Réfugiés en Grèce, à̀ Idomeni, Gabriele Casini © Save the Children

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«La bonne information peut faire tomber les murs de la peur et de l’indifférence »

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Interview (4/4)

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«La bonne information peut faire tomber les murs de la peur et de l’indifférence », estime le pape François qui souligne la responsabilité des média dans la présentation de flux migratoires. Il souligne aussi qu’une grande partie de la question est « culturelle ».
“Les libertés civiles” (“Libertà civili”): c’est le titre de la nouvelle publication bimestrielle du Ministère italien de l’Intérieur, qui s’ouvre avec une interview du pape François par le directeur de la revue, Giuseppe Sangiorgi. Le premier numéro a été présenté ce vendredi 7 avril 2017 par le ministre italien de l’Intérieur, M. Marco Minniti, au “Viminale », siège du ministère, à Rome, à deux pas de Sainte-Marie-Majeure. La revue est consacrée aux questions des droits et de l’immigration dans le contexte italien et européen actuel.
A la première question du directeur, sur ses voyages à Lampedusa et Lesbos, le pape répond en invitant les gouvernements à travailler ensemble pour éliminer « causes de la migration forcée ». Il définit ensuite la mission de la section du nouveau dicastère au « service du développement humain intégral » placée sous sa responsabilité et en charge des migrants et des réfugiés. Puis il aborde la question de l’Europe et de ses capacités à réagir positivement, dans une dynamique « bidirectionnelle ».
« Comment garder vivant ce débat, dans l’amour de la vérité, dans le monde actuel de la communication, tellement amplifié par les nouveaux médias ? », demande Giuseppe Sangiorgi.
« Les médias devraient être poussés par le devoir d’expliquer les différents aspects des migrations, en faisant connaître à l’opinion publique les causes de ce phénomène », répond le pape François.
Il explique : « La violation des droits humains, les violents conflits dans les désordres sociaux, le manque de biens de première nécessité, les catastrophes naturelles et celles qui sont causées par l’homme : tout cela doit être clairement raconté afin de permettre une juste connaissance du phénomène migratoire et, en conséquence, une approche juste. »
Il regrette que « souvent, ce sont les médias eux-mêmes qui utilisent des stéréotypes négatifs en parlant des migrants et des réfugiés » : « Que l’on pense seulement à l’emploi incorrect qu’ils font souvent des termes par lesquels ils appellent les migrants et les réfugiés. Combien de fois entend-on parler de « clandestins » comme synonyme de migrants. Cela n’est pas correct ; c’est une information qui part d’une base erronée et qui pousse l’opinion publique à élaborer un jugement négatif. Sans penser, ensuite, au sensationnalisme auquel vise une grande partie des médias d’aujourd’hui. Un fait de chronique noire fait plus de bruit que le récit d’une bonne nouvelle. Et ainsi, il est plus productif de parler de certains cas de délinquance dont l’auteur est un migrant plutôt que de raconter les nombreux cas d’intégration favorisés par les migrants eux-mêmes. »
« La bonne information, affirme le pape, peut faire tomber les murs de la peur et de l’indifférence. L’autre, celui qui est différent, effraie quand il n’est pas connu. Mais si on parle de lui et qu’on le fait entrer chez les gens, à travers les images et les histoires, présenté dans ses aspects les plus humains et les plus positifs, alors la connaissance va au-delà du stéréotype et la rencontre devient authentique. Et quand la peur est passée, les portes aussi s’ouvrent et l’accueil est spontané. »
Il rappelle son message pour l’Union européenne : « Comme je l’ai dit aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne à l’occasion du 60ème anniversaire de la signature des Traités de Rome, l’ouverture au monde requiert la capacité de dialogue comme forme de rencontre à tous les niveaux, à commencer par le dialogue entre les États membres et entres les institutions et les citoyens, jusqu’au dialogue avec les nombreux immigrés qui abordent les côtes de l’Union. On ne peut se limiter à gérer la grave crise migratoire de ces années comme s’il s’agissait uniquement d’un problème numérique, économique ou de sécurité. La question migratoire pose une question plus profonde, qui est avant tout culturelle. »
© Traduction de ZENIT, Constance Roques

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Constance Roques

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