Pope Francis meets youth in Asunción del Paraguay

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« Un cœur libre ! » : le rêve du pape François pour les jeunes (2/2)

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Le pape François laisse le texte préparé pour improviser un dialogue avec les jeunes d’Amérique latine. Des centaines de milliers de jeunes de différents pays: une sorte de JMJ à Asuncion.

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« Un cœur libre ! » : c’est le premier vœu du pape François pour les jeunes d’Amérique latine lors de ce que l’on pourrait appeler la « Journée mondiale de la jeunesse », la « JMJ » d’Asuncion. Il les encourage aussi à la solidarité et à travailler à rendre le monde meilleur. Le pape dialogue avec les jeunes à partir des paroles de trois d’entre eux, dont celle-ci : « Connaître Dieu est une force. » « On ne veut pas de jeunes mauviettes qui vivent fatigués », a insisté le pape.

Le pape François a rencontré les jeunes du Paraguay mais aussi d’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Chili  sur la rive du fleuve Paraguay, à « Costanera » à Asuncion, à 17h ce dimanche 12 juillet (23h à Rome).

Les jeunes étaient arrivés depuis des heures, les pieds dans la boue à cause de la pluie de ces derniers jours : c’est l’hiver, en dépit des 24°C.

Le témoignage de Manuel, exploité

Après avoir rebondi sur la demande du jeune Orlando qui voulait prier pour que les jeunes aient “un coeur libre”, et sur le témoignage de Liz, infirmière de 25 ans, sur la « solidarité » en famille, le pape a rebondi sur celui de Manuel, 18 ans, « exploité », « maltraité », « seul ».

Le pape a résumé ainsi le témoignage de Manuel : « La vie n’a pas fait de cadeaux à Manuel. Manuel n’est pas un bon gamin: ce n’est pas un gamin, il n’a pas été un gamin, un enfant, un adolescent qui a eu une vie facile. Il a dit des paroles dures. Il a été exploité. Il a été maltraité. Au risque de tomber dans des dépendances. Il a été seul. Exploitation, mauvais traitements et solitude. Et au lieu de sortir faire des bêtises, au lieu d’aller voler, il est allé travailler. Au lieu de sortir se venger de la vie, il a regardé en avant. »

Et voici ce que le pape a retenu de ce témoignage : « Manuel a employé une belle phrase. Il a pu aller de l’avant alors que dans les situations dans lesquelles il se trouvait c’était difficile de parler d’avenir. Combien de jeunes, vous, aujourd’hui, ont la possibilité d’étudier, de s’assoir à table en famille tous les jours, ont la possibilité de ne pas manquer de l’essentiel ? Combien d’entre vous ont ceci ? Tous ensemble, que ceux qui ont cela disent : « Merci Seigneur ! Merci parce qu’ici nous avons eu le témoignage d’un jeune qui depuis l’enfance a su qu’il y avait la douleur, la tristesse, qui a été exploité, maltraité, qui n’avait pas de quoi manger, qui était seul. Seigneur, sauve ces enfants qui se trouvent dans cette situation. Et pour nous, Seigneur, merci, merci Seigneur. » Tous : « Merci Seigneur !». »

Solidarité entre jeunes

Le pape demande aux jeunes d’être proches des autres jeunes en difficulté : « La liberté du cœur, vous vous souvenez ? La liberté du coeur, ce que Orlando nous disait. Service, solidarité, ce que Liz disait. Et espérance, travail, lutter pour la vie. Aller de l’avant comme le disait Manuel. Comme vous le voyez, la vie n’est pas facile pour beaucoup de jeunes et cela, je veux que vous le compreniez, que vous le mettiez bien dans la tête. Si ma vie à moi est relativement facile, il y a d’autres jeunes pour lesquels elle n’est relativement pas facile. Plus encore, le désespoir les pousse à la délinquance,  les pousse au délit, les pousse à collaborer avec la corruption. A ces jeunes, nous devons dire que nous sommes proches, que nous voulons les aider, que nous voulons les aider avec solidarité, avec amour, avec espérance. »

« J’ai connu Dieu, ma force »

« Il y a deux phrases qu’on dite ceux qui ont parlé : Liz et Manuel. Deux belles phrases : écoutez-les. Liz a dit qu’elle a commencé à connaître Jésus, à connaître Jésus : cela, c’est ouvrir la porte à l’espérance. Et Manuel a dit : « J’ai connu Dieu, ma force ». Connaître Dieu est une force. Connaître Dieu, se rapprocher de Jésus est espérance et force. Et c’est ce dont on a besoin pour les jeunes aujourd’hui : des jeunes avec espérance et force. On ne veut pas de jeunes mauviettes,  des jeunes qui sont là et rien de plus, ni oui, ni non. On ne veut pas de jeunes qui se fatiguent rapidement et qui vivent fatigués, avec des visages ennuyés. On veut des jeunes forts, des jeunes avec de l’espérance et de la force. Pourquoi ? Parce qu’ils connaissent Jésus, parce qu’ils connaissent Dieu. Parce qu’ils ont un cœur libre. Un cœur libre, répétez ! Solidarité, travail, espérance, effort, connaître Jésus, connaître Dieu ma force. »

Le pape interroge : « Un jeune qui vit ainsi a un visage ennuyé ? » « Nooon ! » répondent les jeunes. « Il a un cœur triste ? » « Nooon ! » « Voilà le chemin ! », s’exclame le pape.

Le chemin des Béatitudes

Puis il ne cache pas les exigences de ce chemin, selon le programme des Béatitudes : « Pour cela il faut des sacrifices. Il faut aller à contre-courant. Les Béatitudes que l’on a lues auparavant, sont le plan de Jésus pour nous. Le plan, ce plan à contre-courant. Jésus vous dit : « Heureux qui a un coeur de pauvre. » Il ne dit pas « Heureux les riches, ceux qui accumulent l’argent. » Non, ceux qui ont une âme de pauvre, qui sont capables de s’approcher et de comprendre ce qu’est un pauvre.  Jésus ne dit pas « Heureux ceux qui s’amusent, mais il dit heureux ceux qui ont la capacité de s’affliger de la douleur des autres. Et ainsi, je vous recommande de lire les Béatitudes, ensuite, à la maison : elles sont au chapitre 5 de saint Matthieu. »

« Dans quel chapitre ? » « Cinq ! » répondent les jeunes. « De quel Evangile ? » « Saint Matthieu ! » hurlent les jeunes. « Lisez-le et méditez-le, cela vous fera du bien ! »

Puis il revient vers les deux témoins : « Je te remercie

Liz, qui est par là, je crois, la voilà. Je te remercie  Manuel – où est-ce que tu es ?-. Et je te remercie Orlando. Avoir un cœur libre, c’est ce que je vous souhaite. Et je dois partir. » « Noon ! » protestent les jeunes.

Mettez la pagaille, et organisez-la !

Le pape veut ajouter quelque chose, dans la ligne de ce qu’il a dit aux jeunes d’Argentine, en 2013, à la JMJ de Rio : « L’autre jour, un prêtre m’a dit en plaisantant : « Oui, vous, vous continuez de conseiller aux jeunes qu’ils « mettent la pagaille ». Continuez, continuez, mais ensuite, « la pagaille que mettent les jeunes », c’est nous qui devons le canaliser. » Mettez la pagaille, mais aidez aussi à la canaliser et à organiser la pagaille que vous mettez. N’est-ce pas ? Les deux ! Mettez la pagaille et organisez-la bien ! Une pagaille qui donne un cœur libre, qui nous donne solidarité, qui nous donne espérance, qui naisse du fait d’avoir connu Jésus et de savoir que Dieu, que tu connais, est ta force. Voilà la pagaille qu’il faut mettre ! »

Et puis le pape a évoqué l’autre discours, qu’il avait préparé : « Comme je connaissais vos questions parce qu’on me les avait communiquées auparavant, j’avais écrit pour vous un discours, pour vous le donner. Mais les discours sont ennuyeux, donc je l’ai laissé à Monseigneur l’évêque chargé de la jeunesse pour qu’il le publie. »

Et puis il donne ses dernières consignes : « Et maintenant, avant de partir, je vous demande en premier de continuer à prier pour moi. Deuxièmement, que vous continuiez à mettre la pagaille. Troisièmement, que vous aidiez à organiser la pagaille que vous mettez, pour qu’elle ne détruise rien. Et maintenant, tous
ensemble, en silence, nous allons élever notre cœur vers Dieu, chacun. »

Une école de prière

Le pape commence cette prière en invitant les jeunes à la murmurer après lui : « Seigneur Jésus… Chacun, depuis votre cœur, à voix basse, répétez ces paroles : « Seigneur Jésus, je te remercie d’être ici, je te remercie parce que tu m’a donné des frères comme Liz, Manuel et Orlando. Je te remercie parce que tu m’as donné beaucoup de frères qui sont comme eux, qui t’ont rencontré, Jésus, qui savent que toi, leur Dieu, tu es leur force. Jésus, je te prie pour les jeunes qui ne savent pas que tu es leur force et qui ont peur de vivre, peur d’être heureux, peur de rêver. Jésus enseigne-nous à rêver. A rêver des choses grandes, belles, même si elles semblent quotidiennes, ce sont des choses qui agrandissent le cœur. Seigneur Jésus, donne-nous de la force, donne-nous un cœur libre, donne-nous l’espérance, donne-nous l’amour, enseigne-nous à servir. Amen. »

Puis le pape a fait une dernière demande aux jeunes : « Je vais vous donner la bénédiction, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi et de prier pour tant de jeunes qui n’ont pas la grâce que vous avez d’avoir connu Jésus qui vous donne l’espérance, vous donne un cœur libre et vous rend forts.

Que le Dieu tout-puissant vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. »

Traduction de Zenit, Anita Bourdin

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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