« L’intercession des saints dans le dialogue œcuménique ». C’est le titre sous lequel L’Osservatore Romano publie une homélie du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, prononcée en Russie le 27 juillet 2017.
Chef de la délégation catholique chargée de rapporter à Bari (Italie) la relique de saint Nicolas de Myre, le cardinal Koch a célébré une messe en la basilique catholique Sainte-Catherine à Saint-Pétersbourg. « Comme saint Nicolas a vécu à l’époque où la chrétienté n’était pas encore divisée, a-t-il souligné, son intercession et son aide sont particulièrement importantes pour la recomposition de l’unité de l’Eglise en Orient et en Occident ».
« L’échange de reliques offertes à la vénération des fidèles est une forme particulièrement belle de rapprochement entre nos Eglises, car le peuple de Dieu y est plus largement impliqué », a ajouté le président du dicastère, invitant à demander l’intercession des saints pour l’unité : « Les saints de nos Eglises, déjà unies au ciel, sont nos meilleurs intercesseurs et accompagnateurs sur le chemin œcuménique ».
La délégation s’est aussi rendue à la cathédrale de la Sainte-Trinité où la relique se trouve depuis le mois de mai, puis sur la tombe du métropolite Nicodème de Leningrad. Dans l’après-midi, le président du dicastère a rencontré, au monastère de Novodevici, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou.
Voici notre traduction des extraits de l’homélie publiés par le quotidien du Vatican.
AK
L’intercession des saints dans le dialogue œcuménique
Compagnons de marche
La lecture d’aujourd’hui, belle et profonde, tirée du livre du vieux testament de l’Exode (19, 1-2, 9-11, 16-20) nous indique en quoi consiste essentiellement notre vie de chrétiens. Au fond, cela est très simple : être chrétiens signifie vivre une relation personnelle avec Dieu ; tout le reste est une conséquence. Et dans cette relation, c’est Dieu lui-même qui prend l’initiative. Dieu annonce à Moïse qu’il viendra chez lui et chez tout le peuple. Dieu est certainement le Saint, le Très-Haut, l’Impénétrable ; mais c’est comme cela, précisément, qu’il veut rencontrer son peuple et être proche de lui. Notre devoir est de nous préparer à la venue de Dieu. Dieu viendra le troisième jour ; le deuxième jour, est l’heure des préparatifs, comme Dieu annonce à Moïse : « Va vers le peuple ; sanctifie-le, aujourd’hui et demain ».
Que signifie cette sanctification ? Ce que cela signifie apparaît clairement surtout à travers le personnage de Moïse. Le livre du Deutéronome dit de lui : « Il ne s’est plus levé en Israël un prophète comme Moïse, lui que le Seigneur rencontrait face à face » (34, 10). Moïse nous est présenté ici comme un prophète. Et, aussitôt après, on nous indique la veine prophétique de sa vie : le fait que le Seigneur le connaisse « face à face ». Etre des prophètes de cette façon et se sanctifier est la même chose. Le signe distinctif d’un vrai prophète et d’un saint est en effet une relation familière, un « face à face » avec Dieu, parler avec Lui comme fait un ami avec un ami et, partant de cette intime rencontre avec Dieu, réussir à parler avec les autres hommes. Un saint prophète, après avoir été touché personnellement par le Dieu vivant, sait qu’il a le devoir d’annoncer la vérité qui est Dieu Lui-même, et à en témoigner de manière crédible par sa vie.
Nous sommes tous appelés à vivre comme Moïse et à nous sanctifier. Afin que nous puissions nous améliorer de plus en plus sur ce chemin les saints nous assistent par leur exemple et leur intercession. Les saints sont comme des étoiles dans le ciel de l’histoire humaine. Ils nous indiquent le chemin à suivre, nous montrent quelle est la vie dans l’Esprit et dans les pas de Jésus Christ et nous aident à devenir nous-mêmes des saints, dans la mesure où ils témoignent de la sainteté de Dieu. […] Saint est l’homme qui enracine solidement l’infini désir de son cœur en Dieu, c’est l’homme qui a, pour unique aspiration, celle de rendre gloire à Dieu par sa propre vie.
Quand nous vénérons un saint, nous rendons gloire à Dieu. La vénération des saints est un culte divin, c’est adorer Dieu dans sa sainteté et dans sa venue qui sanctifie les hommes. Les saints sont comme un prisme coloré qui réfléchit la lumière de la sainteté de Dieu en divers tons chromatiques et réfractions. Ils sont la constellation chrétienne dans laquelle se reflète la sainteté de Dieu.
Ce que nous disons des saints, vaut tout spécialement pour saint Nicolas, dont la relique est exposée à la vénération des fidèles dans la cathédrale de la Sainte-Trinité. Comme saint Nicolas a vécu à l’époque où la chrétienté n’était pas encore divisée, son intercession et son aide sont particulièrement importantes pour la recomposition de l’unité de l’Eglise en Orient et en Occident.
L’échange de reliques offertes à la vénération des fidèles est une forme particulièrement belle de rapprochement entre nos Eglises, car le peuple de Dieu y est plus largement impliqué.
Quand demain la relique retournera à son lieu d’origine, notre devoir à tous sera de rester fidèles à la prière pour l’unité, de continuer à demander l’intercession des saints. En effet, les saints de nos Eglises, déjà unies au ciel, sont nos meilleurs intercesseurs et accompagnateurs sur le chemin œcuménique. Ils peuvent nous aider à réaliser l’unité des chrétiens.
Comme nous l’avons entendu dans la lecture du jour, notre contribution consiste essentiellement à nous sanctifier, afin que le Seigneur puisse venir « le troisième jour ». Ce « troisième jour » c’est maintenant, au moment même où Dieu vient à nous dans la célébration de l’Eucharistie. Cette dernière est le nouveau Sinaï, le sommet de la montagne d’où le Seigneur nous appelle, comme Il fit avec Moïse, pour nous offrir sa présence et nous faire participer à sa sainteté.
Traduction de Zenit, Océane Le Gall
Saint Nicolas de Myre © Wikimedia Commons / Aleksa Petrov
L’intercession des saints dans le dialogue œcuménique, par le card. Koch
Méditation depuis la Russie publiée dans L’Osservatore Romano