Inauguration de la chaire d'écologie au Latran, en partenariat avec l'UNESCO © Vatican Media

Inauguration de la chaire d'écologie au Latran, en partenariat avec l'UNESCO © Vatican Media

Latran/Unesco/Phanar: « Eduquer et former pour une responsabilité écologique correcte » (traduction complète)

Inauguration d’un parcours universitaire en écologie

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Il faut « éduquer et former » pour « passer d’un engagement envers l’environnement à une responsabilité écologique correcte », estime le pape François.

Une formation de haut niveau en écologie et environnement, a été inaugurée par le pape François à l’Université pontificale du Latran, en partenariat avec l’UNESCO, et en présence de Mme Audrey Azoulay, directrice générale, et avec le patriarcat oecuménique de Constantinople, en présence du patriarche Bartholomée, ce jeudi 7 octobre 2021.

Le pape François a remis une lettre au cardinal Angelo De Donatis, chancelier de l’Université pontificale du Latran, à l’occasion de l’institution d’un cycle d’études en « Ecologie et environnement. Sauvegarde de notre maison commune et protection de la création ».

La lettre a été lue publiquement par le recteur de l’université, M. Vincenzo Buonomo.

La préoccupation pour la question écologique et pour la protection des dons de la création, commune au patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, et au pape François, « a contribué à approfondir le dialogue entre nos Eglises », explique le pape qui souligne le rôle capital du patriarcat.

Pour le pape, cela permettra notamment à l’Eglise catholique de « travailler en synergie » avec le patriarcat œcuménique de Constantinople, « afin de poursuivre, également dans ce domaine, leur mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous les peuples », écrit le pape.

Le pape souligne également le caractère interdisciplinaire de cette formation, destinée, a-t-il dit, à faire « acquérir la conscience écologique, les connaissances et les compétences nécessaires à un engagement inspiré par un modèle juste et durable de l’être humain, de la vie, de la société et du rapport avec la nature »

Voici notre traduction de la lettre du pape François, écrite en italien.

Lettre du pape François

A mon vénéré frère le cardinal Angelo De Donatis,

Grand Chancelier de l’Université pontificale du Latran

1. Appelée à éduquer à la responsabilité envers les dons de la création, l’Eglise réalise son engagement notamment en formant à la véritable signification de toutes les actions visant à sauvegarder, protéger et assurer la vie sur la terre et de la terre, bien consciente qu’il s’agit d’une obligation à laquelle tous sont appelés, selon leurs rôles et leurs tâches. Croyants et non-croyants, nous avons le devoir de garantir non seulement une durabilité abstraite ou de proclamer le bien des générations futures, mais de préparer les instruments pour sauvegarder les différents écosystèmes et leurs composantes, sachant qu’il ne nous est pas donné d’en disposer sans mesure. Les graves répercussions que le manque de conscience écologique entraîne non seulement sur l’environnement mais également sur les relations humaines et la vie sociale, l’exigent aussi. Elles alimentent cette culture du rebut qui signifie avant tout exclusion, pauvreté, inégalité, déplacements forcés de populations, non satisfaction des besoins primaires.

Chaque jour, toute la famille humaine constate que la protection de la création est liée au progrès scientifique, aux relations entre les différentes cultures, aux processus de construction de la paix et de la coopération, et qu’elle impose de repenser les principes fondamentaux de la vie sociale. Face à la dégradation qui menace la planète des expressions comme la liberté, la justice, le respect mutuel, la solidarité, l’équité, le bien commun, sont privées de tout sens et utilisés pour « justifier n’importe quelle action » (Fratelli tutti, 14). Voilà pourquoi éduquer et former demeurent les voies à parcourir pour passer d’un engagement envers l’environnement à une responsabilité écologique correcte.

2. Dans l’Eglise catholique, l’attention envers la protection de la création plonge ses racines dans le patrimoine de réflexions, d’idées et d’instruments pour l’action contenus dans sa doctrine sociale. C’est ce que résument bien des principes tels que la destination universelle des bien, l’utilisation rationnelle des ressources, la conversion écologique, le caractère indivisible du livre de la nature, avec quelques indicateurs opérationnels essentiels comme l’écologie intégrale, l’écoute de la nature, la prévention des dommages causés à l’environnement, la stabilisation du climat, la conservation de la biodiversité, de l’eau et des terres.

Mais nous ne pouvons pas oublier que c’est grâce au Patriarcat œcuménique de Constantinople qu’a mûri chez les chrétiens la préoccupation pour la question écologique, pour préserver les dons de la création, du patrimoine naturel, notamment par de nombreuses initiatives pour sensibiliser et exhorter les croyants et les autres communautés religieuses au respect de l’environnement. Une réflexion qui, face à l’extinction des espèces, à la destruction de la diversité biologique, aux changements climatiques causés par la destruction des forêts, à la contamination de l’eau, de l’air et de la vie, n’a pas hésité à dire : « ce sont des péchés » (Bartholomée I, Discours au Symposium sur l’environnement, Santa Barbara [Etats-Unis], 8 novembre 1997).

Ce sentiment commun a contribué à approfondir le dialogue entre nos Eglises, l’orientant également à saisir la sagesse qui s’exprime dans l’action éducative et dans le rôle central de l’Universitas, lieu symbole de cet humanisme intégral qui nécessite continuellement d’être renouvelé et enrichi à travers l’entrelacement des savoirs, des arts et des sciences. En effet, il est nécessaire que la formation universitaire sache répondre aux nombreux défis qui se présentent actuellement à l’ensemble de l’humanité et aux communautés des croyants, proposant un courageux élan culturel cohérent et un projet scientifiquement valide. Des éléments plus nécessaires que jamais pour affronter la crise environnementale, sachant que les règles et les structures ne suffisent pas, ni le seul enthousiasme et l’impulsion idéale, mais qu’une solide préparation est nécessaire.

3. C’est pourquoi, j’ai pensé à inclure les Etudes en Ecologie et Environnement dans le système des études ecclésiastiques parmi les « autres sciences, en premier lieu des sciences humaines, qui sont plus étroitement liées aux disciplines théologiques et à l’œuvre d’évangélisation » (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Art. 85, a) et, en lien avec mon vénéré frère Bartholomée I, instituer dans l’Université de l’évêque de Rome un cycle d’études en Ecologie et Environnement. Sauvegarde de notre maison commune et protection de la création. Une formation de haut niveau, dans laquelle les sièges des apôtres Pierre et André pourront travailler en synergie afin de poursuivre, également dans ce domaine, leur mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à tous les peuples.

Ce cycle d’études (cf. PUL, Statuts, Art. 1 par. 4, et Ordinations, Art. 3 par. 1), que je confie à la direction du recteur magnifique, sera structuré en intégrant de manière appropriée les ressources formatives présentes dans l’université, en lien avec les réalités académiques liées à titre divers aux deux Eglises. Il sera articulé dans les secteurs disciplinaires de la théologie, de la philosophie, du droit et de toutes les sciences de l’économie, du social, de l’écologie et de l’environnement, selon des modalités capables de créer cette « unité du savoir dans la distinction et dans le respect de ses expressions multiples, corrélées et convergentes » (Veritatis gaudium, Préambule, 4). L’université confèrera, par l’autorité du Saint-Siège, les grades académiques prévus pour les trois cycles de la formation universitaire (cf. Veritatis gaudium, Art. 2, par. 1 ; Titre VII), y compris sous la forme de diplômes combinés (joint degree), doubles diplômes (double degree) et diplômes équivalents (equivalent degree). D’autres diplômes seront définis en collaboration avec le Patriarcat œcuménique de Constantinople ou d’autres Eglises chrétiennes et communautés de croyants qui voudront rejoindre cette nouvelle voie universitaire.

En outre, afin de promouvoir un « système ouvert » de recherche et de formation, une Chaire UNESCO sur l’avenir de l’éducation à la durabilité pourra fonctionner au sein du cycle d’études, en tant qu’instrument inspiré et lié aux objectifs de l’Organisation, qui visent à sensibiliser et à encourager, à l’échelle mondiale, l’éducation des jeunes générations à la responsabilité écologique, aux garanties environnementales et à la durabilité souhaitée.

4. Je suis certain, Monsieur le Cardinal, de l’engagement de tous ceux, enseignants, étudiants et personnel non enseignant, qui collaboreront pour assurer la bonne préparation des prêtres, des personnes consacrées et des laïcs, en travaillant toujours avec humilité, sobriété et esprit de sacrifice, qualités essentielles pour construire, également à travers l’étude et la recherche, cette amitié sociale qui est le fondement de la fraternité.

Face aux scénarios actuels et futurs, les Etudes en écologie et environnement. Le soin de notre maison commune et la protection de la création sont destinées aux structures ecclésiales, aux formes de vie consacrée, aux associations et aux mouvements, ainsi qu’à tous ceux qui souhaitent acquérir la conscience écologique, les connaissances et les compétences nécessaires à un engagement inspiré par un modèle juste et durable de l’être humain, de la vie, de la société et du rapport avec la nature.

Que le Dieu miséricordieux inonde nos pas dans sa lumière, afin que notre service et notre préoccupation pour la planète soient toujours inspirés par la joie de nous sentir les gardiens responsables de l’œuvre du Dieu Créateur.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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