Lidia Guerrero reçue par le pape François, 11juin 2016, L'Osservatore Romano

Lidia Guerrero reçue par le pape François, 11juin 2016, L'Osservatore Romano

Mère d’un condamné à mort argentin, elle est reçue par le pape François

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Engagement du pape contre la peine capitale

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Lidia Guerrero, mère d’un condamné à mort argentin, Víctor Hugo Saldaño, a été reçue par le pape François au Vatican, samedi matin, 11 juin 2016.
Víctor Hugo Saldaño se trouve dans le couloir de la mort dans une prison du Texas (Etats-Unis) depuis 1996: il est accusé d’avoir volé et assassiné Paul King, en 1995.
En 2002, la Cour suprême des Etats-Unis avait annulé la sentence pour discrimination raciale, obligeant le Texas à un nouveau procès valide, qui s’est tenu en 2005 et a renouvelé la condamnation à la peine capitale.
Les avocats contestent la sentence du fait que l’accusé n’était pas capable d’affronter un procès et d’assumer sa défense, du fait de la dégradation de son état mental après 9 ans dans le couloir de la mort.
La prière du pape
Lidia Guerrero a confié à la presse, au terme de son entretien avec le pape François, que le pape a promis de prier pour son fils et le portait dans son coeur et dans sa mémoire”. Le pape s’est montré dit-elle “très aimable”, l’a reçue avec “beaucoup d’amour” et l’a laissée lui dire tout ce qu’elle souhaitait exprimer. Le pape lui a fait quelques remarques sur le cas “qu’il connaissait déjà”, a-t-elle ajouté.
“Je n’ai pas de doute, a-t-elle déclaré, qu’il fera tout ce qui est possible. La situation de mon fils est désespérante, et à trois reprises il a demandé qu’on l’exécute, parce qu’il mène une vie qui ne mérite pas d’être vécue, qui est une torture psychologique.”
Un communiqué écrit précise que “Víctor est détenu depuis 20 ans. Il est suivi médicalement étant donné son état de santé: et son état de santé varié selon les doses qui lui sont administrées. Fondamentalement, sa santé mentale s’est détériorée de façon visible dans le couloir de la mort.”
Les avocats font remarquer que le taux de criminalité est le même aux Etats-Unis dans les 32 Etats qui maintiennent la peine de mort et dans les 18 qui l’on abrogée.
Le pape François a reçu en audience privée au Vatican une délégation de la Commission internationale contre la peine de mort le 20 mars 2015. Il lui a remis une lettre dans laquelle il fait observer qu’ « on ne rend pas justice en donnant la mort à un être humain ». La peine de mort, écrit le pape, « est une offense à l’inviolabilité de la vie et à la dignité de la personne humaine qui contredit le dessein de Dieu pour l’homme et la société, et sa justice miséricordieuse ». Il a été nommé “Abolitionniste de l’Année 2015”.
Un geste jubilaire
«Même un criminel garde le droit inviolable à la vie», a encore dit le pape François lors de l’angélus du dimanche 21 février, en demandant un “geste jubilaire” aux gouvernants catholiques.
Il a encouragé un congrès international intitulé « Pour un monde sans la peine de mort », organisé à Rome, lundi 22 février 2016, par la Communauté de Sant’Egidio. Il rassemblait des ministres de la justice de trente pays.
Le pape François y voyait un événement jubilaire : « Le Jubilé extraordinaire de la miséricorde est une occasion propice pour promouvoir dans le monde des formes toujours plus mures de respect de la vie et de la dignité de chaque personne. Même un criminel garde le droit inviolable à la vie, don de Dieu. »
Il en a appelé aux gouvernants, proposant un geste à ceux qui sont catholiques : « Je fais appel à la conscience des gouvernants, afin que l’on parvienne à un consensus international pour l’abolition de la peine de mort. Et je propose à ceux d’entre eux qui sont catholiques d’accomplir un geste courageux et exemplaire : qu’aucune condamnation ne soit exécutée en cette Année Sainte de la miséricorde. »
Tu ne tueras pas
« J’espère que ce symposium pourra donner un nouvel élan à l’engagement pour l’abolition de la peine capitale » a déclaré le pape avant d’ajouter : « Un signe d’espérance se manifeste dans le développement, au sein de l’opinion publique, d’une opposition de plus en plus répandue à la peine de mort, y compris seulement comme instrument de légitime défense sociale. En effet, les sociétés modernes ont la possibilité de réprimer efficacement le crime sans enlever définitivement à celui qui l’a commis la possibilité de se racheter. Le problème doit être considéré dans l’optique d’une justice pénale qui soit toujours plus conforme à la dignité de l’homme et au dessein de Dieu sur l’homme et sur la société, et aussi d’une justice pénale ouverte à l’espérance de la réinsertion dans la société. Le commandement « tu ne tueras pas » a une valeur absolue et concerne l’innocent comme le coupable. »
Le pape a aussi plaidé pour des conditions de détention dignes : « Tous les chrétiens et les hommes de bonne volonté sont appelés aujourd’hui à agir non seulement pour l’abolition de la peine de mort, mais aussi afin d’améliorer les conditions carcérales, dans le respect de la dignité humaine des personnes privées de leur liberté. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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