Le professeur Carriquiry a été directeur du Centre des communications sociales de l’épiscopat uruguayen. Depuis 1971 il travaille pour le Saint-Siège, où il a été d’abord chef de bureau puis sous-secrétaire au Conseil pontifical pour les laïcs.
Zenit s’est entretenu avec lui à l’occasion de la conférence « La communion de l’Église : mémoire et espérance pour Haïti, cinq ans après le séisme », organisée à Rome le 10 janvier 2015.
Le prof. Carriquiry a rappelé que le pape « souhaitait intensément cette journée de communion et de solidarité avec l’Église et le peuple d’Haïti », dévasté en janvier 2010 par un tremblement de terre qui a fait plus de 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 million de sans-abris.
Il s’agissait par cette rencontre de « réunir toutes les institutions internationales, communautés religieuses, associations, conférences épiscopales, dicastères de la curie romaine, pour faire le point sur le processus de reconstruction matérielle et spirituelle, car la reconstruction commence par la personne » : « L’objectif est de surmonter les problèmes par la paix et le développement ».
En rencontrant les participants, le pape a souligné que « la charité est la vie intime de l’Église et elle se manifeste dans la communion ecclésiale ». Pour le pape, a expliqué Guzmán Carriquiry, le mot « charité » n’est pas qu’un mot, mais « un témoignage authentique et cohérent » : « Quand il dit ‘ je veux une Église pauvre au service des pauvres’, il parle très sérieusement ».
L’amour du pape pour les pauvres est « un amour préférentiel qui dépasse toutes les dérives idéologiques qui ont agité l’Église latino-américaine… Il a toujours été comme ça. En relisant les livres et les témoignages d’amis en Argentine, les récits de ses maîtres et des novices qui l’ont eu comme formateur, dans la communauté jésuite de Buenos Aires, tous soulignent cette manière de faire. Une discipline austère, un mode de vie sobre et humble », a-t-il précisé.
« Le cardinal Bergoglio a toujours manifesté une grande attention pastorale pour les périphéries, les quartiers pauvres où règne la misère. Il les fréquentait régulièrement, s’y rendait en autobus, parcourait les rues, entrait dans les maisons, saluait et bénissait, aidait et partageait les souffrances, priait, célébrait la messe. Il était aussi proche des prêtres qu’il avait formés et envoyés dans ces lieux », a poursuivi Guzmán Carriquiry.
« Quand il parle de « culture de la rencontre », il ne le fait pas de manière académique ou rhétorique, il ne regarde pas le pauvre comme une figure idéologisée, ou comme une donnée sortie de statistiques, il a une idée très concrète et vraie des difficultés de la vie, en particulier des pauvres, dont il connaît les souffrances et vers lesquels il va pour les toucher et soigner leurs plaies. »
« Sa façon d’étreindre les pauvres, de les toucher, de leur parler, émeut beaucoup de gens. Sa participation est totale, il met en jeu sa personne, partage jusqu’au fond joies et douleurs : Ses propos ne sont pas un discours mais un engagement personnel », a-t-il insisté.
Traduction de Zenit