Card. Jean-Louis Pierre Tauran - Meeting di Rimini

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Le dialogue interreligieux, chemin commun vers la vérité

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Par le card. Tauran (traduction)

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« Les années à venir verront l’Église encore plus engagée à répondre au grand défi du dialogue interreligieux », déclare le cardinal Tauran qui salue l’action du pape François notamment son initiative pour une audience interreligieuse, mercredi, 28 octobre et définit le dialogue comme un « chemin commun vers la vérité ».

L’audience générale de ce mercredi 28 octobre, sera « interreligieuse », à l’occasion du congrès organisé à Rome pour les 50 ans du la déclaration conciliaire « Nostra aetae » sur les rapports de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes, comme nous l’annoncions les 13 et 22 octobre.

Voici notre traduction des extraits publiés par L’Osservatore Romano en italien de ce mardi soir, 27 octobre.

Allocution du card. Tauran

Le concile Vatican II, en se mettant à l’écoute d’un monde en rapide changement et qui exigeait des réponses adéquates, s’est employé à ce que le témoignage de l’Évangile de Jésus arrive là où les frontières semblaient insurmontables et plus compliquées : dans le cœur des hommes et des femmes qui pratiquent d’autres religions ; et il voulut que cela se réalise de manière amicale et respectueuse. Même si, dès le IIème siècle, Justin avait parlé des « semences du Verbe » dispersées partout dans le monde, nous pouvons dire que, pour la première fois, le Magistère reconnaissait que la sainteté pouvait se trouver aussi dans les autres religions et que celles-ci pouvaient apporter « un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes » (Nostra aetate, 2).

À ce propos, permettez que le président du Conseil pour le dialogue interreligieux rappelle aussi que Paul VI avait déjà préparé l’Église et le monde à la promulgation de Nostra aetate, en instituant un Secrétariat pour les non-chrétiens, aujourd’hui le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, comme dicastère indépendant de la Curie romaine, le 19 mai 1964.

Il est notoire que la déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes (Nostra aetate) n’a pas été adoptée facilement. Elle a même failli être retirée de l’agenda, alors que c’était Jean XXIII lui-même qui l’y avait inscrite. Dans une première version, le texte abordait uniquement le thème de la responsabilité des chrétiens par rapport à la Shoah, ce qui suscita des objections pour des raisons théologiques et politiques, parce cela pouvait conduire à en exclure d’autres et, par conséquent, perdre la dimension universelle. Il fut donc élargi à d’autres groupes religieux, en particulier aux musulmans. Ces musulmans que nous sommes invités à mieux connaître et à mieux comprendre pour « protéger et promouvoir ensemble pour tous les hommes la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté » (ibid. 3).

J’aime rappeler ici les paroles de Benoît XVI à propos de Nostra aetate lorsque, en février 2013, s’adressant aux membres du clergé de Rome, il évoquait sa participation à Vatican II : « Nous ne pouvons entrer à présent dans ce thème, mais si on lit le texte, on voit qu’il est très dense et préparé vraiment par des personnes qui connaissaient les réalités, et il indique brièvement, en peu de paroles, l’essentiel. 

« Donc ces deux documents, liberté religieuse et “Nostra aetate”, unis à “Gaudium et spes”, sont une trilogie très importante, dont l’importance s’est manifestée seulement au cours des décennies qui ont suivi, et nous travaillons encore pour mieux comprendre cet ensemble entre unicité de la Révélation de Dieu, unicité de l’unique Dieu incarné dans le Christ, et la multiplicité des religions, avec lesquelles nous cherchons la paix, et aussi le cœur ouvert par la lumière de l’Esprit Saint, qui éclaire et conduit au Christ. »

Il est intéressant, à cinquante ans de distance, de relire ce document et de constater qu’il n’a rien perdu de son actualité. Il a certainement inspiré les membres de l’Église catholique à différents niveaux pour promouvoir des relations de respect et de dialogue avec des personnes d’autres religions et il continue d’être un point de référence solide pour ces relations. Je note, en passant, que peu de décrets du concile se révèlent aussi opportuns dans ce douloureux moment historique que nous sommes en train de vivre. Ce texte confère aux catholiques un rôle particulier en tant qu’acteurs de la réconciliation dans la situation internationale actuelle.

À ce propos, le pape François rend un service immense à la cause du dialogue interreligieux par ses gestes, ses visites et ses discours. Si c’était nécessaire, pour témoigner de ce que je dis, j’aimerais rappeler que c’est précisément le pape François qui a voulu que se tienne, Place Saint-Pierre, mercredi 28 octobre, une audience générale interreligieuse, à laquelle nous sommes tous invités à participer, et consacrée justement au cinquantième anniversaire de Nostra aetate.

Pour conclure, Nostra aetate a exhorté les chrétiens à aller à la rencontre des autres croyants, en ayant un sens clair de leur identité et dans un esprit de respect, d’estime et de collaboration. Qui s’est ainsi engagé sur la voie du dialogue interreligieux a pu découvrir l’œuvre de Dieu dans les autres religions, ces éléments de vérité et de grâce qui y sont présents et qui sont vrais et bons. Des biens précieux, tant religieux qu’humains, expressions de vérité qui illuminent tout le genre humain.

En ces temps actuels, pour de nombreux motifs obscurs et difficiles, je suis convaincu que l’objectif du dialogue entre les religions est de faire un chemin commun vers la vérité. Un chemin qui doit tenir compte de l’identité de celui qui dialogue : on ne peut pas dialoguer dans l’ambiguïté ; de l’attention à l’autre : celui qui prie et qui pense différemment de moi n’est pas un ennemi ; et de la sincérité des intentions réciproques. Il faut sans doute intensifier une coopération fructueuse avec les croyants d’autres religions sur des thèmes d’intérêt commun en vue du bien de la famille humaine et de notre maison commune.

Je crois pouvoir affirmer que les années à venir verront l’Église encore plus engagée à répondre au grand défi du dialogue interreligieux. Il est, entre autres, la condition préalable à cette paix qui est un bien indispensable pour tous et l’aspiration de tout être humain, et à laquelle toutes les religions, avec leur propre bagage religieux et humain, peuvent grandement contribuer.

© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Jean-Louis Tauran

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