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ONU : une «économie de l’inclusion» pour les pays à revenu intermédiaire, par Mgr Auza

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Orienter l’économie mondiale vers le bien commun de tous

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Le Saint-Siège plaide pour une « économie de l’inclusion » en faveur des pays à revenu intermédiaire.
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège, est intervenu à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le thème de la Coopération pour le développement avec les pays à revenu intermédiaire, à New York, le 4 décembre 2018.
Le Saint-Siège invite à réorienter l’économie mondiale « de l’idéologie du marché non réglementé et du profit à tout prix vers le bien commun de tous », à mettre « l’accent sur le lien entre la dignité humaine et le bien commun » et à adopter « une approche qualitative de la liberté liée à la responsabilité, et des droits sociaux et économiques fondés sur une obligation réciproque entre l’individu et la communauté ».
Mgr Auza dénonce la « « dette écologique » des pays à revenu intermédiaire (PRI) à l’égard des pays à revenu élevé, « les politiques agricoles d’exclusion qui empêchent les PRI d’être compétitifs sur les marchés mondiaux » et « les politiques fiscales qui aident les grandes entreprises à éviter de payer des impôts dans ces pays ». Il suggère une « politique ascendante » pour que « les gens deviennent les agents de leur propre développement » et que « ceux qui sont affectés par les politiques » puissent « à leur tour influencer les politiques ».
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza.
HG
Intervention de Mgr Bernardito Auza
Madame la Présidente,
Le Saint-Siège est heureux de participer à cette réunion de haut niveau pour examiner les lacunes et les défis auxquels les pays à revenu intermédiaire sont confrontés dans la mise en œuvre de l’Agenda pour le développement durable 2030.
L’Agenda 2030 est un changement de paradigme sur la manière d’éradiquer la pauvreté et de promouvoir un authentique développement humain. L’ancien paradigme avait une approche unidimensionnelle : d’abord promouvoir la croissance économique et ensuite, quelque part dans l’avenir, vous pourriez vous permettre de protéger l’environnement et d’obtenir des avantages sociaux. Le nouveau paradigme voit une approche réciproque : le progrès social, environnemental et économique doit aller de pair. Les pays ne peuvent pas attendre d’être riches pour promouvoir les droits de l’homme, soutenir l’éducation et la santé ou protéger leur environnement. Une stratégie plus efficace est nécessaire pour investir dans l’éducation et les soins de santé, en particulier pour les femmes et les filles, tout en assurant une transition équitable de la main-d’œuvre qui crée un travail décent et des emplois de qualité, comme cela a été réaffirmé hier lors du Sommet des dirigeants à Katowice. Le véritable progrès économique commence par le développement humain intégral, la protection de la dignité humaine et la promotion du bien commun.
En outre, le paradigme précédent facilitait le progrès économique pour un petit nombre, qui se faisait souvent au détriment du plus grand nombre, et en particulier des pauvres. Comme l’a souligné le pape François, « les pays en développement, où se trouvent les réserves de biosphère les plus importantes, continuent d’alimenter le développement des pays plus riches au détriment de leur présent et de leur avenir » [1] Cette « dette écologique » est l’un des obstacles à la convergence entre pays à revenu intermédiaire (PRI) et pays à revenu élevé.
Madame la Présidente,
Ma délégation considère ce que l’on appelle le « piège du revenu moyen » comme une forme d’ « économie de l’exclusion ». La convergence interviendra lorsque les PRI seront en mesure de tirer pleinement parti des avantages de l’activité économique qui se déroule dans leur pays, plutôt que d’avoir à supporter les charges économiques, sociales et environnementales tout en exportant ces avantages vers des pays déjà riches. Parmi les autres obstacles à la convergence figurent les politiques agricoles d’exclusion qui empêchent les PRI d’être compétitifs sur les marchés mondiaux et les politiques fiscales qui aident les grandes entreprises à éviter de payer des impôts dans ces pays. Le Saint-Siège appelle donc à une approche ascendante pour construire une « économie de l’inclusion » à travers une véritable participation et une démocratie participative, où les gens deviennent les agents de leur propre développement, et où ceux qui sont affectés par les politiques peuvent à leur tour influencer les politiques.
Pour que cette vision se réalise, cependant, l’économie mondiale a besoin d’une réorientation de l’idéologie du marché non réglementé et du profit à tout prix vers le bien commun de tous. Cela exige une tradition éthique reconstituée fondée sur le plein épanouissement de la personne humaine. Cela est possible si nous mettons l’accent sur le lien entre la dignité humaine et le bien commun et si nous interprétons correctement des concepts clés tels que la liberté et les droits : une approche qualitative de la liberté liée à la responsabilité, et des droits sociaux et économiques fondés sur une obligation réciproque entre l’individu et la communauté.
Un tel cadre peut fournir un terrain fertile pour un développement humain intégral et durable dans les pays à revenu intermédiaire. Il peut aider à former de meilleurs individus et de meilleures institutions. Il peut contribuer à remplacer une mondialisation de l’exclusion et de l’indifférence par une mondialisation de l’inclusion et de la solidarité.
Merci, Madame la Présidente.
***
NOTE

  1. Pape François, Lettre encyclique, Laudato Si’, n. 52.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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