Cardinal Pietro Parolin © ZENIT - HSM

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Le pape François à Sarajevo, par le card. Parolin

Le cardinal Secrétaire d’Etat précise au micro de Radio Vatican les enjeux du voyage du pape François à Sarajevo: fortifier les catholiques, consolider la paix, en Bosnie, mais aussi dans le monde, le dialogue interreligieux et l’oecuménisme.

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Le voyage du pape  François à Sarajevo est source d’espérance pour la cohabitation pacifique en Bosnie-Herzégovine, et pour les autres régions en proie à des conflits internes, explique le cardinal Parolin.

« La paix soit avec vous » : c’est le thème du huitième voyage apostolique international du pape François qui se rend à Sarajevo samedi prochain, 6 juin.

Le pape vient encourager les catholiques de Bosnie-Herzégovine et apporter un message de paix et de réconciliation, comme le rappelle le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin au micro de Radio Vatican en italien.

« Nous espérons, confie-t-il, que ce voyage du pape non seulement contribuera au bien et à l’amélioration de la situation dans ce pays, mais que ce sera aussi une invitation adressée à tous les hommes et à tous les pays à retrouver les raisons de la paix, de la réconciliation et du progrès humain, spirituel et matériel. »

Qu’est-ce que le pape François attend de cette journée à Sarajevo ?

Card. Parolin – Il désire avant tout encourager les fidèles catholiques qui vivent en Bosnie-Herzégovine ; et ensuite, susciter des ferments de bien sur cette terre et promouvoir tout ce qui favorise l’amitié, la fraternité et le dialogue interreligieux entre les différentes composantes du pays ; et enfin la paix. Il est intéressant de noter – je m’arrête un peu sur ce point – que ces thèmes sont repris à la fois dans le logo et dans la devise de ce voyage. Sur le logo, nous voyons une colombe qui tient dans le bec le rameau de la paix ; et puis il y a la croix avec, à l’intérieur, un triangle qui rappelle, de façon stylisée, les frontières de la Bosnie ; les couleurs sont celles du drapeau du pays. Et enfin, il y a aussi une évocation de la communauté catholique qui est composée en majorité de Croates. Et la devise : « La paix soit avec vous » est la salutation de Jésus ressuscité à ses apôtres. Le pape va dans cette ville, que saint Jean-Paul II a définie comme la « Jérusalem d’Europe », en pèlerin du dialogue et de la paix.

La Bosnie-Herzégovine a un passé marqué par la guerre et la mort. Mais quel est aujourd’hui le visage du pays qui accueille le pape François?

On a peu tenu compte, et on en tient peu compte, des conséquences de la guerre en Bosnie-Herzégovine. Les conséquences de la guerre se sont surtout fait sentir sur la communauté catholique qui a pratiquement diminué de moitié, du début des années quatre-vingt-dix à aujourd’hui : elle est passée de 800 mille à 400 mille personnes. Désormais, dans certaines paroisses, il ne reste que quelques familles et surtout des personnes âgées. Aujourd’hui, on enregistre surtout le phénomène de l’émigration des jeunes, causée par le chômage, par le manque de travail et la recherche de perspectives meilleures dans d’autres environnements. Et il y a aussi une baisse générale de la démographie, qui touche plus particulièrement la communauté catholique. Et ensuite, une complexité de la structure politique de ce pays, qui est le fruit des Accords de Dayton, une complexité qui s’exprime dans la cohabitation de trois ethnies constitutives : celle des Bosniaques, celle des Serbes et celle des Croates et qui – au niveau des structures – se manifeste à travers la cohabitation de ces trois réalités qui sont d’une part la Fédération bosniaque, la République Srpska et le District de Brčko.

En décembre prochain on célèbrera les vingt ans de la fin de la guerre ; mais cette guerre continue encore à laisser des traces et des blessures. Mais tous attendent le pape avec une grande impatience et une grande espérance et ils sont convaincus qu’il pourra aider à faire de la Bosnie-Herzégovine une maison accueillante pour tous ses habitants.

Quelle est la situation de l’Église ?

Malgré les difficultés, l’Église continue de remplir sa mission, d’accomplir sa mission d’annonce de l’Évangile et de charité à l’égard de tous. Je crois que nous pouvons nous référer fondamentalement aux indications qui ont été données par le pape lui-même en mars dernier pendant la visite ‘ad Limina’ des évêques de Bosnie-Herzégovine. Le pape leur a surtout dit : « Aidez les pauvres,  aidez les faibles, mettez en œuvre tout ce qui est possible pour que les gens, surtout les jeunes, ne quittent pas le pays, restent dans le pays ; par conséquent, il faut créer les conditions de travail, surtout, et de sécurité sociale pour qu’ils trouvent un présent et surtout un avenir. Et puis, soyez présents dans la société : soyez présents dans la société avec la fraîcheur de l’Évangile ». Et donc, toujours une plus grande attention aux jeunes, une attention aux prêtres… en somme, une Église qui soit un ferment vivant dans la société, même si c’est une société complexe et, par certains côtés, difficile.

C’est un voyage à l’enseigne de la paix et de la cohabitation entre les peuples. Mais dans le monde les conflits à prétexte religieux continuent : quelle est la racine du problème ? Il existe des solutions?

En ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, je voudrais souligner un autre aspect qui me paraît d’une grande importance, et qui est la nécessité de réaliser une égalité concrète entre tous les citoyens et entre toutes les couches sociales, culturelles et politiques qui composent le pays, de telle sorte que tous se sentent citoyens de plein droit, avec leur identité spécifique, indépendamment de leur nombre. Je crois que ceci est une condition, en ce qui concerne la Bosnie-Herzégovine, qui pourra certainement aider à la paix. Et ceci, naturellement avec l’aide de la communauté internationale qui est présente dans le pays au niveau d’organisations internationales, pourra favoriser les aspirations naturelles de la Bosnie-Herzégovine à s’intégrer dans l’Union européenne. En ce sens, elle pourrait devenir un exemple pour toutes les situations qui existent aujourd’hui à travers le monde et où l’on ne réussit pas à conjuguer et à accepter les diversités, ce qui devient un motif de conflit et de dispute et d’opposition, au lieu d’être une richesse mutuelle.

Nous espérons donc que ce voyage du pape non seulement contribuera au bien et à l’amélioration de la situation dans ce pays, mais que ce sera aussi une invitation adressée à tous les hommes et à tous les pays à retrouver les raisons de la paix, de la réconciliation et du progrès humain, spirituel et matériel.

© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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