Dans le récit de l’Annonciation, a expliqué le pape François en commentant le passage de l’évangile de Luc, l’ange Gabriel envoyé à Marie « ne l’appelle pas par son nom, Marie, mais par un nom nouveau, qu’elle ne connaissait pas : “Comblée-de-grâce“ ». Et « c’est seulement à ce moment-là qu’elle a découvert son identité la plus vraie ».
Le pape François s’est adressé à la foule depuis la fenêtre du Palais apostolique, à midi, ce jeudi 8 décembre 2022, solennité de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, avant la prière de l’Angelus. D’après la Gendarmerie vaticane, environ 25 000 fidèles étaient présents Place Saint-Pierre pour la prière mariale. Le pontife a rappelé que « comblée de grâce » signifie que Marie est « vide du péché » : « c’est le nom que Dieu lui donne et que nous fêtons aujourd’hui », a-t-il souligné.
Le pape a affirmé que « quelque chose d’analogue peut aussi nous arriver », à « nous qui sommes pécheurs » : au baptême, « nous avons reçu » « un bien plus grand que tout, nous avons reçu une grâce originelle ». Ce jour-là, a rappelé François « nous sommes devenus pour toujours » les « enfants bienaimés de Dieu », c’est cela « notre beauté originelle ». Aujourd’hui, Marie, « surprise par la grâce qui l’a rendue belle dès le premier instant de sa vie, nous conduit à nous étonner de notre propre beauté ».
François a mis en garde : « garder notre beauté à un coût, cela demande de lutter », a-t-il fait observer en rappelant la première lecture de la liturgie du jour, sur le récit du péché originel qui évoque un « combat » contre « le tentateur et ses tentations ». Dans ce combat pour « choisir le bien » et « préserver le bien qui est en nous », Marie « est avec nous », « et nous, qui peinons à choisir le bien, nous pouvons nous confier à elle », a encouragé le pape.
Paroles du pape François avant la prière de l’Angelus
Chers frères et sœurs, bonjour et bonne fête !
L’Evangile de la Solennité de ce jour nous introduit dans la maison de Marie pour nous raconter l’Annonciation (cf. Lc 1,26-38). L’ange Gabriel salue ainsi la Vierge : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi » (v. 28). Il ne l’appelle pas par son nom, Marie, mais par un nom nouveau, qu’elle ne connaissait pas : « Comblée-de-grâce ». Comblée de grâce, et donc vide du péché, c’est le nom que Dieu lui donne et que nous fêtons aujourd’hui.
Mais réfléchissons à l’étonnement de Marie : c’est seulement à ce moment-là qu’elle a découvert son identité la plus vraie. En effet, en l’appelant par ce nom, Dieu lui révèle son plus grand secret, qu’elle ignorait avant. Quelque chose d’analogue peut aussi nous arriver. Dans quel sens ? Dans le sens où, même nous qui sommes pécheurs, nous avons reçu un don initial qui nous a remplis de vie, un bien plus grand que tout, nous avons reçu une grâce originelle. Nous parlons beaucoup du péché originel, mais nous avons également reçu une grâce originelle, dont nous ne sommes souvent pas conscients.
De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que cette grâce originelle ? C’est ce que nous avons reçu le jour de notre baptême et cela nous fait du bien de nous en souvenir et aussi de le fêter ! Je vous pose une question : cette grâce reçue le jour du baptême est importante, mais combien parmi vous se souviennent de la date de leur baptême ? Réfléchissez. Et si vous ne vous en souvenez pas, en rentrant chez vous, demandez à votre parrain, à votre marraine, à papa ou maman : « quand ai-je été baptisé ? ». Parce que ce jour-là est le jour de la grande grâce, d’un nouveau commencement de vie, d’une grâce originelle que nous avons reçue. Dieu s’est immergé dans notre vie ce jour-là, nous sommes devenus pour toujours ses enfants bienaimés. Voilà notre beauté originelle, dont nous pouvons nous réjouir !
Aujourd’hui, Marie, surprise par la grâce qui l’a rendue belle dès le premier instant de sa vie, nous conduit à nous étonner de notre propre beauté. Nous pouvons la saisir à travers une image : celle du vêtement blanc du baptême ; elle nous rappelle que, sous le mal dont nous nous sommes tachés au fil des années, il y a en nous un bien plus grand que tous ces maux qui nous sont arrivés. Ecoutons-en l’écho, entendons Dieu qui nous dit : « Mon fils, ma fille, je t’aime et je suis toujours avec toi, tu es important pour moi, ta vie est précieuse ». Lorsque les choses ne vont pas bien et que nous nous décourageons, lorsque nous sommes abattus et que nous risquons de nous sentir inutiles ou que nous pensons nous être trompés, pensons à cela, à la grâce originelle. Dieu est avec nous, Dieu est avec moi depuis ce jour-là. Repensons à cela.
Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous enseigne une autre chose importante : que garder notre beauté à un coût, cela demande de lutter. L’Evangile nous montre en effet le courage de Marie, qui a dit « oui » à Dieu, qui a choisi le risque de Dieu ; et le passage de la Genèse, à propos du péché originel, nous parle d’un combat contre le tentateur et ses tentations (cf. Gn 3, 15). Mais nous le savons aussi par expérience, nous le savons tous : c’est un effort de choisir le bien, c’est un effort de préserver le bien qui est en nous. Pensons à toutes les fois où nous l’avons gâché en cédant à l’attrait du mal, en faisant les malins dans notre propre intérêt ou en faisant quelque chose qui polluait notre cœur ; ou encore en gaspillant notre temps pour des choses inutiles et nocives, en reportant la prière à plus tard, ou en disant « je ne peux pas » à ceux qui avaient besoin de nous, alors que nous pouvions.
Mais devant tout cela, aujourd’hui, nous avons une bonne nouvelle : Marie, l’unique créature humaine sans péché dans l’histoire, est avec nous dans le combat, elle est notre sœur et surtout notre Mère. Et nous, qui peinons à choisir le bien, nous pouvons nous confier à elle. En nous confiant, en nous consacrant à la Vierge Marie, nous lui disons : « Tiens-moi par la main, o ma Mère, guide-moi toi-même : avec toi je serai plus fort dans le combat contre le mal, avec toi je redécouvrirai ma beauté originelle ». Confions-nous à Marie aujourd’hui, tous les jours, en lui redisant : Marie, je te confie ma vie, ma famille et mon travail, je te confie mon cœur et mes combats. Je me consacre à toi ». Que l’Immaculée nous aide à préserver notre beauté du mal.
© Traduction de Zenit