Père Zollner et père Lombardi © Vatican Media

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Protection des mineurs : respecter et accepter les condamnations judiciaires, par le p. Zollner

Réflexion sur les retombées du Sommet mondial et les affaires récentes

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L’Eglise doit respecter et accepter les condamnations judiciaires de ses représentants, souligne le p. Hans Zollner, président du Centre pour la protection des mineurs de l’Université pontificale grégorienne et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs.
Dans un entretien à Vatican News ce 15 mars 2019, il commente les récentes affaires judiciaires « choquantes », notamment celle du cardinal George Pell, ex-préfet du Secrétariat pour l’économie, condamné à six ans de prison pour abus sexuels sur mineurs, une nouvelle qui a bouleversé « tout le monde catholique ». Il conseille cependant d’attendre « le résultat de l’appel » du cardinal, qui devrait être rendu en juin.
Le jésuite allemand évoque par ailleurs la condamnation du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, « pour négligence et non-dénonciation d’un cas ». « Nous savons désormais, analyse-t-il, qu’il n’y a plus de personnes intouchables et les Etats, les gouvernements, la juridiction de chaque entité de l’Etat, regardent ce qui s’est passé selon eux et appliquent les lois, les normes en vigueur. »
« Cela doit être la norme pour l’Eglise », insiste le p. Zollner : « Si l’Etat, dans une situation démocratique stable, contrôlée et légitime, arrive à la conclusion qu’un représentant de l’Eglise, aussi bien un diacre, qu’un prêtre, un évêque, un cardinal, a commis un crime, cela doit être non seulement respecté mais aussi accepté. »
Moins d’un mois après le Sommet des présidents des Conférences épiscopales du monde au Vatican (21-24 février), il note que « certaines choses ont été concrétisées » : de retour dans leurs diocèses, les participants ont non seulement rapporté leur expérience, mais ils ont aussi « lancé des procédures ». Les évêques ont fait état « d’un autre niveau de collaboration avec les autorités civiles, ils ont insisté sur la nécessité… de travailler avec plus de consistance sur la prévention des abus ».
Les trois victimes qui ont témoigné devant les présidents des Conférences épiscopales, confie-t-il, étaient « très impressionnées par l’accueil de tous les participants dans la salle, par le salut qu’elles ont reçu du pape en conclusion de leur témoignage… et par toute l’atmosphère » : « Une atmosphère émotionnelle très dense, très préparée à recevoir un message, un témoignage qui pour les trois cas était très dur, très clair dans la description de ce qui était arrivé à ces victimes d’abus de la part d’un prêtre, et très clair (…) pour dire: “C’est votre responsabilité, c’est ce que vous devez faire… de façon transparente et responsable”. »
Pour le p. Zollner, l’objectif principal du Sommet était « de mettre en évidence pour toute l’Eglise (…) dans le monde entier, la nécessité de travailler sur ce thème avec cohérence et détermination ». Il mentionne également les documents du Saint-Siège à paraître : des lignes-guides pour le vicariat de l’Etat de la Cité du Vatican ; une nouvelle loi pour le petit Etat concernant « la dénonciation et la lutte contre ce mal » ; le vademecum qui donnera aux évêques et aux supérieurs religieux l’orientation « sur la façon de traiter les cas de dénonciation, comment procéder, à qui écrire, comment préparer les documents ».
Il évoque enfin la création prochaine de « task force » pour « donner un coup de main aux conférences épiscopales » là où cela est nécessaire – et de l’aide a déjà été demandée, précise-t-il. Mais « ce n’est pas encore prévu dans l’immédiat, parce que nous devons vraiment bien discuter de leur type d’engagement, du mandat qu’ils recevront, des personnes (…) compétentes pour travailler dans ce domaine ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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