Voeux au Corps diplomatique © Vatican Media

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Corps diplomatique : les vœux du pape pour les pays en guerre

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Œuvrer au désarmement intégral et s’attaquer aux causes de la misère

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Lors de sa rencontre annuelle avec les ambassadeurs du Corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège, ce 8 janvier 2018, le pape a formulé des vœux pour les pays ravagés par les conflits. Il a appelé entre autres au désarmement intégral et à s’attaquer aux causes de la misère.
Au fil de son long discours, il a exhorté à « œuvrer activement pour la paix », déplorant le fait que « de graves conflits locaux continuent à embraser diverses régions de la terre », où les efforts collectifs « semblent toujours moins efficaces face à la logique aberrante de la guerre ».
Pour le pape, la communauté internationale doit s’employer à « combattre l’injustice et éradiquer, de manière non violente, les causes de désaccord qui conduisent aux guerres ». Mais elle doit aussi œuvrer au « désarmement intégral » : la prolifération des armes, en effet, « aggrave clairement les situations de conflit et comporte des coûts humains et matériels considérables ».
Souhaitant « la limitation du recours à la force armée dans la gestion des affaires internationales », le pape François encouragé « un débat serein et le plus ample possible », en évitant « des polarisations de la communauté internationale sur un sujet aussi délicat ». « Tout effort dans ce sens, si modeste soit-il, représente un résultat important pour l’humanité », a-t-il assuré.
Constatant « la fabrication ininterrompue d’armes toujours plus sophistiquées et plus ‘‘perfectionnées’’ », le pape a appelé à « soutenir toute tentative de dialogue dans la péninsule coréenne, afin de trouver de nouvelles voies pour surmonter les oppositions actuelles, d’accroître la confiance réciproque et d’assurer un avenir de paix au peuple coréen et au monde entier ».
Reconstruire les cœurs en Syrie
Il a aussi appuyé « les diverses initiatives de paix en cours en faveur de la Syrie, pour qu’on puisse finalement mettre fin au long conflit qui a affecté le pays et causé d’effroyables souffrances ». « Plus encore que la reconstruction des édifices, a-t-il ajouté, s’avèrent nécessaires la reconstruction des cœurs, le retissage de la toile de la confiance réciproque, préalables indispensables pour l’épanouissement de toute société ».
Pour « une reprise de la vie sociale, où chaque citoyen, indépendamment de son appartenance ethnique et religieuse, puisse participer au développement du pays », le pape a demandé la protection des « minorités religieuses, parmi lesquelles se trouvent les chrétiens, qui depuis des siècles contribuent activement à l’histoire de la Syrie ».
Il a aussi plaidé « créer les conditions en vue du rapatriement des réfugiés provenant de la Syrie », saluant « l’engagement et les efforts » des pays limitrophes, particulièrement la Jordanie, la Turquie et le Liban qui doit continuer à « être un ‘‘message’’ de respect et de cohabitation ainsi qu’un modèle à imiter pour toute la région et pour le monde entier ».
« La volonté de dialogue, a poursuivi le pape François, est nécessaire également dans le bien-aimé Irak, pour que les diverses composantes ethniques et religieuses puissent retrouver le chemin de la réconciliation et de la cohabitation et collaboration pacifiques, tout comme au Yémen et dans d’autres parties de la région, ainsi qu’en Afghanistan. »
Jérusalem, ville sacrée pour chrétiens, juifs et musulmans
Adressant « une pensée particulière aux Israéliens et aux Palestiniens » après la décision du président Donald Trump de transférer l’ambassade américaine en Israël à Jérusalem, le pape a exhorté à « pondérer toute initiative afin qu’on évite d’exacerber les oppositions ».
Il a invité « à un engagement commun à respecter, en conformité avec les Résolutions pertinentes des Nations Unies, le status quo de Jérusalem, ville sacrée pour les chrétiens, les juifs et les musulmans ».
« Soixante-dix ans d’affrontements rendent plus que jamais urgent de trouver une solution politique qui permette la présence dans la région de deux États indépendants dans des frontières internationalement reconnues, a-t-il insisté. Même au sein des difficultés, la volonté de dialoguer et de reprendre les négociations reste le principal chemin pour arriver finalement à une cohabitation pacifique des deux peuples. »
Le pape a aussi mentionné le « bien-aimé Venezuela », demandant de « répondre sans tarder aux besoins primaires de la population » et de créer « les conditions afin que les élections prévues pour l’année en cours soient en mesure d’apporter une solution aux conflits existants ».
Éradiquer les causes de la misère en Afrique
« Que la communauté internationale n’oublie pas non plus les souffrances de nombreuses parties du Continent africain, spécialement au Sud-Soudan, en République Démocratique du Congo, en Somalie, au Nigéria et en République Centrafricaine, où le droit à la vie est menacé par l’exploitation abusive des ressources, par le terrorisme, par la prolifération de groupes armés et par des conflits persistants », a dénoncé l’évêque de Rome.
« Il ne suffit pas de s’indigner face à tant de violence », a-t-il souligné : « Il faut plutôt que chacun, dans son domaine propre, œuvre activement pour éradiquer les causes de la misère et pour construire des ponts de fraternité. »
Enfin, il a évoqué la situation de l’Ukraine, où le conflit continue « à infliger de grandes souffrances à la population, en particulier aux familles qui résident dans les zones touchées par la guerre et qui ont perdu des proches, souvent des personnes âgées et des enfants ».
Les deux avertissements de la Grande Guerre
A l’occasion du centenaire de la fin de la première Guerre Mondiale (1918-2018), le pape a tiré « deux avertissements » : « Le premier avertissement, c’est que vaincre ne signifie jamais humilier l’adversaire défait. La paix ne se construit pas comme une affirmation du pouvoir du vainqueur sur le vaincu… Ce n’est pas la loi de la peur qui dissuade de futures agressions, mais plutôt la force de la raison douce qui encourage au dialogue et à la compréhension réciproque pour aplanir les différences. De cela découle le second avertissement : la paix se consolide lorsque les Nations peuvent traiter entre elles dans un climat de parité. »

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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