«En ce qui concerne la lutte contre le changement climatique et ses conséquences sur la santé, notre délégation tient à souligner la nécessité d’une plus grande volonté politique et d’un engagement fort de la part des sociétés civiles, afin de pouvoir atteindre des accords vraiment significatifs et efficaces en matière d’environnement », déclare le Saint-Siège.
Le chef de la délégation du Saint-Siège, Mgr Jean-Marie Mupendawatu, est en effet intervenu ce mercredi 25 mai, à la 69ème Assemblée mondiale de la santé, qui se tient à Genève (Suisse) du 23 au 28 mai.
Nous publions ci-dessous notre traduction intégrale de son discours.
Intervention du Saint-Siège
Monsieur le Président,
1. Notre délégation ainsi que les autres délégations désirent féliciter le Secrétariat pour le rapport sur la santé dans l’Agenda 2030 pour le Développement durable (WHA69/15) qui, entre autres choses, souligne l’engagement pour une approche multisectorielle intégrée où la santé n’est pas simplement un des divers objectifs interconnectés, mais influence et est influencée par d’autres objectifs et cibles comme partie intégrante du développement durable.
La mise en œuvre de l’ambitieux Agenda 2030 pour le Développement durable, avec ses 17 objectifs et 169 cibles associées, garantira la promotion d’un avenir durable du point de vue économique, social et environnemental pour notre planète, pour les générations actuelles et pour celles à venir. La délégation du Saint-Siège accueille positivement l’accent incontournable qui est mis sur la dignité de la personne humaine et la forte attention réservée à l’équité, exprimée par l’engagement à ce que « personne ne soit laissé en arrière’ (Cf. Résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies 70/1, paragraphe 4). Pour ce qui concerne la santé, c’est exprimé dans l’objectif 3 : « Garantir une vie saine et promouvoir le bien-être pour tous à tous les âges » qui, à son tour, comprend 13 cibles intermédiaires pour l’obtention de la couverture universelle qui est la clé pour atteindre tous les autres objectifs (WHA69/15 par. 25).
2. Selon la Déclaration des Nations Unies (UN Res/70/1 par. 5), les objectifs pour le développement durable sont « intégrés et indivisibles », dans la mesure où le progrès dans un secteur dépend du progrès dans beaucoup d’autres, et sont « de nature globale et universellement applicable » en ce qu’ils se proposent d’être d’une importance majeure pour tous les pays.
Un des défis principaux, pour le nouveau Programme, est la traduction dans la pratique du principe de base d’être « intégré et indivisible » et cela devient plus critique là où les synergies sont moins directes, comme dans le lien entre le changement climatique et la diffusion des maladies à transmission vectorielle. En ce qui concerne la lutte contre le changement climatique et ses conséquences sur la santé, notre délégation tient à souligner la nécessité d’une plus grande volonté politique et d’un engagement fort de la part des sociétés civiles, afin de pouvoir atteindre des accords vraiment significatifs et efficaces en matière d’environnement. Souvent, les négociations internationales ne parviennent pas à faire de progrès importants à cause des prises de position adoptées par des pays qui font passer leurs propres intérêts nationaux avant le bien commun mondial.
Dans sa récente Lettre encyclique ‘Laudato si’ sur le soin de la maison commune, le pape François nous rappelle l’exigence de penser à « un seul monde, à un projet commun ». Il observe qu’ « un monde interdépendant » nous pousse « à faire en sorte que les solutions soient proposées à partir d’une perspective mondiale et pas seulement pour défendre les intérêts de quelques pays… un consensus mondial devient indispensable pour pousser, par exemple, à programmer une agriculture durable et diversifiée, à développer des formes d’énergie renouvelable et peu polluante, à stimuler une plus grande efficacité énergétique, à promouvoir une gestion plus adaptée des ressources forestières et marines et à assurer à tous l’accès à l’eau potable » (n.164).
3. En conclusion, Monsieur le Président, dans la poursuite des objectifs rapportés par l’Agenda encore à finaliser, le Saint-Siège désire redire l’engagement des institutions de santé catholiques dans la lutte contre le sida, la tuberculose, la malaria et les maladies tropicales négligées ainsi que contre les autres maladies transmissibles. En lien avec celles-ci, le Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, avec la Nippon Foundation, a organisé un symposium sur le thème : « Pour des soins holistiques des personnes affectées par la maladie de Hansen (la lèpre, ndlt) respectueux de leur dignité », qui se tiendra à Rome les 8 et10 juin prochains et portera sur le triple défi de : réduire l’incidence de la maladie, aider les personnes qui ont été touchées par celle-ci et leurs familles et réinsérer les personnes guéries dans la société. Le symposium est organisé avec la collaboration de la Fondation Raoul Follereau, l’Ordre militaire souverain de Malte et la Fondation Sasakawa Memorial Health.
D’ici la fin de cette année et, plus précisément du 10 au 12 novembre, le Conseil pontifical pour le personnel de la santé tiendra en outre sa 31ème Conférence internationale consacrée aux maladies rares et aux maladies tropicales négligées. Y prendront part des experts et des participants venant de plus de 60 pays du monde, pour débattre précisément sur le problème des maladies négligées, en particulier celles qui touchent les personnes les plus vulnérables. Vous êtes tous invités à offrir votre précieuse contribution à cette initiative.
Merci, Monsieur le Président, et que le Seigneur vous bénisse tous.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Mgr Jean-Marie Mupendawatu, courtoisie du Saint-Siège
La santé dépend aussi des changements climatiques, fait observer le Saint-Siège
Intervention de Mgr Jean-Marie Mupendawatu (traduction intégrale)