Cérémonie dans les jardins du Vatican, 4 oct. 2019 © Vatican Media

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“Pas d’intentions idolâtres”: le pape François annonce que les statuettes amazoniennes sont intactes

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Il demande pardon aux personnes offensées par leur enlèvement

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Le pape François a demandé pardon “aux personnes offensées” par la disparition des statuettes amazoniennes de l’église de la Vierge du Carmel de la Traspontina, lundi dernier, 21 octobre 2019. Le pape déclare clairement qu’il n’y avait pas d’ “intentions idolâtres” dans la présence de ces statues. Il ajoute qu’elles ont été retrouvées intactes par les carabiniers.
Précisément, cinq statuettes ont été jetées dans le Tibre, et 3 ont été repêchées: mise en sécurité, elles sont destinées, avec ces objets amazoniens, au musée de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, à la demande du cardinal préfet, Fernando Filoni.
Le pape s’est exprimé en italien, au terme de la prière qui a ouvert les travaux en salle du synode, ce vendredi 25 octobre 2019, à 16h30. Un “pool” de journalistes est admis à la prière qui précède les travaux – qui se déroulent, eux, à huis-clos – et ils ont été témoins de cette intervention du pape François, dont Brian Roewe, qui a publié un enregistrement audio sur Twitter.
Le pape a parlé – il le précise –  puisque cela “s’est produit à Rome”, en tant “qu’évêque de Rome, de ce diocèse”. Il a affirmé que les statuettes de la “Pachamama” – le pape prononce le nom – (l’ancienne déesse de la fertilité pour les Incas, ndlr), étaient exposées dans l’église “sans intentions idolâtres”.
Il regrette le « battage médiatique » soulevé par la présence de ces statuettes et leur enlèvement pour les jeter dans le Tibre.
Le geste de jeter des objets dans un fleuve peut être en effet interprété comme un geste d’exorcisme pour quelque chose de perçu comme « diabolique », lorsqu’on ne peut pas les détruire autrement. Le cardinal Ludwig Müller a, par exemple, interprété la présence de ces statuettes comme de l’« idolâtrie ». Cependant, il n’y a eu aucun honneur rendu aux statues, aucun geste « idolâtrique », comme en témoignent les vidéos, a redit Paolo Ruffini en rencontrant la presse.
Le pape indique que les statues ont été “retrouvées sur le Tibre” et qu’elles “n’ont pas été endommagées”: de fait, on voit qu’elles flottent sur la vidéo du vol mise en ligne sur YouTube, avec force catéchèse sur l’idolâtrie.
Il s’agit de la représentation, en bois sculpté, d’une femme enceinte – l’enfant étant représenté en rouge -, et d’un symbole de la vie qui appartient à la culture amazonienne, avait expliqué le préfet du Dicastère pour la communication, Paolo Ruffini, lors d’un des points presse quotidiens, le 21 octobre: «Nous avons déjà répété à plusieurs reprises en cet endroit que ces statues représentaient la vie, la fertilité, la terre “mère”». A propos de leur « disparition » dans le Tibre il ajoutait : « C’est un geste qui, me semble-t-il, contredit l’esprit de dialogue qui devrait toujours animer tout le monde, je ne sais pas quoi dire d’autre si ce n’est que c’était un vol, et que le fait parle peut-être de lui-même ».
A l’avant veille de l’ouverture du synode, les statuettes ont également été présentes dans les jardins du Vatican, en la fête de François d’Assise, le 4 octobre, et lors du chemin de croix, où ont aussi été portés des souvenirs des martyrs amazoniens: ils ont préféré la mort plutôt que de renier le Christ, comme il a été rappelé lors du point presse d’aujourd’hui, où le nom de la religieuse – des soeurs de Namur – Dorothy Stang, assassinée au Brésil, a été évoqué. L’Osservatore Romano lui avait rendu hommage il y a quelques mois.
Un représentant des catholiques d’Amazonie a lui-même voulu écarter toute équivoque en faisant une profession de foi émouvante – en espagnol – devant la presse internationale le 24 octobre: il voyait les “doutes” chez des personnes peu familières avec l’Amazonie catholique et il a cherché à les dissiper. « Le centre, c’est le Christ », c’est lui qui « nous unit » a-t-il notamment proclamé avec force et émotion. Il s’appelle Delio Siticonatzi Camaiteri, il est membre du peuple Ashaninca, dans l’Amazonie péruvienne.
La présence de ce symbole dans les rites catholiques manifeste aussi une option pastorale de l’Eglise qui, tout en passant les cultures au crible de l’Ancien et du Nouveau Testament – les Dix commandements et les Béatitudes, pour faire court – , cherche à recueillir avec respect ce qui en elles témoigne déjà de la présence du Créateur, source de toute vie, et des « semences du Verbe », traces du Christ au-delà des frontières visibles de l’Eglise, pierres d’attente pour l’annonce de l’Evangile.
Cette purification et cette intégration pourraient conduire à la reconnaissance d’un « rite amazonien » estiment des pères du synode – comme il y a par exemple en Inde des rites syro-malankare et syro-malabare – : ce pourrait être l’une des propositions présentées par le synode au pape François.
Voici le texte complet, traduit par nos soins, mais transcrit par le Saint-Siège en fin d’après midi, des paroles du pape François lors de la 15e congrégation générale en Salle du synode, à la fin de la prière:
Bonjour, je voudrais dire un mot sur les statues de la Pachamama qui ont été enlevées de l’église de la Traspontina, qui étaient là sans intentions idolâtres et qui ont été jetées dans le Tibre.
Tout d’abord, cela s’est passé à Rome et en tant qu’évêque du diocèse, je demande pardon aux personnes qui ont été offensées par ce geste.
J’annonce ensuite que les statues, qui ont suscité tant de battage médiatique, ont été retrouvées dans le Tibre. Les statues ne sont pas endommagées.
Le commandant des carabiniers souhaite qu’on diffuse l’information de cette découverte avant que la nouvelle ne soit rendue publique. À l’heure actuelle, la nouvelle est confidentielle et les statues sont conservées dans les bureaux du commandant des carabiniers italiens.
Le commandement des carabiniers sera heureux de suivre toute indication que l’on voudra donner sur la façon dont cette nouvelle est publiée et sur les autres initiatives que l’on voudra prendre à ce sujet, par exemple, dit le commandant, « l’exposition des statues pendant la messe de clôture du synode « , on verra. Je charge le secrétaire d’État de répondre à cela.
C’est une bonne nouvelle, merci.
(c) Traduction de Zenit, Anita Bourdin
 
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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