Ur 6 mars 2021 © Vatican Media

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Irak : témoignage du prof. Ali Thajeel sur les pèlerinages à Ur

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La « coexistence », une « conquête »

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« Je remercie Dieu d’avoir réalisé mon rêve d’assister à votre visite dans ma ville bien-aimée d’Ur, je n’ai pas d’autre moyen d’exprimer mes sentiments qu’en pleurant », a témoigné le professeur Ali Zghair Thajeel, un musulman chiite lors de la rencontre interreligieusee de la plaine de Ur (Irak), le 6 mars 2021.

Le pape François lui-même a cité son engagement, dans son discours : « Le professeur Ali Thajeel nous a aussi raconté le retour des pèlerins dans cette ville. Il est important de venir en pèlerinage vers les lieux saints : c’est le plus beau signe de la nostalgie du Ciel sur la Terre. C’est pourquoi aimer et préserver les lieux saints est une nécessité existentielle, en souvenir de notre père Abraham qui, en divers endroits, éleva vers le ciel des autels au Seigneur. Que le grand patriarche nous aide à faire des lieux saints de chacun des oasis de paix et de rencontre pour tous ! »

Voici notre traduction du témoignage du prof. Thajeeb.

AB

Rencontre interreligieuse Piana di Ur

Témoignage du professeur Ali Zghair Thajeel, musulman chiite,

professeur à l’Université de Nassiriya

Je suis honoré et très heureux d’être en présence du plus grand invité de l’Irak, Sa Sainteté le Pape François, en Terre Sainte, la terre de notre Père Abraham, la terre de nos ancêtres chaldéens. Je m’appelle Ali Zghair Thajeel, professeur d’université, né à Ur. Je suis fier d’appartenir à Ur, une ville vieille de plus de 6000 ans, mentionnée dans la Sainte Bible, le Saint Coran et la plupart des Saintes Écritures. Ur est ornée de monuments historiques anciens, de grandes reliques et de nombreuses conquêtes, au sommet desquelles il y a la coexistence.

Je voudrais parler de mon expérience des 15 dernières années lorsque j’ai commencé à en encourager d’autres à visiter Ur. J’ai ensuite rencontré le p. Imad Albana de l’Église chaldéenne de Bassorah, qui a soutenu l’idée, en envoyant une délégation de 30 personnes comme premier groupe de pèlerins. Depuis que Son Excellence Habib Al Nawfali a été nommé archevêque de l’archidiocèse de Bassorah, la collaboration a continué à inclure la communauté de l’Église de Notre-Dame des Douleurs de la ville de Maysan-Amara, créant des organisations locales à cet effet. Le tournant est venu lorsque nous avons rencontré le cardinal Sako, qui a conseillé à ses auxiliaires et à ses prêtres d’accompagner le pèlerinage organisé à Ur. Cet engagement a permis l’arrivée d’autres groupes de pèlerins qui ont célébré la messe et prié dans cette ville historique.

Il convient de mentionner que l’Église en Irak a traité tous les Irakiens de la même manière, quelle que soit leur affiliation ou leur appartenance ethnique, en particulier pendant les crises auxquelles nous avons été confrontés. Dans des circonstances aussi difficiles, l’Église a toujours été la première à aider les nécessiteux, en fournissant (en collaboration avec Caritas-Irak) une aide alimentaire et médicale, atteignant Jebayesh, Al-Fuhood, Al-Shatrah et Gharraf, ainsi que Nassiryia.

Je me souviens quand Mgr Warduni, accompagnant une délégation du Vatican en 2013, conduite par Mgr Liberio Andreatta [alors administrateur délégué de L’Oeuvre romaine des pèlerinages, ORP, ndlr], qui y a célébré une messe, a été enthousiaste du fait que leur visite dans l’ancienne ville d’Ur coïncidait avec le voyage des musulmans irakiens pour visiter le mémorial de l’Imam Hussein à Karbala. Cela pouvait envoyer un grand message au monde manifestant que nous sommes une seule nation.

Je ne dois pas oublier le rôle joué par les frères Sabéens-Mandéens, qui ont été les premiers à participer à l’accueil des pèlerins. Cela montre à quel point tout l’Irak est présent, uni par la foi en cette terre bénie.

Enfin, je remercie Dieu d’avoir réalisé mon rêve d’assister à votre visite dans ma ville bien-aimée d’Ur, je n’ai pas d’autre moyen d’exprimer mes sentiments qu’en pleurant. Nous promettons à Sa Sainteté de continuer à travailler et à prier pour la paix, la sécurité, la fraternité et la coexistence dans la ville du savoir et des érudits.

Copyright – Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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