Le pape François souhaite, un personnel politique qui place « le bien commun avant leurs intérêts privés », et « ne se laissent pas intimider par les grands pouvoirs financiers et médiatiques ».
Dans le sillage de ses prédécesseurs, le pape rappelle que pour un chrétien l’engagement politique constitue « une forme concrète d’amour pour le prochain » en vue de « la construction d’une culture fraternelle basée sur le droit et la justice ».
Il invitait le personnel politique à placer « le bien commun avant leurs intérêts privés », sans se laisser « intimider par les grands pouvoirs financiers et médiatiques », en étant à la fois « compétents et patients pour faire face à des problèmes complexes, disponibles à écouter et à apprendre dans la dialogue démocratique », et « en conjuguant la recherche de la justice avec la miséricorde et la réconciliation ».
Le pape encourage cette campagne de carême afin qu’elle « aide tous les chrétiens à garder les yeux et le cœur ouverts pour pouvoir voir dans leurs frères les plus dans le besoin la “chair du Christ” qui attend d’être “reconnu, touché et assisté avec soin par nous” »: un écho à sa la bulle d’indiction du Jubilé de la Miséricorde, « Le visage de la miséricorde« .
Voici notre traduction, à partir de l’italien, de ce message dont l’original est en portugais.
AB
Message du pape François
Chers frères et sœurs du Brésil,
Avec le début du Carême, nous sommes invités à nous préparer, à travers les pratiques pénitentielles du jeûne, de l’aumône et de la prière, à la célébration de la victoire du Seigneur Jésus sur le péché et sur la mort. Pour inspirer, éclairer et intégrer ces pratiques comme des composantes d’un chemin personnel et communautaire vers la Pâque du Christ, la Campagne de fraternité propose aux chrétiens brésiliens l’horizon des « politiques publiques ».
Bien que l’on entende par politique publique ce qui est principalement de la responsabilité de l’État, dont la finalité est de garantir le bien commun des citoyens, toutes les personnes et les institutions doivent se sentir protagonistes des initiatives et des actions qui promeuvent l’ « l’ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s’accomplir plus complètement et plus facilement » (Gaudium et spes, n.74).
Conscients de cela, les chrétiens – inspirés par le slogan de cette Campagne de fraternité, « Par le droit, Sion sera délivrée ; ils le seront par la justice » (Is 1,27) et suivant l’exemple du divin Maître qui « n’est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mt 20-28) – doivent rechercher une participation plus active dans la société comme forme concrète d’amour pour le prochain, qui permette la construction d’une culture fraternelle basée sur le droit et sur la justice. De fait, comme le rappelle le Document d’Aparecida, « ce sont les laïcs de notre continent, conscients de leur appel à la sainteté en vertu de leur vocation baptismale, qui doivent agir comme ferment dans la masse pour construire une cité temporelle qui soit en harmonie avec le projet de Dieu » (n.505).
Plus particulièrement, à ceux qui se consacrent formellement à la politique – à laquelle les pontifes, à partir de Pie XII, se sont référés comme à une « noble forme de charité », (cf. pape François, Message vidéo au Congrès organisé par Cal-Celam, 1erdécembre 2017) on demande qu’ils « vivent avec passion leur service pour les peuples, qu’ils vibrent des fibres intimes de leur ethos et de leur culture, solidaires avec leurs souffrances et leurs espérances ; des hommes politiques qui mettent le bien commun avant leurs intérêts privés, qu’ils ne se laissent pas intimider par les grands pouvoir financiers et médiatiques, qu’ils soient compétents et patients face aux problèmes complexes, qu’ils soient ouverts à écouter et apprendre dans le dialogue démocratique, qu’ils conjuguent la recherche de la justice avec la miséricorde et la réconciliation » (ibidem).
En réfléchissant et en priant pour les politiques publiques avec la grâce de l’Esprit-Saint, je souhaite, chers frères et sœurs, que le chemin du carême de cette année, à la lumière des propositions de la Campagne de fraternité, aide tous les chrétiens à garder les yeux et le cœur ouverts pour pouvoir voir dans leurs frères les plus démunis la « chair du Christ » qui attend d’être « reconnue par nous, touchée et assistée avec soin » (Bulle Miséricordiae vultus, n.15). Ainsi la force rénovatrice et transformatrice de la résurrection pourra rejoindre tout le monde, faisant du Brésil une nation plus fraternelle et plus juste. Et pour vous confirmer dans ces résolutions, vous confiant à l’intercession de Nossa Senhora Aparecida, je vous envoie à tous et à chacun de tout cœur la bénédiction apostolique, vous demandant de ne jamais cesser de prier pour moi.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat