Catéchèse 7 décembre © 2022 Vatican Media

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Comment vérifier si l’on a pris une «bonne décision»

Onzième catéchèse sur « le discernement »

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Après une prise de décision, « une paix qui dure dans le temps », qui « apporte harmonie, unité, ferveur, zèle », est un « bon signe », a affirmé le pape François ce mercredi 7 décembre. Car le temps, a-t-il précisé, est « une marque » de l’« originalité » de Dieu, qui le distingue des imitations qui parlent en son nom sans y parvenir.

Dans sa 11ème catéchèse en italien sur le discernement, qui s’est déroulée dans la Salle Paul VI, ce mercredi 7 décembre, le pape François a donné quelques critères importants pour reconnaître si une décision est bonne ou non. Dans la vie, a-t-il dit, « il y a des  décisions qui ne sont pas bonnes et il y a des signes qui l’infirment, alors que d’autres confirment les bonnes décisions ». D’où l’importance d’être « attentif » à ces signes, dans la phase « qui suit immédiatement la décision prise ».

Si le temps est un « critère fondamental » pour reconnaître la « voix de Dieu », ce n’est pas le seul. Le pape a indiqué d’autres « signes » pouvant « confirmer » que la décision prise a été la bonne : celle-ci peut être une « réponse » de « gratitude » envers Dieu « pour le bien reçu » ou encore conduire à reconnaître que l’on est « à sa place » dans la vie et que l’on participe à « un dessein plus large ».

Enfin, a souligné le pontife, comme « nous ne pouvons aimer que dans la liberté », un critère essentiel est également le fait de « rester libre » par rapport à ce qui a été décidé, « prêt à le remettre en question, voire à y renoncer ». Dieu, qui « seul sait ce qui est bon pour nous », ne veut pas « nous priver de ce qui nous est cher », mais il s’agit de vivre « sans attachement » car « la possessivité est l’ennemi du bien et tue l’affection » .

 

Catéchèse du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le processus de discernement, il est également important de rester attentif à la phase qui suit immédiatement la décision prise, afin de percevoir les signes qui la confirment ou qui l’infirment. Je dois prendre une décision, je fais le discernement, pour ou contre, les sentiments, je prie… puis ce processus se termine et je prends la décision et vient ensuite cette partie à laquelle nous devons être attentifs, voir. Parce que, dans la vie, il y a des décisions qui ne sont pas bonnes et il y a des signes qui l’infirment, alors que d’autres confirment les bonnes décisions.

En effet, nous avons vu que le temps est un critère fondamental pour reconnaître la voix de Dieu au milieu de tant d’autres voix. Lui seul est Seigneur du temps : c’est là une marque de son originalité, qui le distingue des imitations qui parlent en son nom sans y parvenir. Un des traits du bon esprit est le fait qu’il communique une paix qui dure dans le temps. Si tu fais un approfondissement, et qu’ensuite tu prends ta décision et cela te donne une paix qui dure dans le temps, c’est un bon signe et cela indique que cela a été un beau chemin. Une paix qui apporte harmonie, unité, ferveur, zèle. Tu sors de ce processus d’approfondissement meilleur qu’en y entrant.

Par exemple, si je prends la décision de consacrer une demi-heure supplémentaire à la prière, et puis je réalise que je vis mieux les autres moments de la journée, je suis plus serein, moins anxieux, j’effectue mon travail avec plus de soin et d’entrain, même les relations avec certaines personnes difficiles deviennent plus faciles… : ce sont tous des signes importants en faveur de la bonté de la décision prise. La vie spirituelle est circulaire : un bon choix profite à tous les domaines de notre vie. Parce que c’est une participation à la créativité de Dieu.

Nous pouvons reconnaître certains aspects importants qui nous aident à discerner le moment qui suit la décision comme une possible confirmation de sa bonté, parce que le moment qui suit confirme si une décision est bonne. Nous avons déjà rencontré ces aspects importants dans une certaine mesure au cours de ces catéchèses, mais maintenant ils trouvent une application ultérieure.

Un premier aspect est de savoir si l’on peut considérer la décision comme une éventuelle réponse à l’amour et à la générosité du Seigneur à mon égard. Si elle ne naît pas de la peur, d’un chantage affectif ou d’une contrainte, mais de la gratitude pour le bien reçu, qui pousse le cœur à vivre avec générosité la relation avec le Seigneur.

Un autre élément important est la conscience d’être à sa place dans la vie – cette tranquillité : « Je suis à ma place » –, et de participer à un dessein plus large, auquel on souhaite apporter sa contribution. Sur la place Saint-Pierre, il existe deux points précis – les foyers de l’ellipse – à partir desquels on peut voir les colonnes du Bernin parfaitement alignées. De même, l’être humain peut reconnaître qu’il a trouvé ce qu’il cherche lorsque sa journée devient plus ordonnée, qu’il perçoit une intégration croissante entre ses multiples centres d’intérêt, qu’il établit une correcte hiérarchie d’importance et qu’il réussit à vivre cela avec aisance, en affrontant les difficultés qui se présentent avec une énergie et une force d’âme renouvelées. Ce sont des signes que tu as pris une bonne décision.

Un autre bon signe de confirmation est le fait de rester libre par rapport à ce qui a été décidé, prêt à le remettre en question, voire à y renoncer face à d’éventuels démentis, en essayant d’y trouver un possible enseignement du Seigneur. Non pas parce qu’il veut nous priver de ce qui nous est cher, mais pour le vivre avec liberté, sans attachement. Seul Dieu sait ce qui est vraiment bon pour nous. La possessivité est l’ennemi du bien et elle tue l’affection, faites attention à cela, la possessivité est l’ennemi du bien, elle tue l’affection : les nombreux cas de violence dans la sphère domestique, dont nous entendons souvent parler malheureusement, viennent presque toujours de la prétention à posséder l’affection de l’autre, de la recherche d’une sécurité absolue qui tue la liberté et étouffe la vie, en en faisant un enfer.

Nous ne pouvons aimer que dans la liberté, c’est pourquoi le Seigneur nous a créés libres, libres même de lui dire non. Lui offrir ce qui nous est le plus cher est dans notre intérêt, cela nous permet de le vivre de la meilleure manière possible et en vérité, comme un cadeau qu’Il nous a fait, comme un signe de Sa bonté gratuite, sachant que notre vie, comme toute l’histoire, est entre Ses mains bienveillantes. C’est ce que la Bible appelle la crainte de Dieu, c’est-à-dire le respect de Dieu, non pas que Dieu me fasse peur, non, mais le respect, condition indispensable pour accepter le don de la Sagesse (cf. Si 1, 1-18). C’est la crainte qui chasse toutes les autres craintes, car elle est orientée vers Celui qui est le Seigneur de toutes choses. Devant Lui, rien ne peut nous troubler. C’est cette expérience étonnante que saint Paul a faite : « Je sais vivre de peu, je sais aussi être dans l’abondance. J’ai été formé à tout et pour tout : à être rassasié et à souffrir la faim, à être dans l’abondance et dans les privations. Je peux tout en celui qui me donne la force. » (Ph 4, 12-13). Voilà l’homme libre, qui bénit le Seigneur lorsque viennent les choses bonnes et lorsque viennent des choses moins bonnes : qu’il soit béni et on avance !

Reconnaître cela est fondamental pour une bonne prise de décision, et nous rassure sur ce que nous ne pouvons pas contrôler ou prévoir : la santé, l’avenir, les êtres chers, nos projets. Ce qui importe, c’est que notre confiance soit placée dans le Seigneur de l’univers, qui nous aime immensément et qui sait que nous pouvons construire avec Lui quelque chose de merveilleux, quelque chose d’éternel. La vie des saints nous le montre de la manière la plus belle qui soit. Avançons en cherchant toujours à prendre ainsi nos décisions, dans la prière et en écoutant ce qui se passe dans notre cœur, et avançons lentement, courage !

Traduction © Libreria Editrice Vaticana et Zenit

 

 

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