Voeux au Corps diplomatique, 8 février 2021 © Vatican Media

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Diplomatie : géopolitique vaticane et sollicitude du pape

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L’année du mot fin sur le conflit syrien

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Syrie, Liban, Terre Sainte, Corée, Soudan du Sud… le pape François a fait un tour du monde de la géopolitique vaticane, exprimant sa sollicitude pour de nombreux pays, lors de son traditionnel discours de début d’année devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, ce 8 février 2021.

En recevant les ambassadeurs dans la Salle des bénédictions – adjacente à la basilique Saint-Pierre – le pape a appelé notamment à affronter les conséquences du changement climatique. « C’est le moment d’agir », a-t-il insisté, en mentionnant « les nombreuses petites îles de l’Océan Pacifique qui risquent progressivement de disparaître », les inondations dans le Sud-Est asiatique – Vietnam, Philippines – et les incendies dévastateurs en Australie et en Californie.

Il a également exprimé sa préoccupation pour l’insécurité alimentaire en Afrique, particulièrement au Burkina Faso, au Mali et au Niger, ainsi qu’au Soudan du Sud où « persiste une grave urgence humanitaire ». Il a souhaité « que les Autorités sud-soudanaises dépassent les incompréhensions et poursuivent le dialogue politique pour une pleine réconciliation nationale ».

L’année du mot de la fin ?

Une nouvelle fois, le pape a plaidé la cause des réfugiés, nommant au Soudan, en Afrique subsaharienne, au Mozambique, au Yémen. Il s’est arrêté par deux fois sur « la bien-aimée Syrie », où « les enfants sont épuisés par la malnutrition ». « Comme je voudrais que 2021 soit l’année où le mot fin soit enfin écrit concernant le conflit syrien, commencé il y maintenant 10 ans ! » s’est-il exclamé en encourageant la Communauté internationale à « affronter avec sincérité et courage les causes du conflit et rechercher des solutions ».

A nouveau aussi, le pape a appelé à « remettre, ou au moins réduire, la dette qui pèse sur les pays les plus pauvres et qui de fait en empêche la relance et le plein développement ». Il a déploré « les sanctions économiques qui, le plus souvent, finissent par se répercuter principalement sur les couches les plus faibles de la population, plutôt que sur les responsables politiques », demandant « leur assouplissement pour favoriser aussi le flux d’aides humanitaires ».

Son regard s’est tourné aussi vers les personnes déplacées dans la région centrale du Sahel, exprimant l’espoir que le Saint-Siège attachait au Nouveau Pacte de l’Union Européenne sur la migration et l’asile.

Les voeux de paix du pape

Poursuivant son tour du monde, le pape a assuré le peuple de Birmanie de son affection, après le coup d’Etat du 1er février dernier. Il a souhaité la libération rapide des responsables politiques incarcérés, « comme signe d’encouragement en vue d’un dialogue sincère pour le bien du pays ».

Le pape a aussi adressé des voeux de paix à la Terre Sainte, exhortant Israéliens et Palestiniens à « un dialogue direct, renouvelé et résolu », afin « de résoudre un conflit qui perdure depuis trop longtemps ». Et d’inviter la Communauté internationale « à soutenir et à faciliter ce dialogue direct, sans prétendre dicter des solutions qui n’ont pas pour horizon le bien de tous ».

La stabilité du Liban, a-t-il poursuivi, est nécessaire « pour assurer l’existence d’un Moyen Orient pluriel, tolérant et divers, où la présence chrétienne puisse offrir sa contribution et ne soit pas réduite à une minorité qu’il faut protéger ». « Affaiblir la communauté chrétienne risque de détruire l’équilibre interne et la réalité libanaise elle-même », a mis en garde le pape.

Parmi les autres pays en conflit auxquels il a manifesté son attention au fil de ce long discours : la Libye ; la République Centrafricaine ; l’Amérique Latine ; la péninsule coréenne ; le Caucase méridional « où divers conflits gelés perdurent ».

Aux victimes du terrorisme

Au terme de son allocution, le pape François a évoqué « une autre grave plaie de notre époque : le terrorisme », qui frappe surtout « en Afrique subsaharienne, mais aussi en Asie et en Europe ». Solidaire de « toutes les victimes » et de leurs familles, il a appelé à la protection des lieux de culte, une « conséquence directe de la défense de la liberté de pensée, de conscience et de religion », et un « devoir pour les Autorités civiles ».

Avant de conclure, il a formulé une pensée particulière pour le peuple italien « qui, le premier en Europe, s’est trouvé confronté aux graves conséquences de la pandémie », l’encourageant à « ne pas se laisser abattre par les difficultés présentes, mais à travailler uni pour construire une société où personne ne soit rejeté ni oublié ».

« 2021 est un temps qu’il ne faut pas perdre », a-t-il affirmé, soulignant que « la fraternité est le véritable remède à la pandémie et aux nombreux maux qui nous ont frappés… Fraternité et espérance sont des remèdes dont le monde a besoin aujourd’hui, autant que des vaccins ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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