée de l’Église, 1re partie

France, Fille aînée de l’Église, 2e partie

France, Fille aînée de l’Église, 3e partie

France, Fille aînée de l’Église, 4e partie

La France fille aînée de l’Eglise, 5e partie (1)

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P. Michel Viot

Père Michel Viot. Maîtrise en Théologie. Ancien élève de l’Ecole Pratique dès Hautes Études. Sciences religieuses.

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