Sr Nathalie Becquart © SNEJV, CEF

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Synode 2018: tous les jeunes invités à s'impliquer, par Sr Nathalie Becquart

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L’Eglise leur donne la parole

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Tous les jeunes doivent se sentir concernés et inclus dans la préparation du synode des évêques d’octobre 2018, rappelle Sr Nathalie Becquart, directrice du service national pour l’évangélisation des jeunes et des vocations (SNEJV) de la Conférence des évêques de France (CEF) et elle indique dans cet entretien comme ils peuvent participer. Aux animateurs de jeunes de les sensibiliser et de susciter leur participation active, leur prise de parole.
ZENIT – Sr Nathalie Becquart, vous êtes directrice du service national pour les jeunes de la CEF et à ce titre vous êtes impliquée dans la préparation du synode 2018 sur les jeunes: quelles sont les étapes déjà franchies dans cette préparation?
Sr Nathalie Becquart  – En octobre dernier, le Pape François a annoncé que le prochain synode des évêques en octobre 2018 aurait pour thème « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » afin de « de s’interroger sur la façon d’accompagner les jeunes à reconnaître et à accueillir l’appel à l’amour et à la vie en plénitude ». A travers cette marche synodale, l’Eglise vient mettre le focus sur les jeunes et marquer sa sollicitude envers eux. Et cette perspective suscite beaucoup de joie et d’enthousiasme en France, notamment chez les acteurs de la pastorale des jeunes et des vocations. En janvier a été publié par le Secrétariat général pour le synode le Document préparatoire qui a lancé la phase de consultation dans laquelle nous sommes actuellement. Ce document, appelé Lineamenta comprend 3 parties. Une première avec une approche plus sociologique essaie de faire un état des lieux de la culture actuelle des jeunes, du monde dans lequel ils grandissent et qui les façonnent, en soulignant quelques grandes caractéristiques de la jeunesse contemporaine. La deuxième partie, plus spirituelle et théologique, décrit de manière très pédagogique ce qu’est le processus de discernement et d’accompagnement des jeunes sur le chemin de la foi et de la découverte de leur vocation. La troisième partie, plus pastorale, donne des repères et pistes concrètes pour une pastorale des jeunes et des vocations dans le monde d’aujourd’hui. Ce document est vraiment intéressant et stimulant, il peut aider tous les chrétiens, et particulièrement ceux qui sont en responsabilité pastorale auprès des jeunes, à relire leurs pratiques, s’interroger sur leur vision des jeunes et des vocations. Il y a un enjeu à le faire connaître et inviter largement à le lire. On peut le trouver avec de nombreux documents complémentaires sur http://www.jeunes-vocations.catholique.fr/ressources/dossiers/dossier-synode-2018.html
De qui le synode parle-t-il: tous les jeunes? Les croyants? Les catholiques? 
« Aucun jeune de doit se sentir exclu de la préparation du synode », « Faites entendre votre cri », « L’Église même désire se mettre à l’écoute de votre voix, de votre sensibilité, de votre foi; voire de vos doutes et de vos critiques. »… Ces paroles fortes du Pape François aux jeunes à propos du synode nous disent l’attente forte du Pape et de tous les pasteurs. A travers cette marche ensemble pour écouter l’Esprit-Saint avec et à travers les jeunes, les responsables ecclésiaux souhaitent vraiment écouter et impliquer tous les jeunes. La manière de voir les jeunes telle que décrite dans le document préparatoire au synode insiste beaucoup sur l’enjeu du « protagonisme » des jeunes. C’est-à-dire l’enjeu pour l’Eglise de ne pas les considérer comme des sujets passifs mais de les voir comme des sujets actifs, les premiers acteurs des transformations du monde et de l’évangélisation des jeunes. A travers ce synode, l’Eglise souhaite vraiment accompagner les jeunes dans leur croissance humaine et spirituelle pour qu’ils s’engagent toujours davantage à rendre le monde meilleur. Et cela concerne tous les jeunes, quel que soit leur religion, leur rapport à la foi. La démarche de publication par le Secrétariat général du synode d’un questionnaire mondial en ligne (accessible en 5 langues) destiné directement aux jeunes vise à associer un maximum de jeunes à la consultation synodale.
Avez-vous l’impression que les jeunes se sentent impliqués et sont intéressés ou pas ?
Les jeunes impliqués dans l’Eglise qui ont appris l’existence de ce prochain synode des évêques sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » reçoivent cette perspective avec beaucoup de joie, d’enthousiasme et d’intérêt. Ils voient ce synode des jeunes comme un cadeau du Pape, cela les dynamise et ils ont particulièrement envie de s’impliquer, de s’exprimer. Beaucoup de jeunes qui ont pris le temps de lire le document préparatoire m’ont dit combien ce texte les avait intéressé et éclairé. Et du coup, ils ont envie de participer à la consultation en cours. Ensuite, il est sûr que la majorité des jeunes ne savent pas ce qu’est un synode et ne s’y intéressent pas d’emblée. D’où la responsabilité des acteurs pastoraux de faire tout un travail de pédagogie et d’animation autour de la préparation du synode pour expliquer cette démarche, ses enjeux et objectifs… afin de déployer des propositions adaptées aux différents groupes de jeunes pour les intéresser et les impliquer dans cette marche synodale. Mais en général, quand on explique aux jeunes que le Pape François avec toute l’Eglise s’intéresse à eux et veut les interroger, ils sont partants !
Jusqu’à quand les jeunes peuvent-ils participer à la préparation et comment?
Les jeunes peuvent participer à la préparation de deux manières. Tout d’abord en répondant directement au questionnaire mondial en ligne sur http://youth.synod2018.va/ d’ici le 30 novembre 2017 et en le diffusant aux autres jeunes. En parallèle, ils peuvent aussi prendre part à toutes les démarches de préparation et de consultation déployées dans leur paroisse, diocèse, mouvement ou communauté qui vise à répondre aux questions proposées à la fin du document préparatoire. Sur le terrain généralement plusieurs propositions sont faites aux jeunes pour la préparation du synode : questionnaire en ligne, groupes de travail, rencontres de préparation, échanges avec l’évêque…. En France, par exemple, tous les diocèses ou groupes qui souhaitent contribuer à l’élaboration de la réponse/synthèse nationale qui sera envoyée à Rome par la Conférence des Evêques de France, ont jusqu’au 14 juillet pour nous envoyer leur réflexion à l’adresse synode2018@cef.fr
Il y a le mot « discernement » dans l’intitulé du thème du synode: « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Pourquoi cet accent? 
Dans le monde actuel, avec la globalisation et le développement du numérique, les jeunes sont confrontés à une multiplicité de modèles possibles et de choix. Ils vivent la plupart du temps dans des sociétés très plurielles, multiculturelles et multireligieuses. Par internet, ils ont accès à une pluralité de visions et de propositions. Cela facilite le zapping, la mobilité pas seulement géographique, mais aussi mentale et affective. Les sociologues parlent de « la société liquide » dans laquelle les jeunes grandissent. Et le document préparatoire évoque un « contexte de fluidité et d’incertitude jamais atteint auparavant ». Dans cette réalité, s’enraciner, faire des choix, s’engager dans la durée n’est pas simple. Beaucoup de jeunes se demandent « Comment choisir sans se tromper ? Quel cap pour ma vie ? ». D’où leur besoin de repères et de guides pour apprendre à discerner et prendre les bonnes décisions. Les deux mots-clés du Pape François pour l’Eglise aujourd’hui sont le discernement et l’accompagnement. C’était déjà très présent dans les deux synodes sur la famille et l’exhortation apostolique Amoris Laetitia. On voit bien cette ligne qui se dessine pour répondre à la soif spirituelle de nos contemporains, à leur manière de vivre leur foi dans une culture post-moderne numérique qui met de plus en plus l’accent sur l’individu subjectif qui construit son identité par expérimentation plus que par reproduction. C’est en accueillant chacun tel qu’il est, là où il en est, avec bienveillance et sans jugement, pour l’accompagner sur son chemin de vie et de foi à la manière du Christ que l’Eglise, telle « un hôpital de campagne » peut déployer la joie de l’Evangile. Et aider chacun à discerner sa vocation, c’est-à-dire ce qui va le rendre heureux en rendant les autres heureux ou encore trouver sa place dans la société et dans l’Eglise en répondant à l’appel singulier du Christ pour lui.
Pendant que vous préparez l’échéance activement en France, que se passe-t-il à Rome? 
Rome a publié le mois dernier la prière officielle du Pape François pour le Synode 2018 qui invite les jeunes à cheminer avec l’apôtre Jean, le disciple bien-aimé et figure exemplaire du jeune qui choisit de suivre Jésus. Cette prière, d’ores et déjà disponible en ligne, est appelée à être largement diffusée partout en France sous forme d’image-prière http://www.jeunes-vocations.catholique.fr/actualites/synode-2018-la-priere-du-pape-francois-pour-les-jeunes.html
Par ailleurs, plusieurs rencontres internationales marquent le chemin de préparation du synode. Depuis Vatican II qui a établi en 1965 le synode des évêques comme une institution permanente, existe la secrétairerie générale pour le synode, une équipe actuellement sous la responsabilité du Cardinal Baldisseri. En avril dernier, ils ont organisé une rencontre internationale de préparation du synode qui pendant deux jours, a réuni les représentants d’une centaine de pays et d’une cinquantaine de mouvements internationaux. Chaque conférence épiscopale devait envoyer deux délégués : le responsable national de la pastorale des jeunes et un jeune entre 18 et 28 ans. J’ai ainsi eu la chance d’y participer avec un jeune, Charles Callens qui travaille avec moi au SNEJV. Nous avons travaillé et échangé sur le document préparatoire et cela a permis à toute l’équipe du secrétariat pour le synode d’entendre les réactions de tous les continents. Ils ont vraiment le souci d’irriguer leur réflexion et leur travail par la parole du terrain. Ainsi en septembre prochain, pour poursuivre cette écoute, ils organisent toujours pour alimenter la préparation du synode, un séminaire d’études sur les conditions de vie des jeunes, avec un certain nombre d’experts et de jeunes. Ensuite à partir d’octobre, quand ils auront reçu toutes les réponses nationales à la consultation lancée par le document préparatoire, ils auront un important travail pour rédiger à partir de toutes ces remontées un autre texte, appelé Instrumentum Laboris qui devrait paraître au printemps 2018. Ce sera l’Instrument de travail pour les pères synodaux (évêques délégués des conférences épiscopales) qui servira de base aux discussions qui auront lieu pendant trois semaines lors du synode qui se déroulera à Rome en octobre 2018.
Que percevez-vous du rapport du pape et des jeunes?
On sent que les jeunes aiment beaucoup le Pape François, il leur parle et les touche particulièrement. Ce Pape, par sa manière d’être et de faire, par son langage très imagé et accessible, par sa simplicité, son authenticité et son témoignage évangélique est très proche des jeunes. Sa manière de communiquer, d’accueillir chacun et d’entrer en dialogue avec tous, est très en phase avec la culture actuelle des jeunes. Il sait les rejoindre dans leurs questions, leurs préoccupations, leurs aspirations. Comme jésuite façonné par la spiritualité ignatienne, c’est un éducateur qui a une longue expérience avec les jeunes. J’entends aussi beaucoup de la part des jeunes que l’appel à aller aux périphéries résonne particulièrement chez eux et les interpelle pour s’engager. Beaucoup de jeunes sont aussi très sensibles à l’attention portée par le Pape François – à travers son encyclique Laudato Si’ – à la dimension de l’écologie intégrale. Et puis, beaucoup de jeunes catholiques se retrouvent dans l’élan missionnaire du Pape François et son désir de faire bouger l’Eglise. Le Pape François fait vraiment confiance aux jeunes, compte sur eux, et l’Eglise est sans doute une des institutions de la société qui donne le plus de responsabilités aux jeunes.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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