Mgr Follo, 28 juin 2020 © Anita Sanchez

Mgr Follo, 28 juin 2020 © Anita Sanchez

« La vie est pèlerinage et mission », par Mgr Francesco Follo

La communion avec le Christ: une mission

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« Nous sommes appelés à vivre la communion » avec le Christ « non pas comme un refuge ou comme une fuite du monde, mais comme une mission et un devoir pour collaborer avec Lui. Sa tâche devient notre mission », explique Mgr Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco, dans sa méditation des lectures de dimanche 3 juillet prochain.

Il ne s’agit pas, précise Mgr Follo, d’ « enseigner en premier lieu la vérité et des doctrines » mais d’ « annoncer une Présence qui fait vivre, agir et penser d’une  façon neuve: en frères et sœurs ».

Voici la méditation de Mgr Francesco Follo.

La vie est pèlerinage et mission

XIV Dimanche du Temps Ordinaire – Année C – 3 juillet 2016

Is 66, 10 – 14; Sal 6, 14 – 18; Lc 10, 1 – 12.17 – 20 (forme brève: Lc 10, 1 – 9)

2Sam 12,7-10.13; Pd 31; Gal 2,16.19-21; Lc 7,36-8,3

1) Chrétiens c’est à dire Missionnaires

L’évangile de dimanche dernier nous a rappelé que nous avons été appelés à être des vrais disciples du Christ en mettant le Rédempteur au-dessus de toute affection, de toute joie. Aujourd’hui nous sommes appelés à vivre la communion avec Lui non pas comme un refuge ou comme une fuite du monde, mais comme une mission et un devoir pour collaborer avec Lui. Sa tache devoir devient notre mission.

Cette mission ne s’adresse pas seulement à quelqu’un de disciples mais à tous les disciples de Jésus, c’est à dure nous tous.

Donc nous sommes tous appelés à être des missionnaires pour porter la Bonne et heureuse nouvelle de la présence d’un Dieu qui s’est fait un de nous pour nous faire comme Lui, riche de miséricorde. La miséricorde de Dieu arrive aux hommes à travers le témoignage de ceux qui l’ont connue et expérimentée dans leur propre personne.

Le Christ appelle pour envoyer porter cette annonce de vérité, de charité et d’espérance. La mission de Jésus est de sauver le monde avec un amour qui jusque-là nous ne connaissions pas : celui de sauver tout le monde sans exclusion et avec un amour vrai. Cette annonce ne consiste pas à enseigner en premier lieu la vérité et des doctrines mais dans l’annoncer une Présence qui fait vivre, agir et penser d’une  façon neuve: en frères et sœurs.

En effet, les mots « missionnaire » et « apôtre » dérivent un du latin et l’autre du grec. Ils signifient « mandaté », « envoyé ». Chacun de nous est « envoyé » aux sœurs et aux frères. Donc, la dimension missionnaire, apostolique, est essentielle pour chaque chrétien et se réalise en suivant le Christ et en allant vers le prochain.

C’est pourquoi, lorsque nous disons que l’Eglise est apostolique, nous ne voulons pas dire seulement qu’elle est fondée sur les apôtres, mais c’est à partir de cette graine (des apôtres d’il y a 2000 ans) que la plante s’est développée. S’il est vrai que la mission est l’aspect fondamental de l’Eglise, il est aussi vrai qu’elle est un aspect fondamental de chacun de nous. En effet, en tant que enfants s de Dieu, nous sommes appelés à témoigner notre « être fils et filles » en devenant des frères et des soeurs avec tous les autres sur les routes du monde.

2) Pèlerins donc Missionnaires

Une des caractéristiques de l’Evangéliste Luc est de décrire le Christ dans une attitude de pèlerin qui n’est pas réductible à celle d’un voyageur, parce que pour Lui le chemin n’est pas seulement un moyen pour arriver à une destination, mais une façon d’être, de vivre, typique de qui sait que la terre n’est pas sa demeure stable.

Le Chrétien est un  voyageur qui devient pèlerin avec le Christ, Qui enseigne que notre vie est un chemin avec Lui, pour apprendre à se donner par amour, comme Lui a fait qui est le chemin et la joie.

Le pape François nous invite sur ce chemin: « toujours en le chemin avec cette vertu pèlerine : la joie! Vertu qui nous rend crédibles et exprime l’expérience de miséricorde et d’appartenance au Dieu vrai et amoureux.

Dans ce chemin, nous pouvons être guidés  par deux phrases du Nouveau Testament.

La première est celle  de Jésus qui se définit « chemin » : « Je suis le chemin , la vérité et la vie » (Jn 14,6).

La seconde est celle qui définit les chrétiens et sont appelés « ceux du chemin » (tou odòs) (Act 9, 2) qui est traduit « ceux qui suivent la doctrine du Christ ». « Ceux du chemin »  est le premier nom qui a été donné aux disciples du Christ : ce sont ceux qui sont en la route pour suivre ce nouveau Maître, qui a été tué d’une façon honteuse mais qui est ressuscité. Le chemin chrétien est donc une route (le Christ) à parcourir en tenant fixe un objectif, celui de suivre le Christ, de se conformer à Lui. La fin devient un parcours : suivre le Christ est le chemin. C’est vivre la vie avec le cœur qui marche, qui va vers Dieu avec les pas intérieurs de la prière et porte la charité aux autres.

A cet égard, St Grégoire le Grand écrit: « Notre Seigneur et Sauveur, frères très chers, parfois nous instruit pars des paroles, parfois par des faits. Ses actions deviennent des préceptes quand tacitement, avec ce qu’il fait, il nous indique ce que nous devons faire. Voilà qu’il envoie ses disciples prêcher deux par deux. Parce que deux sont les préceptes de la charité : la charité vers Dieu et la charité vers le prochain, et parce qu’il aie l’amour il faut au moins de personnes. L’amour qu’un a pour soi-même personne l’appelle charité ; il doit être dirigé vers un autre, pour qu’il soit appelé charité. Le Seigneur envoie ses disciples deux par deux pour nous faire comprendre que si quelqu’un n’a pas d’amour pour les autre, il ne doit pas se mettre a prêcher » (Hom., 17, 1 – 4.7 s).

           3) Vierges et pèlerines

Les personnes qui, d’une façon spéciale, font sienne la spiritualité de la vie comme un chemin, comme un pèlerinage, sont les vierges consacrées dans le monde.

La virginité est la modalité propre au Christ  d’aimer et, ces femmes témoignent qu’il est possible de répondre à l’amour du Christ avec le don total de soi-même. En effet, le vrai amour n’est pas de donner des choses, des biens matériels, mais de donner soi-même. Le vrai amour de Dieu est celui de l’aimer pour ce qu’il est et pas pour ce qu’il a.

La virginité est aussi la modalité d’aimer de Marie, la première à être heureuse non pas pour ce qu’elle faisait mais certaine que son nom était inscrit dans le coeur de Dieu, qui avait regardé à son humble servante

Comme la Vierge Marie, Mère du Chemin et Arche de l’Alliance, a marché sur les monts de Judée pour porter Jésus et sa joie à sa cousine Elisabeth, sur les routes de l’exil pour sauver le Fils de Dieu, sur le chemin du Calvaire pour devenir notre Mère, ainsi les vierges consacrées vivent en portant Jésus dans le monde, à travers leur vie vécue simplement et chastement.

Comme Marie porta au monde le Christ sous son cœur, les vierges consacrées aussi portent au monde l’évangile et le salut du Christ qu’elles portent dans leur cœur.

C’est un cœur dédié à Lui seul et à son Règne. Pour ce Règne de Dieu, il faut des personnes qui, le cœur rempli de Dieu, se consacrent à la venue de ce Règne. La virginité consacrée est toujours  missionnaire et ne concerne pas seulement les consacrés qui vont vers des Terres lointaines pour annoncer l’Evangile  mais concernent toutes les vierges.

Comme pour la Vierge Marie, la virginité ne signifie pas stérilité, mais, au contraire, fécondité maximale. De cette façon, ces femmes consacrées montrent qu’il peut y avoir une fécondité sur un plan différent de celle physique.

La première fois que la virginité apparait  dans l’histoire du salut, elle est associée à la naissance d’un enfant: « Voici, la Vierge concevra et enfantera un enfant….. » (Is 7, 14). La tradition de l’Eglise a saisi ce lien en associant constamment  le titre de vierge à celui de mère. Maria est la Vierge Mère; l’Eglise est vierge et mère. « Un est le Père de tous, un aussi  le Verbe de tous, un et identique est le Saint Esprit et une seule est la vierge mère : ainsi j’aime appeler l’Eglise » (St Clément d’Alexandrie). Enfin chaque âme et, en particulier, chaque âme consacrée est vierge et mère : « Chaque âme croyante, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ est considérée, à sa manière, vierge et féconde » (Ibid.).

Les personnes consacrées se rappellent que s’il est vrai que le chemin-pèlerinage de Jésus a été son amour jusqu’à la fin, il est aussi vrai que le chemin-pèlerinage suivant Jésus est celui de l’amour nuptial.

Le rite de consécration des vierges est appelé dans le dictionnaire de liturgie, « consécration matrimoniale à Jésus Christ ». C’est la raison pour laquelle chacune de ces femmes est appelée « Sponsa Christi »

Il est vrai que chaque personne chrétienne est épouse du Christ, mais il est demandé aux vierges consacrées de l’être d’une façon éminente. Elles doivent vivre et témoigner l’union « nuptiale » avec Jésus Christ d’une manière religieuse, chaste, dévouée et totale. La virginité consacrée leur permet d’être des fenêtres transparentes entre l’Eglise et le monde, en laissant passer la lumière vraie de l’amour miséricordieux.

 

Lecture patristique

Saint Augustin d’Hippone (354 – 430)

Sermon 101, 1-211

PL 38, 605-607 610

L’évangile qui vient d’être lu nous invite à nous interroger sur la moisson dont le Seigneur a dit: La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson (Lc 10,2). Alors, aux douze disciples auxquels il avait donné le nom d’Apôtres, il en adjoignit soixante-douze autres. Puis il les envoya tous, comme ses paroles l’indiquent, à une moisson déjà préparée.

Quelle était donc cette moisson? Certainement pas la moisson des païens, puisque chez eux rien n’avait été semé. Il nous faut donc l’entendre du peuple juif. C’est pour cette moisson-là qu’est venu le maître de la moisson, et il y a envoyé ses moissonneurs. Quant aux païens, il leur a envoyé des semeurs, non des moissonneurs. Sachons donc que la moisson était faite chez les Juifs et les semailles chez les païens. Le Seigneur avait choisi ses Apôtres dans cette moisson, où le grain était mûr et prêt à être coupé, car les prophètes l’y avaient semé. Quel plaisir de parcourir du regard la terre que Dieu cultive! Quel délice de contempler ses dons et les ouvriers qui travaillent dans son champ!

Vous pouvez y observer deux moissons, l’une qui est en cours, l’autre, encore à faire; celle-ci chez les païens, celle-là chez les Juifs. Prouvons ce que nous venons de dire en nous appuyant simplement sur la divine Écriture, celle du maître de la moisson. Voici. Nous savons qu’il est dit dans le passage que nous venons d’entendre: La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.

Il est bien dans mon propos de vous montrer que la moisson a rapport aux peuples parmi lesquels les prophètes ont prêché. Ce sont eux en effet qui étaient les semeurs, afin que les Apôtres puissent être les moissonneurs. Pour germer et grandir, le blé avait dû être semé par les prophètes; arrivé à maturité, il attendait que les Apôtres viennent le moissonner. Le Seigneur n’a-t-il pas déclaré alors à ses disciples: Vous dites que l’été est encore loin. Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson (Jn 4,35). Il a dit encore: D’autres ont pris de la peine, et vous, vous profitez de leurs travaux (Jn 4,38). Abraham, Isaac, Jacob, Moïse et les prophètes ont pris de la peine. Ils ont peiné pour semer le grain. A son avènement, le Seigneur a trouvé la moisson mûre. Et il a envoyé les moissonneurs avec la faux de l’Évangile.

Les prédicateurs de l’Évangile ne saluent personne en chemin. Ils ne veulent rien faire d’autre qu’annoncer la Bonne Nouvelle par amour de leurs frères. Qu’ils entrent dans les maisons et qu’ils disent: Paix à cette maison (Lc 10,5). Ils ne se bornent pas à en parler, mais ils répandent la paix dont ils sont remplis. Ils proclament la paix et la possèdent.  Celui qui est rempli de paix salue en disant: Paix à cette maison. S’il y a là un ami de la paix, la paix du messager ira reposer sur lui (Lc 10,6).

 

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Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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