« L’intégration est un “processus bidirectionnel”, avec des droits et des devoirs réciproques », a affirmé le pape François devant le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, ce 8 janvier 2018. Il a invité à « sortir d’une rhétorique répandue » suscitant « des peurs ancestrales ». Actuellement, a-t-il affirmé, « les possibilités et les moyens d’assurer à tout homme et à toute femme qui vit sur terre des conditions de vie dignes de la personne humaine ne manquent pas ».
Les migrations ont toujours existé, a rappelé le pape devant les représentants des 185 pays entretenant des relations officielles avec le Saint-Siège. Et « la liberté de mouvement, tout comme celle de quitter son propre pays et d’y retourner, fait partie des droits fondamentaux de l’homme ».
« Aujourd’hui, a-t-il noté dans son discours de vœux du Nouvel An, on parle beaucoup de migrants et de migrations, parfois juste pour susciter des peurs ancestrales. » Et le pape d’inviter à « sortir d’une rhétorique répandue sur la question et aller au fait essentiel que devant nous, il y a d’abord et avant tout des personnes ».
« Tout en reconnaissant qu’ils ne sont pas toujours tous animés des meilleures intentions, a-t-il ajouté, on ne peut pas oublier que la majorité des migrants préfèrerait rester dans leur propre pays, alors qu’elle se trouve contrainte à le quitter. »
Le pape s’est particulièrement arrêté sur « l’intégration », « un “processus bidirectionnel”, avec des droits et des devoirs réciproques » : « Celui qui accueille est en effet appelé à promouvoir le développement humain intégral, alors qu’on demande à celui qui est accueilli de se conformer immanquablement aux normes du pays qui l’accueille, ainsi qu’au respect de ses principes identitaires. »
« Tout processus d’intégration doit toujours maintenir au centre des normes qui concernent les divers aspects de la vie politique et sociale, la défense et la promotion des personnes, surtout de celles qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité », a-t-il poursuivi.
Le merci du pape aux pays d’accueil
Au fil de son long discours, le pape a remercié « les Autorités de ces États qui se sont prodigués au cours de ces années pour fournir une assistance aux nombreux migrants parvenus à leurs frontières » : il a évoqué notamment « l’engagement de nombreux pays en Asie, en Afrique et dans les Amériques », saluant le Bangladesh et son soutien au peuple Rohingya.
Exprimant « une gratitude spéciale à l’Italie qui, ces années, a montré un cœur ouvert et généreux et a su aussi donner des exemples positifs d’intégration », l’évêque de Rome a souhaité « que les difficultés que le pays a traversées ces dernières années, et dont les conséquences persistent, ne conduisent pas à des fermetures et à des verrouillages, mais au contraire à une redécouverte de ces racines et de ces traditions qui ont nourri la riche histoire de la Nation et qui constituent un inestimable trésor à offrir au monde entier ».
Il a également rendu hommage aux « efforts accomplis par d’autres États européens, en particulier la Grèce et l’Allemagne ».
L’Europe, terre de paix et de sécurité
« De nombreux réfugiés et migrants cherchent à rejoindre l’Europe parce qu’ils savent qu’ils pourront y trouver paix et sécurité », a constaté le pape : « L’Europe doit être fière de ce patrimoine… L’arrivée des migrants doit la pousser à redécouvrir son patrimoine culturel et religieux propre, de sorte que, reprenant conscience des valeurs sur lesquelles elle s’est édifiée, elle puisse en même temps maintenir vivante sa tradition et continuer à être un lieu accueillant, annonciateur de paix et de développement. »
Evoquant enfin la préparation des deux Pactes Mondiaux (Global Compacts), sur les réfugiés et pour une migration sûre, ordonnée et régulière, le pape a appelé « des résultats dignes d’une communauté mondiale toujours plus interdépendante, fondée sur les principes de solidarité et d’aide mutuelle ».
Voeux au Corps diplomatique © Vatican Media
Migrations : l’intégration est un processus bidirectionnel
Discours du pape au Corps diplomatique