Le pape François devant l'image de la Vierge de Guadalupe © L'Osservatore Romano

Le pape François devant l'image de la Vierge de Guadalupe © L'Osservatore Romano

Aucune culture n'est "pure", seul l'Evangile est "pur" explique le pape François

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Marie, modèle d’inculturation, pas de « conquête »

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Aucune culture n’est « pure », seul l’Evangile est « pur » explique le pape François, au terme du synode sur l’Amazonie, avant l’angélus de ce 27 octobre 2019. Il lit l’inculturation comme purification des cultures par l’Evangile, mais loin d’une logique de « conquête »: c’est un chemin de « courage humble ».
« Pour le chemin à venir, invoquons la Vierge Marie, vénérée et aimée en tant que reine d’Amazonie », a dit le pape avant de prier l’angélus dominical depuis la fenêtre du bureau qui donne Place Saint-Pierre.
Le pape a indiqué un chemin d’inculturation qui n’est pas « conquête »: la Vierge Marie est devenue »Reine de l’Amazonie », « non par la conquête mais par «inculturation»: avec le courage humble de la mère, elle est devenue la protectrice de ses « petits », la défense des opprimés. Toujours en allant à la culture des peuples ».
Le pape est revenue sur la modestie nécessaire aux cultures, à l’école de la Vierge Marie: « Il n’y a pas de culture standard, il n’y a pas de culture pure qui purifie les autres. »
Pour le pape, ce qui est pur et purifie les cultures, c’est l’Evangile: « Il y a l’Evangile, pur, qui s’inculture. »
Le pape s’est tourné vers la Vierge Marie: « À elle, qui a pris soin de Jésus dans la pauvre maison de Nazareth, confions les enfants les plus pauvres et notre maison commune ».
Ce n’est pas un hasard si le pape a présenté Marie comme modèle de l’inculturation de l’Evangile dans les cultures des peuples: n’est-elle pas apparue sous les traits d’une femme enceinte, métisse, à saint Juan Diego, indigène du Mexique, en 1531, la Vierge de Guadalupe?
Un signe de cette inculturation: la crosse amazonienne que le pape aurait promis d’utiliser lors de la messe finale du synode. Le pape s’appuyait sur une crosse en bois sculpté par un artiste de Bahia, il y a une vingtaine d’années, portant la croix du Christ: le pape l’a reçue de Mgr Franz Joseph Meinrad Merkel, « Dom Francisco », un Spiritain allemand, évêque d’Humaità (Brésil). L’évêque amazonien la lui a remise au début du synode dans le hall de la Salle Paul VI.
Le synode a été marqué par un peu d’incompréhension sur les questions d’inculturation: des statuettes représentant la fécondité et la vie – l’antique « Pachamama » des Incas – ont été considérées par des catholiques italiens comme des idoles et ils s’en sont emparés dans l’église de la Traspontina où elles étaient exposées, et ils les ont jetées dans le Tibre, lundi 21 octobre. Ce qui a blessé les baptisés ainsi soupçonnés d’idolâtrie.
Le pape François a voulu lui-même dissiper le malentendu en affirmant, le 25 octobre, qu’il n’y avait « aucune intention idolâtre ». Et, en tant qu’évêque de Rome, il a demandé pardon à ceux qui ont été offensés par ce geste.
Un membre du peuple Ashaninca, Delio Siticonatzi Camaiteri, a pour sa part répondu par une profession de foi devant la presse internationale, le 24 octobre, avouant qu’il voyait les occidentaux « un peu préoccupés », il a donc aussi voulu dissiper tout doute: « Le Centre, c’est le Christ! C’est lui qui nous unit ».
Le préfet du Dicastère pour la communication, Paolo Ruffini, a déclaré, lors d’un des points presse quotidiens, le 21 octobre: «Nous avons déjà répété à plusieurs reprises en cet endroit que ces statues représentaient la vie, la fertilité, la terre “mère”». A propos de leur « disparition » dans le Tibre il ajoutait : « C’est un geste qui, me semble-t-il, contredit l’esprit de dialogue qui devrait toujours animer tout le monde, je ne sais pas quoi dire d’autre si ce n’est que c’était un vol, et que le fait parle peut-être de lui-même ».
Que deviendront les trois statuettes récupérées dans le Tibre par les carabiniers? Avec les autres objets amazoniens présents lors des différentes célébrations liturgique ou cérémonies du synode – canoé, rames, filets, perroquets – elles seront placées dans le musée de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, à la demande du cardinal préfet, Fernando Filoni.
 
 
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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