Angelus 11 décembre 2022 © Vatican Media

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Que peut bien nous dire «la crise de Jean-Baptiste»?

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Paroles du pape François avant l’angelus

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« Même le plus grand croyant traverse le tunnel du doute. Et ce n’est pas un mal, au contraire, parfois c’est essentiel pour la croissance spirituelle » : voilà, a affirmé le pape François, ce que peut nous dire d’important « la crise de Jean-Baptiste ».

Le pape François a commenté l’Evangile de la liturgie du jour, avant de réciter la prière de l’Angelus de la fenêtre du studio du palais apostolique, dimanche 11 décembre 2022. Devant les 25000 fidèles et pèlerins rassemblés Place Saint-Pierre, selon les estimations de la Gendarmerie vaticane, le pape a expliqué pourquoi Jean-Baptiste avait « douté » de l’identité de Jésus à la fin de sa vie.

Jean, qui attendait un Messie « sévère », qui « aurait rendu la justice avec puissance », a expliqué François, est dérouté par les paroles et les gestes de compassion de Jésus envers tous, par « sa miséricorde qui pardonne ». Cela aide à comprendre que « Dieu est toujours plus grand que ce que nous imaginons » et qu’il n’est pas possible d’ « enfermer Dieu dans nos schémas » ou de le réduire « à notre mesure ».

« On ne sait jamais tout de Dieu », a rappelé le pontife, invitant à « ne jamais cesser » de chercher « son véritable visage » : c’est ce qu’a fait Jean, qui l’a cherché jusqu’à ce qu’il « le redécouvre ». L’Evangile de ce jour invite donc à faire de l’Avent un temps de « renversement de perspectives, pour nous laisser surprendre par la grandeur de la miséricorde de Dieu », « un temps pour sortir de certains schémas, de certains préjugés sur Dieu et sur nos frères ».

 

Paroles du pape François avant l’angelus

Chers frères et sœurs, bon dimanche !

L’Evangile de ce troisième dimanche de l’Avent nous parle de Jean-Baptiste qui, tandis qu’il se trouvait en prison, envoie ses disciples demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 4). En effet, en entendant parler des œuvres de Jésus, Jean se met à douter que ce soit vraiment lui le Messie. Il pensait en effet à un Messie sévère qui, en arrivant, aurait rendu la justice avec puissance, en punissant les pécheurs. Maintenant, au contraire, Jésus a des paroles et des gestes de compassion envers tous ; la miséricorde qui pardonne est au cœur de son agir, c’est pourquoi « les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et les pauvres entendent la Bonne Nouvelle » (v. 5). Mais cela nous fera du bien de nous arrêter sur cette crise de Jean le Baptiste, parce que cela peut nous dire à nous aussi quelque chose d’important.

Le texte souligne que Jean se trouve en prison ; au-delà du lieu physique, cela fait penser à la situation intérieure qu’il est en train de vivre : en prison, il y a de l’obscurité, il n’y a pas la possibilité de voir clair et de voir au-delà. Le Baptiste, en effet, ne réussit plus à reconnaître en Jésus le Messie attendu. Il est assailli par le doute et envoie ses disciples vérifier : « Allez voir si c’est bien le Messie ou pas ». C’est étonnant que cela arrive précisément à Jean, qui avait baptisé Jésus dans le Jourdain et qui l’avait indiqué à ses disciples comme l’Agneau de Dieu (cf. Jn 1, 29). Mais cela signifie que même le plus grand croyant traverse le tunnel du doute. Et ce n’est pas un mal, au contraire, parfois c’est essentiel pour la croissance spirituelle : cela nous aide à comprendre que Dieu est toujours plus grand que ce que nous imaginons ; les œuvres qu’il accomplit sont surprenantes par rapport à nos calculs ; son agir est différent, toujours, il dépasse nos besoins et nos attentes ; et c’est pourquoi nous ne devons jamais cesser de le chercher et de nous convertir à son véritable visage. Un grand théologien disait de Dieu qu’ « il faut le redécouvrir par étapes… parfois en croyant l’avoir perdu » (H. de Lubac, Sur les chemins de Dieu). C’est ce que fait le Baptiste : dans le doute, il le cherche encore, il l’interroge, il « discute » avec lui et finalement, il le redécouvre. Bref, Jean, que Jésus a défini comme le plus grand parmi ceux qui sont nés d’une femme (cf. Mt 11, 11), nous apprend à ne pas enfermer Dieu dans nos schémas. C’est toujours le danger, la tentation : nous faire un Dieu à notre mesure, un Dieu pour l’utiliser. Et Dieu est autre chose.

Frères et sœurs, nous aussi, parfois, nous pouvons nous trouver dans la même situation que lui, dans une prison intérieure, incapables de reconnaître la nouveauté du Seigneur que nous gardons peut-être prisonnier de notre présomption de savoir déjà tout de lui. Chers frères et sœurs, on ne sait jamais tout de Dieu, jamais !

Peut-être avons-nous en tête un Dieu puissant qui fait ce qu’il veut, au lieu du Dieu doux et humble, le Dieu de la miséricorde et de l’amour, qui intervient toujours en respectant notre liberté et nos choix. Peut-être nous arrive-t-il aussi de lui dire : « Es-tu vraiment, toi qui es si humble, le Dieu qui vient nous sauver ? ». Et il peut nous arriver quelque chose de semblable avec nos frères aussi : nous avons nos idées, nos préjugés et nous collons des étiquettes rigides sur les autres, en particulier ceux que nous percevons différents de nous. L’Avent est alors un temps de renversement de perspectives, pour nous laisser surprendre par la grandeur de la miséricorde de Dieu. L’étonnement : Dieu étonne toujours. (Nous l’avons vu récemment, dans l’émission « A sua immagine » (A son image), où l’on parlait de l’étonnement). Dieu est toujours celui qui suscite en toi l’étonnement. L’Avent est un temps où, en préparant la crèche pour l’Enfant Jésus, nous apprenons de nouveau qui est notre Seigneur ; un temps pour sortir de certains schémas, de certains préjugés sur Dieu et sur nos frères. L’Avent est un temps où, au lieu de penser aux cadeaux pour nous, nous pouvons donner des paroles et des gestes de consolation à ceux qui sont blessés, comme l’a fait Jésus avec les aveugles, les sourds et les boiteux.

Que la Vierge Marie nous prenne par la main, comme une maman, qu’elle nous prenne par la main pendant ces jours de préparation à Noël et nous aide à reconnaître dans la petitesse de l’Enfant la grandeur de Dieu qui vient.

© Traduction de Zenit

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Rédaction

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