Dominique Wolton 25/02/2017 © L'Osservatore Romano

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«Dieu est un poète»: dialogue entre le pape et le sociologue français Dominique Wolton

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Rencontres avec un pape qui n’a « peur de rien »

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L’édition italienne des entretiens entre le pape François et l’intellectuel français, théoricien de la communication, Dominique Wolton, est sorti en librairie ce mardi 24 avril 2018, rapporte Vatican News en italien, après la présentation du livre au siège de Radio Vatican.

Nous avions publié des bonnes feuilles du livre au moment de sa sortie en français, en septembre 2017, sous le titre « Pape François : rencontres avec Dominique Wolton. Politique et société », aux Editions de L’Observatoire. Depuis le 24 avril, il est en vente dans les librairies italiennes sous le titre: « Dio è un poeta ».

Nous avions proposé 7 angles différents: le pape se confie à D. Wolton – qui l’a rencontré douze fois entre février 2016 et février 2017 -, sur la morale, la laïcité, la sainteté au quotidien, les migrations, les femmes, la tradition, ce qui fait peur.

En effet, souligne pour sa part Radio Vatican en italien, « pendant une année de rencontres, ils ont parlé de paix, de politique, de globalisation, de fondamentalisme, d’inégalités sociales, de la domination du « dieu argent », d’économie pour les personnes, des migrants, de l’Europe et du dialogue entre les chrétiens et les religions »: « Il insiste sur la joie de l’Évangile et il a l’obsession d’éviter la guerre », raconte l’auteur.

Le pape François n’est pas « le pape du peuple, mais il veut être le pape de tous », explique la même source: il n’est pas de gauche, mais « il est en colère contre les folies du monde, les injustices, les égoïsmes, les usines et les marchands d’armes. Il a une grande confiance dans les personnes simples et moins dans les élites ».

Dominique Wolton, sociologue septuagénaire et théoricien de la communication française explique la genèse du livre: « Cela a été une rencontre humaine inattendue ; ce qui l’a peut-être intéressé, c’est que je me suis déclaré catholique à 50 pour cent, et ma figure d’intellectuel français. Il fait confiance aux personnes, dans ce cas-ci à moi ». Il s’est créé entre nous, poursuit le sociologue français, « un sens de la complicité et un fonds d’humour qui est demeuré au cours de toutes les rencontres. Nous avons beaucoup ri, entre autres parce que le pape ne se prend pas beaucoup au sérieux ». Bergoglio a un trait « extrêmement humain, basé aussi sur le contact physique, difficile à trouver parmi les princes de l’Église et aussi parmi les hommes politiques. Je suis un pasteur, pas un professeur, dit-il de lui-même ». J’ai vu en lui, ajoute Wolton au micro de Radio Vatican Italie, « non pas une Église solennelle, mais une Église pastorale, une Église pour les pauvres pécheurs. En d’autres termes, l’Évangile ».

Pour l’édition italienne, il a choisi ce titre : « Dieu est un poète », qui est une des phrases du pape, explique le sociologue, « parce que je vois en Dieu et dans le pape quelque chose qui échappe à la rationalité mais aussi aux valeurs insidieuses d’aujourd’hui. Et un poète ne sert à rien mais il sert à tout ». Et il ajoute : « La poésie est quelque chose de gratuit, de sensible, d’inutile, de mystérieux, qui s’oppose à la recherche du pur profit. Et le pape parle de l’utopie des rêves qui peuvent se réaliser ».

La « philosophie de l’Église » du pape François, précise encore Wolton, est « joie et liberté, et non responsabilité et culpabilité », il insiste beaucoup sur le mot joie et ceci est particulier, pour moi, parce que souvent dans l’Église il y a une tristesse exaspérante ». Le pape François parle très simplement et identifie les péchés les plus graves « dans la rigidité d’esprit, les hypocrisies, les inégalités, les injustices » qui le préoccupent plus que les nœuds de la bioéthique, qu’il considère cependant comme importants.

« Et il demande que, dans les homélies, on parle un peu moins des péchés commis au-dessous de la ceinture ». François, conclut l’auteur « aime les gens ordinaires et non les prêtres de cour, les mondains, et en cela il est plus franciscain que jésuite ». Pour lui, « la tradition n’est pas immobile, il faut la réinventer et c’est pourquoi elle est mouvement ». Il parle très bien des nouvelles Églises « qui donneront une bouffée d’oxygène aux anciennes, comme l’Église européenne qui n’est plus le centre du monde catholique ». « Mon élection, m’a-t-il dit, a été une grâce, c’est pourquoi je n’ai peur de rien ».

Avec une traduction d’Hélène Ginabat

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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